Elie Semoun retrouve l’élève Ducobu

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L’on se souvient de ces deux films de Philippe de Chauveron, mettant en scène l’élève Ducobu, petit garçon rondouillard et malin, dont François Viette fut le héros du deuxième volet « Les vacances de Ducobu ».
Natif de la Seyne-sur-mer, François est aujourd’hui un grand garçon, étudiant, qui après un stage à UGC, travaille aujourd’hui au cinéma Six N’Etoiles de Six-Fours mais avec toujours la grande envie de poursuivre cette carrière d’acteur qu’il avait continuée avec Jean-Pierre Mocky.
Resté ami avec celui qui était dans le film son professeur, Elie Semoun, alias Pr Latouche, il a demandé au comédien de venir faire halte à Six-Fours alors qu’il est en pleine tournée avec son one man show « A partager ». Il a été tout de suite d’accord et est donc venu ce 4 août au Six N’Etoiles, partager ses souvenirs de tournage de ce film avec son élève préféré… et remplissant encore deux salles du cinéma, quatre ans après !
Il nous a accordé un moment d’entretien à l’hôtel Rives d’Or de la Seyne et c’est toujours cet artiste gentil, qui semble toujours s’excuser d’être là que l’on rencontre.
Patient et bien élevé alors qu’une journaliste tentait de monopoliser l’entretien, c’est avec cette même gentillesse qu’avec François Viette ils ont évoqué quelques souvenirs.

« Je garde – nous dit-il – de jolis souvenirs de tournage. Ca a été une vraie fête et je me sentais comme en colonie de vacances. Je dois dire que tout jeune j’étais déjà un petit déconneur et j’ai toujours fait rire mes camarades. Je le suis toujours d’ailleurs… à tel point que sur le tournage, Philippe de Chauveron, le réalisateur, avait mis quelqu’un pour me gérer tant je déconnais avec les enfants !

Et toi, François, quels souvenirs gardes-tu de ce tournage ?
Pour moi c’était à la fois merveilleux et difficile. C’était mon premier tournage, le trac se mêlait au plaisir mais c’était aussi très fatigant. Le soir, on devait me porter pour aller me coucher car je m’endormais d’épuisement.
– Je l’ai même vu pleurer – ajoute Elie – car c’est vrai, si Philippe est un grand réalisateur, il est aussi très exigeant, ce qui n’est pas un défaut, et lorsqu’on travaille avec des enfants, il faut beaucoup de rigueur. Et il lui en fallait, même avec les adultes.

B C

Aujourd’hui, Elie, vous êtes multiple : vous écrivez, vous jouez au théâtre, au cinéma, à la télé, vous faites des disques… Et tout marche ! Heureux ?
Evidemment que je suis heureux, surtout dans cette période difficile que nous vivons. Je suis surtout heureux de donner du plaisir aux gens avec de l’humour. Aujourd’hui, l’humour, faire rire, c’est pour moi une obligation car en faisant rire les gens, on les fait réfléchir. Le rôle de l’humour dans ce monde complexe est indispensable et il ne faut pas avoir peur de parler de ce qui se passe aujourd’hui que ce soit avec le djihad, l’homophobie, le racisme… Tout comme avant, au temps des rois, nous sommes des bouffons et nous sommes là pour désamorcer tous ces graves problèmes.

