Foule dense pour l’avant-première du film des Chevaliers du Fiel : « Le municipaux, ces héros », au six n’Etoiles de Six-Fours.
Il faut dire que depuis quelques années, s’il y a des humoristes qui remplissent les plus grandes salles, ce sont bien Eric Carrière et Francis Ginibre, le duo infernal composant les Chevaliers du Fiel.
Avec leur accent chantant qu’ils ont pris du côté de Toulouse, ils ont imposés leurs personnages de municipaux au fil des ans, faisant crouler de rires un public très large… les municipaux eux-mêmes qui, quoiqu’on dise, on de l’humour !
Les voici donc dans un film très attendu « Les municipaux, ces héros », écrit par Eric qui a aussi signé la musique, réalisé par les deux énergumènes qui se sont entourés de quelques pointures du rire : Marthe Villalonga, Annie Gregorio, Sophie Mounicot, Eric Delcourt, Lionel Abelanski, Bruno Lochet, l’un des inénarrables Deschiens et même l’ami toulonnais Yves Pujol.
Oui mais voilà : un spectacle de duos d’humoristes ne fait pas un film. Du moins, s’il le fait… ça ne le fait pas !
Avouons-le, ce film est une pantalonnade faite de bric et de broc, une suite de sketches quelque peu éculés, entrecoupées de situations totalement iconoclastes. Ce n’est même plus de la caricature, ça va au-delà et à la fin, ce n’est même plus drôle.
On est totalement en « absurdie » comme dirait Michel Sardou et j’avoue que, ayant adoré leurs spectacles et y ayant beaucoup ri, ayant rencontré ces deux comiques au demeurant fort sympathiques, au cinéma, ça ne passe pas, tellement les situations sont outrancières. N’est pas Laurel et Hardy qui veut !
Heureusement que, sur leur demande, nous n’avons pas eu de projection de presse car ils voulaient qu’on voit le film avec le public. Je l’ai donc vu après notre rencontre et j’en suis heureux tant j’aurais eu de mal à leur dire que j’avais aimé. D’ailleurs je n’aurais pas pu !
Nous nous sommes donc rencontrés entre deux portes car leur promo était vraiment la course à l’échalote et que le temps nous était compté.
« Le film – nous explique Eric – a été tourné à Port Vendre, qui est un magnifique petit port dont on ne parle pas assez. Nous avons royalement été reçus par le maire qui nous a avec humour, prêté ses… employés municipaux, tant pour nous aider que pour faire de la figuration. Ce qui prouve qu’ils ne nous en veulent pas !
– De toutes manières – ajoute Francis – ce que nous écrivons sur eux, ce n’est jamais méchant et c’est tombé sur eux mais nous aurions pu prendre n’importe quelle autre administration, on aurait pu écrire la même chose !
– Oui, ce n’est pas une critique puisque, finalement, ce sont des travailleurs comme les autres. Le seul problème c’est que eux, il travaillent toujours debout et lorsqu’il s’assoient, ça se voit !
Comment s’est passé le tournage ?
Francis : Sous le soleil durant sept semaines, dans une bonne humeur communicative entre les 80 techniciens qui travaillaient autour de nous, les fameux municipaux et la bande de joyeux comédiens que nous avons choisis.
Justement, comment les avez-vous choisis ?
Eric : Par affinités. Ce sont tous des copains et le seul critère étaient qu’ils veuillent bien entrer dans notre univers, ce qu’ils ont fait je crois avec une apparente facilité. Il fallait bien sûr qu’ils correspondent à nos personnages. Mais lorsqu’on on a besoin de quelqu’un qui est sans cesse bourré, on pense aussitôt à Bruno Lochet qui a déjà le physique de l’emploi !!!
Eric, comment écrire un tel scénario ?
Tout comme lorsque j’écris les sketches : en observant, en regardant, en écoutant ce qui se passe autour de nous… C’est souvent du vécu, sinon par moi mais par d’autres que je rencontre au hasard. Tous les jours j’entends et vis des trucs exceptionnels qui peuvent faire l’objet d’un sketch. Par exemple, un matin, je vois arriver un municipal avec une balayeuse toute neuve qui roule à deux à l’heure. Je ne sais comment il a fait mais à la suite d’une fausse manœuvre, elle tombe à l’eau.
Lorsque le maire lui demande où elle est, paniqué il répond : « On nous l’a volée ».
Surprise du maire qui ne comprend pas qu’il n’ait poursuivi le voleur qui roulait à 2 l’heure… Et autre surprise quand, de sa fenêtre, il voit la balayeuse sortir de l’eau au bout d’une grue !
Du coup j’ai incorporé l’histoire dans le film !
Pour d’autres trucs, on les retrouvera dans un spectacle car je note tout.
Justement, l’avenir c’est le cinéma ou le théâtre ?
Francis : Ça dépendra du public et… du fric que le film engrangera, s’il en engrange !
Ce dépend des envies et des propositions de producteurs. Faire un film, entre l’écriture et sa sortie, c’est un travail de longue haleine. On doit se projeter, arrêter de jouer au théâtre. C’est difficile à mettre en place.
Là, on prépare un nouveau spectacle. Ça va prendre du temps, s’il marche on va le jouer longtemps et pendant ce temps, on ne peut pas tourner.
On peut parler de ce nouveau spectacle ?
Eric : Oui, il s’intitulera « Camping-car for ever ».* C’est l’histoire d’un couple qui part en vacances au Mont St Michel. Il arrive tôt le matin pour installer le véhicule à la meilleure place afin d’avoir au matin la plus belle vue du Mot St Michel. Mais durant la nuit, un autre camping-car vient juste s’installer devant eux !
Donc, on ne pleurera pas ?
Certainement pas, nous disent-ils en cœur et en rigolant !
Jacques Brachet
* « Camping-car for ever »
– Mercredi 23, jeudi 24 janvier 20h30, le Silo, Marseille
– Vendredi 25 janvier 20h30, Zénith-Oméga, Toulon