Toulon – Le Liberté
Les mardis liberté

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En ce beau mardi de décembre 2016 le Liberté en coréalisation avec Jazz à Porquerolles présentait un duo «  La Ultima ! » qui s’affiche comme mariant le jazz et le flamenco.
Ce groupe composé de la chanteuse Sylvie Paz et du guitariste Diego Lubrano s’est créé à Marseille en 2012 avec l’ambition de « mêler les compas du flamenco au swing jazz ». Je n’ai jamais entendu le groupe au complet, peut-être qu’alors il y a du jazz ; mais dans ce que j’ai entendu du duo mardi, je n’y ai point trouvé de jazz, si ce n’est une douzaine de mesures dans le genre swing manouche sur « Cosmos Lady ».
Je rentre justement d’Espagne où j’ai passé quelques soirées dans des « Tablaos », donc j’ai dans les oreilles du flamenco pur et dur, mais aussi celui qui flirte avec les musiques d’aujourd’hui. Il y a pas mal d’essais pour faire rencontrer jazz et flamenco, les réussites sont rares, comme toujours dans ce genre de projet. J’ai aussi dans l’oreille les rencontres de Paco de Lucia avec de grands jazzmen, et surtout avec deux guitaristes de poids, John McLaughlin et Al di Meola. Je n’écris pas cela pour écraser les deux duettistes, mais simplement pour dire où je place la barre.
Revenons au spectacle. La chanteuse chante assise à côté du guitariste. Cela fige complètement la prestation. Je sais que souvent les » flamenquistes » chantent assis, mais dans une autre ambiance. Debout la force expressive est plus forte, le corps parle. Je pense aussi aux chanteuses de fado.
Sylvie Paz possède une voix bien timbrée, avec un côté « acier » dans les forte qui est très prenant, et colle parfaitement au genre. Elle chante dans une tessiture assez resserrée, avec engagement et sincérité. Ponctuant les chansons d’anecdotes et de quelques traductions bienvenues. Techniquement Diego Lubrano est un bon guitariste, à l’écoute de la chanteuse, mais pourtant l’accompagnement m’a semblé quelque peu laborieux. Ce n’est jamais fluide, jamais vraiment dans l’emportement.
Les morceaux sont des originaux, œuvres des deux protagonistes. Ils ne sont en rien basé sur le jazz (du moins ceux que l’ont a écoutés) mais sur différents rythmes flamencos, rumba, tango flamenco (ne pas confondre avec l’argentin), buleria, voire des pointes de bossa et de samba. Les paroles sont souvent très poétiques ou chargées de messages.
Les spectateurs semblaient ravis, et l’ont prouvé par leurs applaudissements et leur demande « d’encore ». Et c’est d’ailleurs dans le dernier rappel que le duo a été le meilleur. La mayonnaise prenait…

Serge Baudot