Yoann Freget : « J’ai toujours su où je voulais aller »

Le voici enfin, ce premier album de Yoann Frget, grand gagnant de l’émission « The Voice » 2013. On l’attendait et on n’est pas déçu car c’est l’une des plus belles surprises de ces derniers mois. Yoann possède une voix somptueuse avec un regard et un sourire d’ange tant il respire l’amour, la générosité, la passion de chanter. Une voix qui « vient de là haut » pour reprendre le titre d’une de ses seize chansons (ce qui est rare aujourd’hui !) de ce disque intitulé « Quelques heures avec moi », titre d’une autre de ses chansons (Mercury)..
Un disque qui ressemble vraiment à ce qu’on a écouté au fil des semaines des émissions, empreint de rythm’n blues, de soul, de gospel, musique que , dès son plus jeune âge, il a faite sienne. De beaux moments d’émotion avec « Vole », « L’équilibre », « Terre mère » ou la si biographique « Les mots qu’on ne peut pas dire » qui disent combien il a souffert de ce bégaiement durant toute son enfance. Mais aussi un disque plein d’énergie, de rythme accompagné d’un orchestre et des chœurs gospel qui donnent la couleur à ce bel opus.
Magnifique est l’artiste, aussi magnifique est l’homme à la fois simple et d’une grande gentillesse, heureux mais aussi très lucide.
Discuter avec lui est un grand plaisir car, sous une apparence timide, il sait ce qu’il veut, ce qu’il va faire, où il va…Et c’est un garçon très attachant.

freget1

« Ce bébé, Yoann, est-il né dans la joie, dans la douleur, dans le doute ?
Dans la joie mais en précisant une joie « centrée » car j’avais conscience qu’il ne fallait pas que je perde mon identité. Je ne voulais pas faire de la variété pop ou commerciale. Je voulais faire ce que j’ai voulu faire tout au long de l’émission : montrer qui je suis vraiment, sans faire de concessions, avec exigence, avec cette couleur gospel qui fait partie de moi. Je voulais qu’on retrouve ma personnalité, mes influences, mes voyages, qu’il y ait cette chaleur et cette énergie qu’on trouve dans cette musique. Je voulais que ce soit cohérent avec ce que je suis. C’est pourquoi j’ai choisi moi-même les chansons, les musiciens, je voulais vibrer émotionnellement. Et j’ai eu la chance qu’Universal me suive.

« Comment as-tu choisi ces chansons, Yoann ?
N’écrivant pas mes textes, j’ai donné les thèmes que je voulais développer tout en expliquant mon choix. J’ai été très présent car je voulais que ça me ressemble. Je savais exactement ce que je voulais retrouver dans ces chansons, je ne voulais pas que ça parte dans tous les sens. Il fallait que ce soit cohérent, conscient et inspiré. Je voulais y retrouver l’énergie positive, l’émotion et mes sources.

Le gospel, c’est plutôt en Anglais. La question s’est-elle posée de la langue ?
Oui, au départ j’avais l’idée d’un disque en Anglais car la soul et le rythm’n blues c’est plus facile à chanter en Anglais. Mais d’autre part j’aime la langue française et je savais qu’en Anglais j’aurais du mal à passer en radio. Et je voulais qu’on l’entende, ce disque ! Je chante aussi en Indien, en Espagnol, la langue m’importe peu mais pour moi ce qui prime c’est le cœur, l’énergie, l’émotion.

freget3

Cette exigence a fait qu’Olympe, arrivé second, a sorti son disque avant toi. Ca ne t’a pas frustré ?
Pas du tout car ce genre de sentiment est très loin de moi. Je ne suis ni frustré, ni jaloux. Je relativise avec beaucoup de sérénité. Chacun fait son chemin comme il a envie de le faire. Olympe a choisi de faire un disque de reprises. Pour moi, il n’en a jamais été question.. Si ça lui convient, je suis heureux pour lui. D’autant que ça a bien marché. Et puis, nous n’avons pas le même style et si on me l’avait proposé, j’aurais refusé de faire un disque de reprises.

Finalement, derrière ce regard d’ange et cette timidité, tu as une sacrée volonté !
Il y a deux parts en moi : le garçon timide, sensible, réservé et le type affirmé qui sait ce qu’il veut, qui sait dire non et avoir la bonne attitude au bon moment. Si on se laisse faire, on est baladé dans tous les sens. Jeune, je n’étais que timide et ça m’a joué trop de tours. Aujourd’hui j’ai le cran de dire non.