Vous faites des one man show, vous avez été deux sur scène, vous jouez au théâtre ave d’autres comédiens, tout comme au cinéma…. Que préférez-vous dans tout ça ?
Tout car j’aime varier les plaisirs et ce ne sont jamais les mêmes tracs, les mêmes joies, les mêmes satisfactions. Lorsqu’on est deux ou plusieurs, tout est à la fois multiplié et divisé.
Avec Dieudonné, il y avait une complicité fantastique, on se permettait tout, on inversait même nos répliques et nous avons eu des fous-rires incroyables. Seul, c’est tout à fait différent puisque la complicité ne vient qu’avec le public et il y a toujours un risque qu’elle ne se fasse pas ! Mais j’ai cette chance de ne rien calculer d’avance et de faire selon mes envies et les propositions qu’on peut me faire.
Le cinéma ?
Je vous avoue qu’en ce moment, je suis un peu en manque de cinéma, même si je suis heureux de traverser la France avec mon one man show.
Qu’est-ce qui vous en empêche ? Vous ne trouvez pas de scénario qui vous plaise ?
C’est pire que ça… c’est qu’on ne me propose rien !
Vous savez, dans ce métier, il y a des hauts et des bas, des moments où tout arrive, d’autres où on attend et c’est le cas en ce moment. Je ne me plains pas car je travaille beaucoup mais j’attends que viennent les propositions.
Vous ne pouvez pas écrire une histoire ?
Je ne sais pas faire ! Autant j’écris facilement des poèmes, des chansons, des sketches, c’est à dire des choses courtes, très concentrées, autant je ne sais pas écrire sur la longueur.
Et la chanson alors ?
Aujourd’hui, les chanteurs ne vivent plus de la vente de leurs disques, alors vous pensez, moi qui ne suis qu’un chanteur occasionnel ! C’est vrai, mes deux disques ont bien marché, grâce aussi à des gens comme Henri Salvador et Karen Ann avec qui j’ai travaillé. J’ai aussi fait la première partie de Laurent Voulzy à l’Olympia et ça a été quelque chose de très particulier… surtout pour le public qui m’avait vu quelques jours avant sur cette même scène pour mon one man show et qui me retrouvait comme chanteur. Ca a été une jolie expérience.
Vous écrivez toujours de la poésie ?
Oui, j’aime toujours ça et écrire des chansons c’est un peu ça. J’ai sortie deux recueils de poésie alors que j’avais 17/18 ans et j’ai toujours continué à écrire.
Et pour vos sketches ?
J’écris seul souvent mais j’aime aussi collaborer avec des gens comme Muriel Robin ou Franck Dubosc. Ce sont des moments de complicité.
Il y a aussi Gad Elmaleh ?
Je n’ai jamais écrit avec lui. Nous sommes très proches, très amis, mais il joue plutôt le rôle de conseiller.

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Ce soir, vous revoilà après 4 ans avec Ducobu. Comment appréhendez-vous la soirée ?
Comme une récréation car ç a vraiment été un film de vacances et j’en ai de jolis souvenirs. Je dois dire que je n’ai plus vu le film depuis la sortie et je pense que je le reverrai avec plaisir.
Beaucoup de comédiens n’aiment pas se revoir sur l’écran. Et vous ?
Moi, je n’aime pas me revoir dans des reportages ou des interviewes car c’est moi. Mais dans un film, ce n’est pas moi, c’est un rôle que j’endosse et je ne vois que le personnage que je joue.
Alors, y aura-t-il un troisième Ducobu ?
Il en est question mais ce sera pour la télévision. Un producteur d’UGC est venu me le proposer et ça devrait se faire. Ca dépendra de l’audimat que fera « Les vacances de Ducobu » sur TF1 le 25 août.
Pourquoi la télé alors que les deux films ont bien marché ?
Alors ça… il faudra le demander au producteur ! J’avoue que moi aussi cela m’a surpris… Mais je vais vous donner ses coordonnées et si vous pouvez arranger ça !!! »

Evidemment, si se tourne ce troisième Ducobu, il y aura un troisième garçon pour l’incarner.
Et notre ami François Viette n’y sera pas, ce qu’il regrette tout en le comprenant.Il a grandi depuis et n’a plus l’âge du rôlee.
Dernière question pour ce jeune garçon toujours aussi gentil et timide.
« La suite pour toi ?
Le cinéma, c’est ma vie et j’aimerais bien continuer. Le théâtre non car je n’ai pas l’assurance d’Elie et je n’oserais jamais me montrer sur scène. J’aurais trop peur du bide !

Mais le cinéma… je suis prêt à continuer ! »
Avis aux producteurs !

E

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photo : Elie et François entourés de Noémie Dumas, directrice du Six N’Etoiles et de Dominique Ducasse, ajointe déléguée aux Affaires Culturelles.