Julie ZENATTI
Un beau voyage musical en Méditerranée

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D’origine italo-algérienne, Julie Zenatti est une vraie Méditerranéenne très ancrée dans ses racines.
Et son nouveau disque le prouve, intitulé tout simplement « Méditerranéennes ». C’est un petit bijou de beauté, d’émotion, de musicalités diverses et d’humanité.
Sans compter qu’elle y a un affiche incroyablement belle, réunissant pas moins de quinze artistes venant de tous les pays bordant la Méditerranée, avec qui elle nous propose duos, trios et un peu plus. Une vraie fête où se mêlent les voix de Chimène Badi, Elisa Tovati, Sofia Essaïdi, Rose, pour les plus connues et de chanteuses peu connues en France comme Nawel Ben Kraïem, Lina El Arabi, Samira Brahmia, Cabra Casay ,le groupe vocal Insulatine. Sans oublier trois voix mâles : Claudio Capeo, Slimane et Enrico Macias, ce dernier étant en quelque sorte le parrain du projet.
Mais Julie me raconte toute l’histoire lors de notre rencontre à Aix-en-Provence.
« Mon projet est né d’une envie de rendre hommage à mes origines. J’ai un héritage familial que, devenant maman, j’ai eu envie de raconter et transmettre à ma fille, afin d’éveiller son intérêt à la fois pour son passé et son présent.
Je suis Méditerranéenne avant tout et je n’avais jamais encore exploré cette partie de moi. Et comme j’aime le partage, je n’avais pas envie d’être seule sur ce projet mais d’y emmener des chanteuses qui ont un parcours semblable au mien, qui ont la trentaine et sont mamans.
Qui a été la première ?
Celle dont je suis la plus proche : Chimène Badi. Je me suis dit que si elle aimait ce projet qui me titillait ce serait bon signe et j’irais plus loin. Elle a tout de suite été emballée et d’accord pour y participer. Du coup j’ai appelé d’autres copines : Sofia Essaïdi, Rose et Elisa Tovat qui été d’accord d’emblée. Je me suis donc dit que j’étais sur le bon chemin !

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Et les autres ?
J’avais aussi envie de faire découvrir d’autres chanteuses qui sont connues dans leurs pays mais pas ou peu en France. Après vingt ans de carrière, c’était bien à mon tour de donner des coups de pouce.
Et les hommes ?
Dès le départ, je voulais chanter « J’ai quitté mon pays », chanson aussi emblématique que son auteur : Enrico Macias. Je lui ai demandé s’il acceptait. Il a tout de suite dit oui et mieux, il m’a proposé qu’on la chante en duo. J’étais très heureuse mais j’avais un peu peur qu’il soit le seul mâle de ce harem ! J’ai donc appelé Claudio Capeo et Slimane car j’aime ce qu’ils dégagent humainement. Ils délivrent de beaux messages dans leurs chansons, il y a beaucoup de profondeur dans leurs propos. Ils sont en quelque sorte des porte paroles, sans une once d’agressivité. Il y a à la fois un vrai réalisme et une vraie poésie.
Les chansons sont chantées en sept langues !
Sur le disque oui, mais il y en a une dizaine qu’on n’a pas mises sur le disque parce que les langues sont très difficiles à chanter comme le Grec,le Turc ou encore le Ladino, qui est une langue hébraï-espagnole. Nous avons abandonné l’idée et mis les chansons en Français.
Par contre, il y a « La Maritza » qui ne parle pas de Méditerranée et « Beautiful Tango », chanté par Sofia et Nawel en Anglais. Explication ?
(Elle rit). C’est vrai mais elles ne sont pas là par hasard. Peut-être ne savez-vous pas que la Maritza se jette dans la Méditerranée après avoir longé la Grèce et la Turquie. Elle est donc proche de la Méditerranée et je trouve que la musique des Balkans en est tout aussi proche, avec ce côté violons et mélancolie. Il est évident qu’il y a eu des rapprochements entre ces pays.
Et ce « Beautiful Tango » ?
C’est une chanson écrite par Hindi Zahra, sur une musique arabo-andalouse. Hindi est une chanteuse marocaine qui chante en Berbère, en Français, en Anglais. Ca donne une jolie bulle de modernisme et de tradition et je tenais à ce qu’elle soit sur ce disque.
J’avoue que j’ai trouvé bizarre, voire incongrue, la version de « Mustapha », tube des années 60… chanson que, je l’avoue, je n’ai jamais aimée!
Cette chanson est là parce qu’elle a une histoire : c’est la première chanson arabe qui a été enregistrée dans le monde entier, en de nombreuses versions. C’est un succès mondial, Bob Azzam en a fait avec succès la version française et aujourd’hui encore, elle est chantée dans tout l’Orient, en Egypte en particulier.
Elle est emblématique et chantée par trois filles, Lina, Nawel et moi, je trouve que ça donne un côté primesautier, festif… et évidemment très féminin !

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Chimène Badi est très présente dans cet album…
Ce qui est normal, d’abord parce qu’elle est mon amie, qu’elle été la première à adhérer au projet et aussi que notre histoire est à la fois similaire, différente mais très proche.
Et puis Chimène est une fille exceptionnelle, à la fois sensible et pudique et elle porte en elle une force presque animale.
Et, en dehors de sa voix et de son talent, c’est une fille très rigolote !
Comptez-vous faire un spectacle de cette album ?
Ce serait formidable mais c’est très difficile à monter. Pensez : réunir quinze artistes au même moment dans un même lieu ! Mais quand on veut on peut. On va essayer de faire un spectacle à Paris et dans le Sud… Ce qui s’impose !
Comment définiriez-vous cet album ?
C’est un voyage.
Un voyage musical à travers les peuples, les musiques, les langues de Méditerranée.
C’est aussi un message de paix, de partage, de tolérance, de liberté qui ne porte aucune revendication communautaire.
C’est juste un disque pour partager le plaisir de la musique.

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Christian Servandier