OLDELAF revient avec humour, tendresse et lucidité

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Beau chanteur, trublion génial, humoriste impertinent, Oldelaf nous réserve toujours de sympathiques surprises, que ce soit en disques ou en spectacles.
Le revoici, le revoilà avec un nouvel album tout simplement intitulé « Goliath » (Je manhe -Verycords)
Un album d’abord très musical car les mélodies, sont efficaces et les orchestrations et les arrangements sonnent bien. Les chansons, comme toujours tout en simplicité et faciles à retenir et sont signées Olivier Delafosse pour la plupart. Olivier Delafosse étant son nom dont il a tiré son nom d’artiste
On y retrouve tout ce qu’on aime chez cet artiste original qui sait manier la langue française avec humour et poésie, quelquefois en décalage et jeux de mots subtils.
L’humour c’est « Elle dit », conversation entre elle et lui quelque peu iconoclaste. C’est aussi « L’amour à l’hôtel Ibis », où il emmène ses conquêtes entre 13h et 13h10, entre un avion et une réunion. « On pourrait »… faire l’amour, pourquoi pas ? juste pour essayer, pour voir si sa fonctionne. « Le crépi » où il s’en prend au mec qui a inventé cette matière moche et inutile qui vous pique et vous râpe quand vous vous y appuyez et qu’on a un mal fou à décoller du mur.
« Et si » qui parle de ces stars mortes trop tôt par hasard ou par intention… Que feraient-elles aujourd’hui ?… Car avec des si…
Moments de poésie avec « Le cœur fenouil » et toutes ces rimes en « ouil », un petit chef d’œuvre, et « Mais les enfants » avec ou sans papa, avec ou sans maman, avec deux papas ou deux mamans… l’important est qu’ils soient heureux avec des parents qui ne soient pas cons…
Bref, tout est à écouter attentivement car il y a de la justesse, que ce soit derrière l’humour ou dans l’émotion, avec un détachement feint, un recul calculé et il s’y dit beaucoup de choses car aucune parole n’est banale et toutes les chansons sont servies par de jolies mélodies.
Bravo gentil Goliath, tu as vaincu le grand public et on t’écoute avec plaisir.

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Et je le retrouve avec plaisir puisque déjà nos routes se sont croisées plusieurs fois.
Et lui qui a de l’humour et qui aime les gags il m’en sert un d’entrée, difficile à croire…
Et pourtant, à la question : « Comment vas-tu ? « , la réponse et absolument inattendue :
« Ouais, ça va… enfin, si on veut car l’ai un problème de bras et de doigt qui m’handicape, puisque je suis en pleine tournée et que je ne peux plus jouer de la guitare !
Que s’est-il passé ?
Juste avant la tournée, un médecin un peu trop zélé m’a opéra de l’épaule par erreur sans mon accord et je suis bloqué pour des mois. Et pour couronner le tout, je me suis cassé la figure sur scène… et je me suis cassé un doigt !
Du coup, quand j’arrive sur scène et que je raconte mon histoire, les gens rigolent. En attendant, j’en ai pour quatre à six mois de rééducation. C’est assez violent, c’est vraiment galère. Mais bon, j’ai le moral et je continue ma tournée, avec mon complice Alain Berthier qui a pris ma place à la guitare.
Alors parlons de ce nouveau disque « Goliath », que j’ai adoré et que tu as écrit en grande partie seul. Tu préfères créer seul ?
En général, me retrouver seul est un processus que je trouve confortable. J’ai dans ma tête des mondes que j’imagine et que je retrace sur papier. Ca vient selon l’inspiration, je suis maître du jeu, même si quelquefois la solitude pèse un peu. Dès qu’on est deux, il y a évidemment des idées supplémentaires qui viennent en plus de ce que j’ai dans la tête. il y a donc des contraintes que je n’ai pas lorsque je suis seul et peuvent naître des frustrations… même si quelquefois c’est sympa d’être à plusieurs ! Mais ce n’est pas le même travail.
Comment te vient l’inspiration ?
D’un instant vécu, d’une situation, d’un mot, d’une phrase, d’une idée… Ce sont des instants fragiles et à ce moment-là, plus rien ne compte autour de moi, la vie s’arrête et j’ai un besoin impérieux d’être seul et d’écrire. Ce ne sont pas toujours des moments qui durent longtemps mais ce sont des moments très précieux et j’oublie tout ce qui tourne autour de moi.
Tu n’as donc pas le stress de la page blanche ?
Jamais? Il m’est arrivé quelquefois de me dire : « J’arrête tout, je pars m’isoler et j’écris »… Et je peux t’assurer que je reviens sans une chansons, avec seulement… quelques kilos en plus !
Es-tu prolifique lorsque tu prépares un album ?
Pour celui-ci, j’en ai écrit 25. Après je fais le tri, je choisis celles que je considère les plus abouties, les mieux. Je mets les autres de côté en me disant que je les reprendrai un jour… ou jamais… en espérant que dans celles-ci, je ne passe pas à côté du chef d »œuvre absolu !
Je vais te parler de mes préférées : tout d’abord « Le cœur fenouil » avec toutes ces rimes en « ouil »
Que j’ai co-écrit avec Duboc et j’avoue qu’on a passé un bout de temps à les trouver, les trier, les changer. On a sacrément bossé et pas mal déliré.

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« Mais les enfants » est d’une justesse superbe et, je trouve une belle chanson d’amour et de tolérance..
Sans que ce soit une chanson engagée, ça a une petite résonance sociétale, un constat, une réalité. J’ai eu beaucoup de peine de voir cette manif pour tous et de voir des gens se battre contre le bonheur des autres. Tout ça existe et bien souvent ça marche. Alors pourquoi aller contre le fait de donner du temps, du bonheur à un enfant, de l’écouter, le guider, l’orienter, qui et quoi que l’on soit ?
« Le crépi »… je m’y suis frotté et ta chanson est tout juste une réalité !
C’est vrai qu’il y en a beaucoup dans le Midi ! C’est un vrai combat à mener contre ce revêtement, cette matière qui ne sert qu’à blesser.
« Et si »… Avec des si…
Je fais une réaction à ces gens qui disent ça. A quoi ça sert d’imaginer, d’envisager, à utiliser le conditionnel sur des choses pour lesquelles on ne peut rien faire ? Pas de retour en arrière possible, pas d’espoir, d’espérance, de supposition inutiles.
Oui, si j’étais grand, fort, super intelligent… On ne peut rien à ça, accepter ce qui s’est passé, ce que l’on est, ne pas rêver d’autres talents, profiter du don, du talent qu’on a et être heureux avec.
Qui est cet Anouk Sarrazin avec qui tu écris cette chanson si poétique « Plante des tomates » ?
C’est une petite fille de 13 ans que j’ai vue naître, la fille de mon régisseur qui vit dan une famille de musiciens et qui a déjà un talent fou. C’est un petit coup de pouce que je lui donne, une sorte de passation de pouvoir. Qu’en fera-t-elle ? Je ne sais pas, peut-être fera-t-elle autre chose, peut-être que dans quelques années elle sera plus célèbre que moi !
Aujourd’hui tu es donc en tournée… Jusqu’à quand ?
Je vais tourner pendant deux ans. Donc, à part la tournée qui me prend tout mon temps, rien d’autre en vue.
J’espère que cet album le permettra et dans deux ans j’enchaînerai sur un autre album. »

On s’est déjà donné rendez-vous, même si ce n’est pas pour tout de suite, le 30 novembre à l’Espace Julien à Marseille.
Bon vent, Oldelaf, bon courage.

Propos recueillis par Jacques brachet