Cette année petite révolution au Théâtre Liberté pour la présentation de la nouvelle saison, car le théâtre fêtait ses 5 ans. Déjà 5 ans pour ce théâtre qui est venu remplir un vide, car il n’y avait pas de grand théâtre au centre de la ville. Et le succès de fréquentation, environ 90% de remplissage toutes actions confondues, montre que cette structure était nécessaire. Un anniversaire et la célébration du label Scène Nationale ensemble avec CNCDC Châteauvallon, ce qui en fait la 72° scène nationale.
Alors pour fêter les 5 ans deux présentations, l’une à 16 heures, l’autre à 20 heures. Le public invité dans les trois salles, soit 1500 personnes à chaque présentation qui se déroulèrent sur la scène dans la grande salle Fanny Ardant, relayées en vidéo dans les deux autres salles.
Au lieu du traditionnel spectacle avec gradins sur la place de La Liberté on se trouvait dans une ambiance guinguette impressionniste des bords de Seine au XIX° siècle, avec des podiums, des jeux, des buffets, des tables et des chaises, à l’intérieur d’un immense cercle délimité par un tapis rouge, illuminé de guirlandes multicolores. On ne pouvait résister à cette ambiance de fête qui donnait vie joyeuse à cette place.
Sur scène un cercle rouge sur lequel étaient posés deux fauteuils prêtés par la Comédie Française. Une rangée d’autres fauteuils côté cour pour accueillir des représentants de diverses structures locales : Châteauvallon, Tandem, les festivals Portraits de Femmes, et Présences Féminines, le Festival International des musiques d’écran, la Biennale Internationale des Arts du Cirque, Chamber Music. Tous ces responsables présentèrent à tour de rôle leur partenariat avec Le Liberté, et définirent leur programme, ainsi que le metteur en scène Christophe Berton pour son œuvre qui mêlera cinéma, théâtre et poésie.
En guise d’ouverture la scène est envahie par plusieurs dizaines de personnes, mise en lumière de tous ceux qui œuvrent à la bonne marche du Théâtre : salariés, intermittents, etc… Puis ce fut la projection d’un film riche et divertissant saluant les 5 ans du théâtre avec des flashes des différents spectacles, personnages et événements qui marquèrent toutes ces années.
Ensuite apparurent les deux co-directeurs : Pascale Boeglin-Rodier dans une splendide tenue style années 40 : un pantalon plissé noir et un chemisier blanc épaules carrées, d’une élégance infinie. Pascale devait revêtir une robe noire et crème de toute beauté pour la deuxième partie ; Charles Berling, le même costume pour les deux parties ! auréolé de son Molière du meilleur comédien 2016 pour son rôle dans la pièce d’Arthur Miller « Vu du pont ».
Ils vont tenir la scène pendant plus de deux heures en présentant avec compétence, décontraction, enthousiasme, passion et force superlatifs, non seulement les spectacles et les actions, mais aussi le bilan des cinq ans, et les actions futures autour du théâtre. Et ils recommenceront une heure plus tard. Bravo !
Pour cette sixième saison ce seront plus de 54 spectacles et 107 représentations organisés autour de 4 Thémas : l’Art Brut – Utopies – Dignités – Migrants : racisme et antisémitisme ; et plus de 300 événements.
Donc des créations, des coproductions avec d’autres théâtres, des résidences d’artistes, des collaborations avec des structures du territoire, des concerts de musiques diverses, du théâtre, de la danse, de l’humour, des lectures, de la magie, du cirque, des performances, du cinéma, des conférences, des actions culturelles, notamment auprès des enfants et des adolescents, et toujours les Mardis Liberté qui connaissent un succès grandissant. L’axe principal restant bien sûr le théâtre.
Beaucoup d’actions citoyennes, des prix de billet spéciaux, l’accueil des scolaires, de tous les handicaps.
Chaque année un pays méditerranéens est mis à l’honneur, ce sera le Liban.
Les deux co-directeurs définirent ainsi la philosophie du Liberté : Conjuguer la grande culture patrimoniale et la modernité, permettre à la culture française de continuer à se développer comme elle l’a toujours fait, en montrant la diversité des approches. Mettre en avant qu’en France des gens font des choses fantastiques, que tout ne se passe pas à la télé ou sur internet.
En petit comité Charles Berling nous exprima le fond de son cœur en disant qu’il ne pouvait pas être présent au théâtre comme il le voudrait, ayant à tourner a droite et à gauche, à jouer dans différentes villes et théâtre, que cela lui était joie et souffrance, mais qu’il était investi corps et âme dans ce théâtre, pour faire éclater les verrous, l’adapter à ce qui existe, en faire un lieu territorial qui concerne les gens. Un théâtre pour faire des ponts avec les gens, non pas pour servir une élite, mais sans populisme.Il salue la volonté du Maire, de l’Etat et de la Région qui ont soutenu ce théâtre depuis le début. Théâtre sorti de rien et qui est rapidement devenu pérenne grâce aux artistes et au public
Pour ce qui est du label Scène Nationale il dit que c’était grâce à la nouvelle équipe du ministère, et que cela offre une reconnaissance nationale, et permettra d’engager plus de créations.
Pascale Boeglin-Rodier souligna que les artistes connus ou débutants s’étaient appropriés le lieu, y revenant volontiers, même en dehors de leurs prestations. Qu’il en était de même des spectateurs, ajoutant que les Mardis Liberté œuvraient grandement à ce rapprochement avec le public.
Quant au difficile choix des spectacles tous deux déclarèrent que c’était forcément un acte difficile, qu’ils suivaient leur goût, tout en restant ouverts aux propositions et aux conseils.
Dire qu’il y a seulement quelques années j’entendais les Toulonnais se plaindre qu’il n’y avait rien à Toulon sur le plan culturel. Aujourd’hui, entre Le Liberté, Châteauvallon, l’Hôtel des Arts, les cinémas, dont le Royal salle d’art et d’essai, le Comédia, les expositions et une foule d’associations, on n’a plus que l’embarras du choix, et comme on le sait, quand on a choisi on a abandonné le reste, ô rage, ô désespoir !
Serge Baudot
Renseignements : 04 98 00 56 76 – www.theatre-liberté.fr