Elles étaient deux Vamps : Lucienne, la naïve (Nicole Avezard) et Gisèle, le verbe haut et houspillant sans arrêt sa copine (Dominique de Lacoste).
Ensemble elles ont fait les 400 coups et puis, exit la Gisèle, partie vers une autre destination. Du coup, Lucienne a appelé sa nièce Solange (Isabelle Chenu) à la rescousse, pour avoir une compagnie dans l’appartement qu’elles partagent. Solange n’est pas « fût-fût », c’est là son moindre défaut car elle est gentille, patiente et subit les sautes d’humeur de Lucienne avec bonhomie… Chacune son tour !
Et voilà que la télé les ont sélectionnées pour participer à l’émission « Un souper plus que parfait ». Aussitôt branle-bas de combat, nos deux commères vont devenir stars, elles y croient dur comme fer et vont tout faire pour… Hélas, elle sont tournées en ridicule et, mortifiées, décident alors de changer de style, de devenir « fashion », branchées, sexy, de courir après les cocktails, les premières, les after avec un look approximatif, ce qui va vite les épuiser et les faire revenir à la case départ. Télé, célébrité, fini, juré… A moins que…
Devant une salle pleine à craquer, nos désopilantes duettistes on mis le feu, grâce à des situations surréalistes, des expressions et des tournures de phrases à la limite de la contrepèterie, un vocabulaire très approximatif qui fait mouche à tous les coups.
Savez-vous par exemple que lorsque s’accumulent les cunnilingus, c’est signe qu’on va être mouillé et que Solange va vivre une descente aux enchères en passant une nuit au garde à vous pour avoir rencontré une certaine Marie Rouanat. Que durant leur période « fashion » elles vont se retrouver dans des apéritifs divinatoires, ne vont plus savoir où donner de la bête et qu’il va falloir remettre les pendules ailleurs !
Et quelle surprise lorsque leur émission, en fait, fait un tabac et bat les records d’automat’ !
Bref ça fuse de toutes parts, ça crie, ça se bouscule, ça chante, ça danse et le french cancan final est de la haute voltige accompagné par des centaines de mains qui battent la mesure !
Et les voilà, dix minutes après, avec leur vrai visage, pour signer DVD et photos, difficiles à reconnaître !
Dans l’après-midi, j’ai eu la chance de passer un moment avec ces femmes aussi disertes, volubiles que sur scène, charmantes et non dénuées d’humour.
Parlez-moi un peu de la genèse de votre nouveau duo ?
Nicole : Ca fait déjà dix ans et trois spectacles avec la Vamp, mais avant il y a eu deux autres pièces de théâtre : « Attention, vol de dindons », un thriller et « Petites taquineries », un spectacle de sketches car je voulais faire autre chose. Ce troisième spectacle s’intitule « Vamp in the kitchen ».
Un jour, un café-théâtre m’a demandé de venir pour un soir reprendre le rôle de Lucienne. J’y suis venue avec ma copine Isabelle qui, alors, ne faisait qu’entrer et sortir en ne disant pas un mot, en ne faisant que des mimiques. Elle y jouait ma nièce un peu empruntée. Ce qui a fait hurler la salle de rire. Du coup, un producteur est venu nous proposer de continuer avec lui.
Isabelle : J’ai dit oui à condition que je parle… Et depuis, je me suis rattrapée !
Nicole : Moi aussi, du coup, je parle d’avantage puisque je n’ai plus Gisèle pour me couper la parole !
Vous vous vengez sur votre nièce en la houspillant à votre tour ?
C’est un peu ça mais pas autant que le faisait Gisèle. Je suis une gentille, moi !Et comme elle joue ma nièce, il y a des rapports différents.
Isabelle : Ce sont en fait des rapports de clowns et c’est toujours gentil et fait pour faire rire.
Alors Nicole, vous avez un drôle de parcours car vous n’auriez pas du être comédienne ?
Oui, je vous l’avoue.. Je suis docteur en mécanique des fluides ! C’est vrai, je ne plaisante pas.
