Dans le cadre de son émission « Square Artiste » la chaîne de télévision Arte a donné carte blanche à Charles Berling pour un court métrage. Celui-ci a eu l’idée de choisir une conductrice du Réseau Mistral de la région toulonnaise, en l’occurrence Dominique Barletta, qui officie sur la ligne 1. On peut dire que Charles Berling a eu la main heureuse en la personne de cette conductrice truculente, dans la belle cinquantaine, avec un naturel confondant, un bagout formidable et des réparties fulgurantes. Une personne pleine d’énergie, d’optimisme, de joie de vivre, et qui sait faire preuve d’une grande sagesse ; qui connaît aussi les aléas de la vie, mais sait les prendre à bras le corps, et s’en sortir avec le sourire et même le rire, un rire communicatif.
On va donc suivre Dominique dans son bus et sur ses trajets quotidiens, avec des départs dans le petit matin quand il fait encore nuit, et tout au long de la journée jusqu’au soir, seule maître à bord. On la verra aussi hors du bus, sur la plage des Sablettes, au dépôt des bus, par exemple. Tout au long de ces périples elle raconte, le plus souvent en voix off, sa vie de femme et de conductrice. Comment son grand père italien a émigré en France, comment son père fabriquait des chaussures, comment elle a travaillé avec lui. Puis la faillite de l’entreprise familiale qui l’a obligée à faire divers petits boulots jusqu’à ce qu’elle soit embauchée au Réseau Mistral, où elle a enfin trouvé la stabilité et la sérénité. Elle adore cette entreprise, son métier et ses collègues, qui apparemment le lui rendent bien.
Avec humour elle raconte ses expériences avec « ses » passagers. La plupart sont gentils, polis, davantage les jeunes que les vieux dit-elle, ajoutant : c’est bien quand on ne me dit pas bonjour, ça me repose, je n’ai pas à répondre !
Elle ne cache pas les incivilités : bruit, insultes, crachats parfois, qu’elle évacue dans un sourire : « Bah ! ça fait partie du métier. Il y a tellement plus de gens agréables. » Et puis la fatigue, les visites à l’homéopathe, mais le naturel joyeux revient au galop. Dominique, une femme heureuse.
Ce qui motiva Charles Berling dans le choix d’une conductrice de bus c’est que le bus permet d’aller partout, ce qui lui donnait l’occasion, dit-il, de rendre hommage à notre territoire, qui est beau. Et puis donner du sens à cette action, créer du lien, faire un échange avec une entreprise locale, et pas seulement faire et un coup et dire adieu.
Cette avant-première fut le jour de fête de Dominique Barletta. La salle étant essentiellement composée des travailleurs du Réseau Mistral. Il y avait de la connivence, du partage, de la fraternité. Et la dame s’en donna à cœur joie, tant elle était aussi à l’aise sur la scène que dans son bus ; et ses happenings avec son patron ou avec Charles Berling provoquèrent le délire dans l’assistance. On peut dire que la conductrice est une « bête de scène ».
En deuxième partie on nous projeta le making-of du film, occasion de voir non seulement les coulisses du film, mais aussi celles du dépôt de bus, ainsi que les relations de Dominique avec ses collègues. Rappelons que le Réseau Mistral c’est 750 salariés dont 450 conducteurs de bus et de bateaux.
Pour la présentation étaient réunis sur scène monsieur Hubert Falco, Sénateur-Maire de Toulon, Président de TPM et ancien Ministre, Charles Berling, auteur du film et Directeur du Liberté, scène nationale de Toulon, Thierry Durand, Directeur de la R.M.T.T. (Régie Mixte des Transports Toulonnais), ainsi que pour la liaison avec la salle Pascale Boeglin-Rodier, co-directrice du Liberté.
Serge Baudot
Le film « Dominique Barletta, conductrice » sera diffusé le dimanche 24 avril 2016 à 13h sur Arte.