Liane FOLY, notre belle crooneuse

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Liane Foly, nous l’avions connue chanteuse, puis imitatrice, puis comédienne, au théâtre, au cinéma, à la télévision.
Aujourd’hui elle nous revient chanteuse. Mais pas n’importe laquelle : crooneuse.
Nous connaissions les crooners, qu’ils soient français ou américains mais à ce jour, nous ne connaissions aucune crooneuse. Aurait-elle inventé le mot ?

Elle rit à cette question :
« En fait, je n’en suis pas sûre et j’avoue que je ne me suis pas posé la question mais pour moi, ça coulait de source. Aujourd’hui on dit bien auteure, professeure… pourquoi pas crooneuse ? »

En tous cas, à l’hippodrome d’Hyères, elle nous a prouvé que ça existait en nous offrant un récital on ne peut plus musical et jazzy, accompagnée de six musiciens remarquables avec qui l’on sent la totale complicité.
Très classe, en costume-cravate dans des lumières magiques, elle nous a prouvé qu’elle était une vrai entertaineuse (et celui-là, il existe ?) nous offrant mêlés, les titres de son nouvel album éponyme, ses succès incontournables et quelques standards américains, parfaitement interprétés dans la langue de Sinatra. Un feu d’artifice musical auquel le public, venu très nombreux, a applaudi à tout rompre.

B C

Rencontre
 » Liane, raconte-nous la genèse de ce dernier opus…
C’était d’abord l’envie de revenir sur scène en tant que chanteuse, après mes trois parenthèse d’imitatrice et de comédienne de théâtre avec « Jamais deux sans trois ». Mais j’avais envie d’y revenir par le jazz avec de grands succès français, remaniées jazzy. J’en ai parlé à mon directeur artistique Philippe Russo qui m’a aussitôt dit : « J’ai la personne qu’il te faut ». Et Franck Eulry est entré dans ma vie musicale. Ca a tout de suite fonctionné entre nous, nous nous sommes trouvés plein de points communs, nous avons les mêmes goûts musicaux et il a tout de suite compris que ce disque amènerait la scène.
Le choix des chansons était infini. Comment l’as-tu fait ?
Très facilement en définitive, avec des chansons que j’aime depuis longtemps et quelques propositions que m’a faites Franck auxquelles je n’aurais pas pensé, afin de créer la surprise, comme « C’est extra », « J’aime regarder les filles… », pour la plupart d’ailleurs, des chansons d’hommes.
Avec Franck, comment cela s’est-il passé ?
Merveilleusement. Je peux dire qu’il a été une heureuse rencontre dans ma vie artistique. L’enregistrement a été joyeux, très satisfaisant et je pense qu’on ne va pas se quitter de sitôt !Tu avais abandonné la scène depuis pas mal de tant en tant que chanteuse. As-tu tout de suite retrouvé tes repères ?
Tu sais, chanter, jouer, imiter, ce sont des disciplines, des exercices très proches puisque tout se joue sur la voix. Ca a donc été sans difficulté pour moi. D’autant que, je peux l’avouer, la chanson me manquait. Je me retrouve en plus avec des musiciens qui sont des pointures en jazz et avec qui la complicité est totale. Je pense que le public s’en rend compte.
Michel Legrand a beaucoup compté pour toi. N’as-tu pas eu l’idée ou l’envie de faire appel à lui ?
C’est vrai que c’est un ami mais il vit sa propre vie avec ses propres musiques. Il m’avait d’ailleurs proposé de collaborer à son album de duos. Mais c’était trop proche de la sortie de mon propre disque et ma maison de disques n’était pas très chaude.
Comme c’est devenu la mode, tous les chanteurs font des reprises de leurs propres chansons ou de celles des autres, comme tu l’as fait. N’as-tu pas envie de nouvelles chansons ?
D’abord, ce sont nos maisons de disques qui nous incitent à le faire et puis, tu le sais, aujourd’hui, le métier du disque n’est pas des plus florissants. La tournée « Crooneuse » n’est pas prête de se terminer, après la France il y aura le Québec, l’Angleterre, les Etats-Unis. Alors, faire un nouveau disque n’est vraiment pas d’actualité. Je ne me projette pas dans l’avenir lointain.
Tu vas chanter aux Etats-Unis ?
Oui mais je l’ai déjà fait plusieurs fois, dans des salles, des grands hôtels. Ca ne se sait pas en France mais je le fais depuis longtemps.

D E

Alors, chanteuse, comédienne, imitatrice… Et puis quoi encore ???
(Rires) Rassure-toi, je ne vais pas me lancer dans la peinture ou la sculpture ! D’abord je me laisse aller aux propositions qui m’arrivent, aux désirs que peuvent éprouver des auteurs, des réalisateurs et, comme je te le disais, tout ce que je fais tourne autour de la voix. De plus, je n’ai pas de plan de carrière, je laisse venir les événements. J’ai la chance de pouvoir jouer sur plusieurs tableaux et je ne m’en prive pas.
A ce propos, tu viens de tourner avec Claude Lelouch !
Oui, nous venons de terminer le tournage de « Chacun sa vie » qui s’est déroulé en juillet à Beaune, où il a créé son atelier. Le film sortira certainement à la rentrée.
Qu’y joues-tu ?
Je suis… une chanteuse de jazz de province. Je me nomme Eugénie Flora, plus communément surnommée Nini… Et je suis blonde, afin qu’on ne confonde pas Nini et Liane ! J’y chante d’ailleurs quelques chansons de l’album « Crooneuse » et le générique du film*, une superbe chanson signée Francis Lai. Comme tous les films de Lelouch, il y un générique… de folie !. L’ambiance a été extraordinaire… Mais ne compte pas sur moi pour te raconter l’histoire… Avec Lelouch c’est toujours difficile !
Tu chantes entre autres « Toute la musique que j’aime »… devant Johnny qui est aussi de l’aventure ! Qu’a-t-il pensé de ta version ?
(Rires). Oui, c’était très drôle. Johnny est un ami de longue date et il a beaucoup aimé ma version.
Autre ami : Jean-Jacques Goldman qui quitte « Les enfoirés ». Toi qui y est depuis des années, comment vois-tu l’avenir de cette belle aventure ?
Il est évident que Jean-Jacques va nous manquer. C’est un grand artiste, une belle âme, un grand ami et c’est difficile de lui ire adieu… sur « Les enfoirés » s’entend ! Lui-même a dit que nul n’était irremplaçable et nous sommes nombreux autour de lui, chanteurs, techniciens, costumiers… Nous restons soudés et le plus important, c’est la cause pour laquelle nous faisons ça et qui doit donc continuer. Il restera certainement dans l’ombre, du moins pour la première année sans lui. Je suis à la fois triste et curieuse de savoir comment ça va s’organiser.
Pour le reste, aujourd’hui on ne sait pas grand chose mais il faut que ça continue.
Et le public va continuer à nous suivre ! »

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Propos recueillis par Jacques Brachet

*Générique de « Chacun sa vie » : Jean Dujardin,, Elsa Zylberstein, Christophe Lambert, Johnny Hallyday, Liane Foly, Thomas Dutronc, Mathilde Seigner, Antoine Duléry, Vincent Perez, Julie Ferrier, Gérard Darmon, Audrey Dana, Déborah François, Béatrice Dalle, Francis Huster, Philippe Lellouche, Vanessa Demouy, Michel Leeb, Jean-Marie Bigard, Rufus, Nadia Farès…