Est-ce que ton coach, Garou, a été présent lors de l’enregistrement ?
Non. Il a toujours été présent et merveilleux à chaque fois que j’ai eu besoin de lui. Nous sommes restés très proches car c’est un homme spontané et qui a du cœur… comme un vrai Canadien qu’il est ! Il a toujours été là quand il fallait mais aujourd’hui il n’y a plus une relation coach-élève. nous sommes deux artistes. Nous avons de beaux échanges et je n’oublierai pas le superbe cadeau qu’il m’a fait en m’offrant la chanson « Ca vient de là haut » que Vénéruso avait écrite pour son prochain album. Il m’a vu tellement ému en l’écoutant qu’il me l’a donnée. et en plus c’est grâce à lui que j’ai connu Vénéruso.
Je n’ai jamais rien demandé à personne, j’ai toujours su où je voulais aller. Mais si j’avais eu des doutes ou des hésitations, je serais allé le voir.

Ton père est auteur-compositeur. T’a-t-il proposé des chansons ?
Non, c’est moi qui, pour lui rendre hommage, voulais qu’il y ait sur ce disque une chanson de lui. Et comme il avait écrit « Les mots que l’on ne peut pas dire » alors que j’avais quinze ans, et que j’étais complexé par mon bégaiement. Ces mots me touchaient évidemment et il était évident que c’était celle-là. C’est aussi pour porter un message aux gens qui, sans quelquefois sans s’en rendre compte, font du mal à ceux qui sont différents en s’en moquant. J’en ai tellement souffert ! Il est dur pour un enfant d’être rejeté et cette chanson, c’est un flash back de ma vie. Mais je précise que ce n’est pas une revanche car, grâce à la méditation, je vis sereinement ce bégaiement.

Tu as aussi repris cette chanson particulièrement émouvante de Céline Dion « Vole ». Elle te touche particulièrement ?
Oui et pas pour les mêmes raisons que Céline qui l’a chantée parce que sa petite nièce était partie. Elle a pour moi un écho très particulier parce que dans ma vie, j’ai perdu plusieurs personnes, des amis très proches qui se sont suicidés, mon ancienne belle-mère et à chaque fois j’ai chanté cette chanson pour le repos de leur âme, pour que celle-ci s’envole et parte ailleurs. Je suis très croyant, j’y crois très fort. C’est donc mon histoire aussi.

Maintenant que le disque est là, je suppose qu’il va y avoir la scène ?
Oui, ça se prépare et je vais débuter je pense en avril-mai aux Dom Tom…

Pourquoi les Dom-Tom ?
Parce que mon influence musicale vient de la culture africaine, que lors de « The Voice », ils m’ont beaucoup soutenu et je leur devais ça. C’est un hommage à ces gens et à leur musique.

Avec un seul disque à la clef, de quoi sera composé ton tour ?
Il y aura tout mon disque ou presque et bien sûr des reprises de chansons gospel, soul, rythm’n blues. J’aurai une formation de onze musiciens dont trois choristes. Des chœurs gospels bien sûr, beaucoup de cuivres. Ce sera vraiment mon monde…

Donnes-tu toujours des concerts gospel ?
Ca m’arrive. J’en donnerai un le 31 mais au Summum à Grenoble. J’ai beaucoup chanté dans les églises. Mais là, avec ce tour, il y a trop de rythmique pour que le son y soit bon. Je ferai donc des salles de spectacles.

Pourquoi avoir choisi « The Voice » et Garou ?
L’émission me plaisait parce que c’est la seule à mon sens qui aime et respecte les artistes, quels que soient leur style ou leur âge. Les jurés ne sont ni méchants ni critiques gratuitement et de plus, il y a une diversité artistique qu’on ne trouve que dans cette émission. Il faut avoir le culot de prendre un chanteur comme Luc Arbogast qui devient disque de platine !
Garou parce que je me sens proche artistiquement de lui. il vient de la musique afro-américaine dans laquelle je me retrouve. »

freget2

Et dans laquelle on l’a aimé et on l’aimera encore plus sur scène où il donne à la fois énergie et émotion et pour le plaisir passer quelques heures avec lui.
A bientôt donc, sur les routes, Yoann et good luck !

Jacques Brachet
A noter : les photos qui illustrent cette interview sont signées Emmanuelle Freget…… la maman de Yoann !