Entre 7 et 12 ans, j’ai fait du théâtre pour enfants avec mes parents, puis j’ai passé mon bac. J’avais 17 ans et j’ai fait mes études tout en prenant des cours de théâtre. C’est là que j’ai rencontré Dominique de Lacoste et qu’on a eu cette idée des Vamps. Du coup, j’ai bifurqué… malgré le doctorat que j’ai réussi !
Et vous Isabelle ?
Moi c’est un peu le contraire. J’ai commencé à faire du théâtre puis je me suis dirigée vers… un doctorat de médecine ! Et moi aussi j’ai réussi et je suis gériatre !!!
J’ai passé mon bac à 17 ans et je voulais partir avec une compagnie théâtrale, ce que mes parents ont refusé. Alors j’ai fait mes études et comme Nicole, j’ai pris en parallèle des cours de théâtre. Un jour je me suis dit : « C’est plus possible » et je suis revenue au théâtre.
Votre rencontre ?
Isabelle : Aux urgences, où je travaillais et ou Nicole est venue se faire soigner ! Mais là, rien ne s’est passé. Ce n’est que quelques années plus tard, alors que je prenais des cours en Touraine, où nous habitions toutes les deux, que nous nous sommes rencontrées.
Nicole : La première fois que je l’ai vue jouer, je l’ai suppliée de venir me joindre dans l’école où je donnais des cours. J’ai tout de suite vu le potentiel comique qu’elle possédait.
Lorsque j’ai commencé à écrire, j’ai fait appel à elle pour qu’on écrive et qu’on joue ensemble.
Depuis on ne se quitte plus et on rigole !
Isabelle : Nous en sommes au troisième spectacle de « La » Vamp et non « Les » vamps comme beaucoup le croient encore !
Comment travaillez-vous ?
A quatre mains ! on a des idées, on les écrit, on les confronte, on rigole beaucoup… Par contre, souvent, le lendemain, en nous relisant… on rigole moins ! On fait des corrections, on le fait lire aux amis, à la famille, on rectifie le tir. Ca dure à peu près trois mois. Après il y a un mois de répétition et de mise en scène et on part roder le spectacle. là, on peut encore changer des choses si on voit que ça ne fait pas mouche avec le public. Selon l’actualité, on enlève des choses, on remplace. Par exemple, nous parlions de Fillon et de Johnny. Pour le premier, ça tombait à plat, pour le second, même s’il n’y avait rien de méchant sur lui, on a préféré le retirer, par respect pour lui et les fans
Nicole, on vous voit plus en Lucienne qu’en Nicole ….
Et ça m’arrange ! Je suis une femme comme les autres, qui a une vie comme les autres et du coup, on me reconnaît très peu dans la rue, sauf lorsque je fais une télé. Mais ça dure deux, trois jours, après je n’ai plus de problèmes.
Durant la tournée, est-ce que vous pensez déjà au prochain spectacle ?
Nicole : Non… sauf lorsqu’on sait qu’il va falloir s’y mettre.
Isabelle : On est comme un écolier qui se rend compte qu’il doit rendre sa rédaction le lendemain ! Alors on commence à cogiter.
Nicole : Et c’est là qu’on sait qu’il va falloir s’arrêter de jouer. A partir de là, on est en alerte. Alors on s’arrête, comme on va bientôt le faire et pendant six mois on s’enferme pour travailler.
C’est quoi le top départ ?
Nicole : Lorsqu’on a donné le résumé et le titre du prochain spectacle à notre producteur ! Alors on sait qu’il faut y aller.
Le producteur n’attend pas que vous ayez écrit ?
(Elle rit). Non, il nous fait confiance et alors nous avons toute liberté d’écrire, tout en sachant qu’il y a une date au bout !
Qu’avez-vous pensé lorsque que vous avez découvert »Les Bodin’s » avec un personnage qui ressemblait aux Vamps ?
En moins bien, avouez ! On a d’autant plus rigolé que ce sont à la fois des amis et des voisins et surtout, que ce sont deux humours différents. Eux, c’est un amour campagnard, nous un humour plus urbain, même si c’est une ville de province.
Chacun va voir les spectacle de l’autre, on se croise quelquefois en tournée, on en profite pour manger ensemble.
Ils méritent leur succès car leur spectacle est formidable. Et à côté de nous, c’est une super-production.
S’ils passent par là, allez les voir ! »
Propos recueillis par Jacques Brachet