Quatrième « Mardi Liberté » de la saison pour une rencontre d’improvisation intitulée « The Bridge » avec le contrebassiste Barre Phillips et la danseuse Emmanuelle Pépin.
Barre phillips est l’un des grands contrebassistes d’aujourd’hui. Il a joué avec un nombre impressionnant de grands jazzmen du XX° et du XXI° siècle, et participé à de multiples expériences. Il a travaillé avec la grande danseuse Carolyn Carlson, pour le cinéma avec Jacques Rivette et Robert Kramer. Il possède un son d’une pureté de cristal, à l’archet il peut produire une sonorité proche du violoncelle. Il est aussi à l’aise dans l’improvisation qu’un poisson dans l’eau. Mais qu’on ne s’y trompe pas : derrière l’improvisation il y a des années de travail.
Emmanuelle Pépin elle aussi est parfaitement à l’aise dans l’improvisation, qu’elle a cultivée dans toutes sortes d’endroits et de contextes. Elle a déjà réalisé un spectacle avec Barre Phillips, « Carol’s Dream ». En plus de ses spectacles elle donne des conférences, enseigne, anime des ateliers, des master classes, etc…
La scène se passe dans le hall devant les caisses du théâtre. Apparaît d’abord le contrebassiste et son instrument, quelques notes et la danseuse surgit de derrière l’affiche en volume du théâtre. Tous deux sont vêtus de noir, d’une belle élégance, tous deux une présence palpable.
Emmanuelle va évoluer, suivant les impros de Barre, ou les provoquant, un peu comme le jeu du chat et de la souris. Elle est aérienne, souple, se faufile parfois comme un félin, prend des poses, se déplace corps cassé, rampe au sol, se lance dans des pirouettes, bref toute la technique de la danse moderne, parfaitement maîtrisée, est mise en œuvre, au service de l’expression. Emmanuelle va utiliser les objets du lieu, aller sur le comptoir, faire un dessin, l’offrir à une dame, jouer avec les ouvreuses, avec la porte, sortir, Barre la rejoint, ils rentrent, et c’est un tourbillon de trouvailles, de musique et de plaisir. Et l’humour de Barre, la fantaisie d’Emmanuelle, ajoutent encore à la fête.
Oui pour improviser de la sorte il faut posséder la culture de son art, savoir réagir à la seconde, et jouir d’une grande imagination.
Spectacle fascinant et roboratif, à l’issue duquel sur l’invitation de Barre, le public rejoignait le bar-buffet.
Serge Baudot
Site internet d’Emmanuelle Pépin : www.7pepiniere.com
Prochain Mardi Liberté le 8 avril: Bach & Piazzolla par le duo Intermezzo : Piano et bandonéon pour « un tango concertant toujours plus enflammé et véhément.