Toulon
Camélia Jordana – Yvan Attal : Rencontre… avec brio !

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Dimitri Rassam, producteur – Camélia Jordana – Yvan Attal

Pierre Mzard (Daniel Auteuil) est un professeur cynique, provocateur, qui aime avoir une tête de Turc pour l’humilier.
Le premier jour de l’année, il tombe sur Neila Salah, petite beurette apprentie avocate (Camélia Jordana) qui le malheur d’arriver en retard et lui tient des propos racistes, au grand dam de tout un amphithéâtre.
Il va tellement loin dans ses propos qu’il est traduit en conseil de discipline.
Pour sauver sa tête, on lui met un marché en main : s’occuper de Neila et l’emmener à la finale du concours d’éloquence.
C’est donc une confrontation entre deux sexes, deux générations, deux cultures entre deux personnalités bien trempées dont les réparties fusent dans des dialogues percutants et brillants.
Deux magnifiques comédiens : Daniel Auteuil, égal à lui-même, impressionnant, à la fois sobre dans son jeu, empreint d’une vérité qui fait mouche et qui joue les méchants avec un minimum de jeu et une grande efficacité. A ses côtés, une révélation : Camélia Jordana, qui ne dépareille pas à ses côtés, époustouflante de vérité, de naturel face à ce géant.
Yvan Attal, pour une fois « rien que réalisateur », tient ce film à bout de bras, toujours sur le fil entre drame et comédie, abordant de graves sujets d’actualité comme l’acceptation de l’autre, le racisme, le duel entre les nantis et les banlieusards, sans jamais s’appesantir, sans cliché attendu. Mais aussi, le sujet du film, een filigrane est la transmission.
Un film remarquablement maîtrisé.

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Et une joie de rencontrer notre varoise Camélia Jordana et Yvan Attal venus présenter le film, intitulé « Le brio » au Pathé Liberté. Film qui sortira le 22 novembre
Camélia, heureuse d’être chez vous ?
Le hasard fait que notre première date de promo du film se passe ici. C’est trop chouette et très émouvant pour moi. Je suis heureuse et j’ai hâte de voir les réactions de ma famille, de mes copains qui seront tous là. Et ça va être le premier échange avec le public.
Yvan, c’est important de rencontrer le public ?
Je dirais essentiel. Il faut montrer un film lorsqu’il est terminé, on le fait pour ça.
La tournée-promo, ce sont des projections test car en fait, le meilleur ambassadeur du film reste… le film !
Comment votre rencontre s’est-elle faite ?
Yvan :
Le plus simplement du monde, Camélia ayant passé un casting comme d’autres. Mais lorsqu’elle est entrée dans le bureau, j’ai aussitôt su que ce serait elle. Déjà elle avait l’esprit du film. En la voyant, j’ai aussitôt pensé à Madonna dans ‘Recherche Suzanne désespérément ». Ca a tout de suite été une évidence, artistiquement et humainement.
Camélia : J’avoue que j’étais très excitée par ma première rencontre avec Yvan. Je connaissais et j’aimais son travail et j’avais très envie de travailler avec lui. Notre rencontre a été humainement immédiate pour moi aussi. Il m’a tout de suite semblé que je retrouvais un vieux copain. Et le tournage a encore resserré notre complicité.
Et avec Daniel Auteuil ?
Ça a aussi été très vite une évidence, le moment d’émotion passé car nous avons eu aussitôt un rapport très doux. Il a tout de suite et toujours été bienveillant, généreux, tout en étant peu démonstratif. Mais un regard, un sourire suffisaient.
Yvan : Dans la mesure où j’avais d’abord engagé Daniel, je voulais lui faire rencontrer Camélia, tout en étant persuadé qu’entre eux ça collerait. Ce qui a été le cas, d’autant qu’il aimait ce qu’il connaissait d’elle.

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Camélia, qu’est-ce qui vous a séduite dans ce rôle ?
J’ai été séduite par le caractère de Neila. J’aime sa force, sa ténacité, son envie de se battre et de s’en sortir . Le film raconte beaucoup de choses, au-delà des mots, du langage, de l’éloquence qui sont pour Neila des armes pour arriver à atteindre son but, être avocate.
Yvan : Neila vient de la banlieue et je sais ce que c’est puisque je viens de Créteil. Mais je ne voulais pas traiter de la banlieue, déjà trop de films ont été faits sur ce sujet, trop de clichés. Je voulais juste situer d’où elle vient. Par moments, j’ai eu l’impression que Neila, c’était moi car nous avons beaucoup de points communs.
Ces deux personnages terriblement différents ont quand même un point commun : les à-priori sur l’autre.
Camélia :
C’est ce qui est intéressant car dès le premier jour ils s’affrontent et par la force des choses ils vont apprendre à se connaître. Peu à peu, chacun va faire un pas vers l’autre.
Yvan : En fait, on ne sait pas grand chose de ce professeur. On comprend qu’il traîne quelque chose qui peut expliquer sa misanthropie. Aussi, il s’en prend à tout le monde, il est arrogant, provocateur mais pas raciste car il se comporte ainsi avec tout le monde.
Camélia : Au fond, c’est quelqu’un de solitaire et malheureux.
Yvan, vous avez aimé le scénario que vous ont proposé Victor Saint-Macary et Yaël Langman, cependant, vous l’avez profondément remanié !
Je voulais aller à l’essentiel, j’ai voulu me débarrasser de tous les chichés pour aller à l’essentiel. J’ai donc travaillé avec eux car il n’était nullement question de tout changer mais de faire un film plus personnel. Il n’y a pas eu d’ego entre nous, ce qui comptait, c’était de faire le film. Il est même à la fin venu se joindre un quatrième auteur, Noé Debré qui a peaufiné le scénario.
Camélia, avec ce film, le cinéma va-t-il prendre le pas sur la musique ?
Pas du tout car la musique reste essentielle à ma vie et aujourd’hui, j’ai besoin des deux. J’ai d’ailleurs enregistré un EP qui sort ce mois-ci. Je prépare un album avec Laurent Bardainne « Lost » qui devrait sortir en février. En attendant sa sortie, je m’amuse à réaliser des clips et je ferai le Casino de Paris. Dès l’enfance, la musique a été mon hobby. Je chantais à l’école mais n’avais alors à aucun moment envisagé d’en faire un métier car je ne pensais pas que c’était un art dont on pouvait vivre ! En 2009, à 16 ans, grâce à l’émission « Nouvelle Star », tout s’est accéléré et c’est devenu mon métier. Mais j’ai toujours dit à mon manager que je voulais aussi être comédienne. Il m’a donc trouvé un agent et par chance, ça a très vite marché.
Et, ce qui est rare, aussi bien au cinéma qu’à la télé !
Oui c’est vrai mais je pense que cette émission a été un bonus qui a accéléré les choses. D’ailleurs, ça a été tellement rapide que je m’attendais à un accueil violent et à ma grande surprise, il n’y a eu que de la bienveillance à mon égard
Yvan : Elle a eu plus de chance que moi qui, plus jeune, rêvait d’être une star du rock’n’roll !!!

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Propos recueillis par Jacques Brachet