Bientôt 50 ans, l’allure d’un adolescent, Bruno Putzulu est un comédien à la fois talentueux et discret. Lorsqu’il fait parler de lui, c’est toujours pour de bonnes raisons et en ce moment, il est le gagnant du grand chelem : théâtre, télévision, cinéma, littérature, chanson… Qui dit mieux ?
Je suis toujours heureux de retrouver cet ami chaleureux et souriant, que je considère un peu comme un petit frère. On s’écrit beaucoup, on s’appelle un peu moins mais on se retrouve dès que cela est possible.
Et je suis surtout heureux de le retrouver avec la pèche car il a passé une année douloureuse son père étant décédé de la maladie d’Alzheimer.
Maladie qui est d’ailleurs un peu le sujet de la pièce de Jean-Claude Grumbert qu’il joue au théâtre de l’Atelier jusqu’au 2 juillet avec Catherine Hiegel.
» C’est une pièce à la fois sur la mémoire individuelle et collective. Individuelle car cet homme que je joue vient voir sa maman en maison de retraite, qui le reconnaît ou pas, selon les moments, qui a des absences et qui pourtant se souvient très bien des camp où sa maman est morte. D’où aussi, la mémoire collective. Mais c’est une pièce drôle, même un peu loufoque, où l’on rigole beaucoup. Avec cette langue que Grumberg manie avec bonheur.
Tu vis donc un peu sur scène ce que tu as vécu avec ton papa.
Oui, c’est vrai et je sais donc de quoi je parle. Quant à cette maladie, elle prend diverses formes selon les personnes et sous ce nom, c’est une grande poubelle où l’on trouve un peu de tout. Mais j’avoue avoir aussi vécu avec mon père des moments très drôles, surtout au début de la maladie.
Autre sujet grave : celui qui est abordé dans le film qui passe mercredi soir sur France 2 : « Baisers cachés ».
Oui, c’est un film sur l’homophobie, de Didier Bivel, sur un scénario de Jérôme Larcher, avec Patrick Timsit, Catherine Jacob, Barbara SChulz et les deux ados Bérenger Anceaux et Jules Houplain. Lors d’une fête dans un lycée, deux ados s’embrassent. Quelqu’un les photographie et met la photo sur les réseaux sociaux. L’un des deux étant de dos, la vie devient un enfer pour l’autre. Les deux pères sont Timsit et moi, Timsit rejetant son fils et moi n’arrivant pas à comprendre ce qui se passe. Ce qu’il pourrait comprendre chez les autres, il ne le comprend pas chez lui, comme beaucoup de gens.
Votre maman – L’attentat – Baisers cachés – Sélection officielle
Passons au cinéma où sort, également mercredi « Sélection officielle », film de circonstance où ce soir-là démarre le festival de Cannes !
C’est un film de Jacques Richard, inspiré du livre éponyme de Thierry Frémaux, avec Bernard Menez, Jean-Claude Dreyfus, Jackie Berroyer, Jeanne Goupil, Géraldine Danon… et moi !
Jacques Richard est un réalisateur un peu à part qui avait réalisé un documentaire remarquable sur Henri Langlois. C’est un film très drôle, presque une caricature des gens de cinéma, acteurs, réalisateurs, producteurs, qui se retrouvent dans un festival… Mais des caricatures intelligentes qui décrivent bien ce milieu du cinéma où l’on connaît tous des gens qui leur ressemblent !
Passons aux CD… Il y a deux événements pour toi !
Oui, d’abord, le coffret de 5 CD qui vient de sortir, où j’ai enregistré le roman d’Honoré de Balzac « Le père Goriot ». Ca a été un énorme travail car c’est un gros roman avec de nombreux personnages. Mais j’ai adoré faire ça car ça permet à ceux qui ne peuvent pas lire, de découvrir ce roman et pour ceux qui le connaissent, de l’aborder sous un autre angle.
Et puis, cet été, j’enregistrerai mon second album avec des chansons que j’ai entièrement écrites. J’ai beaucoup écrit, jeté, repris, modifié. J’ai fait ça sur plusieurs années, j’ai pris mon temps et il en ressort douze à treize chansons. Le CD devrait sortir fin 2017, début 2018.
Venons-en à l’écriture… Tu es en train d’écrire un livre ?
Oui, c’est un livres de nouvelles, dans tout le sens du terme, puisque, sous forme de lettres, je donne des nouvelles à mon papa qui m’a quitté. Je lui raconte plein de choses de ma vie… Je suis en plein travail d’écriture.
Après tout ça, as-tu encore du temps de libre ?
Oui… pour reprendre à la rentrée, en tournée, la pièce de théâtre « L’attentat », tirée du roman de Yasmina Khadra, mise en scène par Franck Berthier, que nous avons jouée l’été dernier à Avignon.
C’est l’histoire d’un chirurgien qui vit avec sa femme à Tel-Aviv. Lors d’un attentat, sa femme meurt et il apprend que c’était elle la kamikaze. Il va essayer de comprendre ce qu’il n’a pas pu déceler en vivant auprès d’elle, de refaire le trajet avec elle ».
C’est bien tout ???
(Rires) Oui… pour le moment !
Propos recueillis par Jacques Brachet