C’est l’un des artistes les plus doués de notre génération.
Michaël Grégorio est inclassable : chanteur ? imitateur ? comédien ?
Tout ça ensemble peut-être maisl ui pourtant ne se dit pas imitateur :
« En fait, je n’ai qu’une seule voix – me dit-il – et je n’imita pas vraiment. J’essaie de faire croire, de suggérer, mais jamais de reproduire. S’il vous trouvez une justesse d’imitation… c’est vous qui faite le travail !. Moi, je me contente de m’imprégner de l’univers des artistes plus que de leur voix, même si leur voix fait partie de leur personnalité.
Est-ce que vous ne faites que des artistes que vous aimez ?
Pas particulièrement. Lorsque je les aime, c’est peut-être plus facile mais ce n’est pas pour ça que je m’arrête là. Par contre, mon but est de les détourner, de les prendre en otage.
Avez-vous des retours de ces artistes ?
Oui mais même si certains me disent qu’ils aiment, qu’ils sont bluffés, c’est toujours en public, lors d’émissions de télé ou de radio. Donc, est-ce vraiment sincère ? Mais ça ne me préoccupe pas plus que ça.
Quand vous êtes-vous aperçu de ce don ?
J’ai commencé par faire du théâtre et là, je me suis rendu compte que je pouvais modifier ma voix qu’elle pouvait devenir un outil de travail. C’est vrai qu’au départ j’ai vu que j’avais des prédispositions mais derrière de « don », il y a beaucoup de travail.
Vous avez aussi fait du cinéma, de la télévision, ce qui est différent d’être seul en scène et d’interpréter vos propres textes…
Dans la mesure où j’ai commencé par le théâtre donc je suis habitué à dire les textes des autres et de jouer avec d’autres artistes. Mais d’une manière comme une autre, mon plaisir, vraiment, c’est de jouer… Jouer, quel beau mot pour dire qu’on travaille. J’ai toujours gardé ce rapport à l’enfance qu’est de jouer. Ce n’est pas pour rien que j’ai intitulé mon spectacle « J’ai dix ans ».
L’interprétation est le dénominateur commun de tous ces arts du spectacle et j’ai toujours du plaisir à interpréter.
Et puis, jouer un rôle me rends déjà moins responsable, même s’il y a toujours du stress. C’est confortable de se faire diriger, de ne pas être seul devant à co-écrire, à jouer, à mettre en scène. on s’investit différemment mais c’est tout aussi intéressant.
Au cinéma : « Venise sous la neige » – « Les fusillés »
Ce vendredi 29 septembre l’on va donc vous voir sur nombre d’écrans de cinéma* et découvrir votre show. Avez-vous réfléchi longtemps pour dire oui, n’avez-vous pas eu peur de perdre des spectateurs en salle, car votre tournée n’est pas finie ?
J’avoue qu’au départ j’étais quelque peu sceptique. Mais d’abord, nous devions faire une captation du spectacle pour un DVD et je me suis dit pourquoi pas ? Quand à perdre des spectateurs je ne pense pas car un film ne remplacera jamais un spectacle vivant, qu’il soit au cinéma ou sur le petit écran. Je pense que les deux sont complémentaires car la proximité de la caméra fait découvrir d’autres choses grâce à des gros plans, des mouvements, une ambiance autour de l’artiste
Certains artistes comme Dupontel, Valérie Lemercier, n’ont jamais voulu laisser de trace filmée de leurs spectacle. Vous, ça ne vous gène pas ?
Non, je peux comprendre leur façon de voir les choses mais je pense que les gens qui nous apprécient sur scène ont envie de garder un souvenir de leur soirée, de revoir un spectacle qu’ils ont aimé. Même si rien ne remplace d’être dans une sale, face à l’artiste.
Vous avez fait de la musique, du cirque… Continuez-vous ?
Oh, le cirque, ça remonte à l’enfance. J’en ai fait de la 6ème à la quatrième. Je faisais du jonglage, j’adorais ça mais je n’étais pas particulièrement doué, même si j’en ai de bons souvenirs et quelques moments de trac ! Et puis très vite, le théâtre a pris le pas.
Quant à la musique, j’en ai toujours fait, j’en fait toujours, j’ai même écrit une chanson pour un film « Dépression et des potes ». J’ai aussi écrit une chanson pour Barcella. Peut-être un jour il la sortira.
Et, comme le Luron faire un disque avec votre propre voix, vos propres chansons et les proposer à d’autres chanteurs ?
Je ne dis pas non car je passe mon temps de lire à écrire des chansons. Si certains en veulent, pourquoi pas ? Quant à moi, il y a toujours cette idée dans un coin de ma tête mais pour le moment, ce n’est pas d’actualité.
Vous regarder à l’écran pour vous améliorer, est-ce que c’est quelque chose que vous faites ?
Malheureusement, je suis bien obligé de le faire mais ce n’est pas ce que j’aime le plus. J’ai bien dû le faire pour ce film et c’est vrai que ça peut aider à s’améliorer. Il faut un certain recul et ça fait partie des outils de travail.
La tournée continue donc ?
Oui jusqu’au début de 2018. Nous terminerons par la Réunion. Après j’ai envie d’un peu me poser; de penser à d’autres projets…
Si vous aviez un mot pour définir ce que vous faites ?
Le plaisir ! C’est un moteur extraordinaire. Et quelle chance incroyable de faire ce qu’on aime, de vivre de ce qu’on aime… même si le trac est toujours là !
Propos recueillis par Jacques Brachet
*Vendredi 29 septembre – Pathé Live – La Valette – 20h