Herbert LEONARD : 50 ans… pour le plaisir

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Herbert Léonard, c’est une voix, l’une des plus belles de la chanson française.
C’est aussi un physique de latin lover et le temps n’y fait rien à l’affaire.
Eh oui, 50 ans de chansons… Il est loin le temps où il chantait « Quelque chose en moi tient mon cœur »… Ce devait être la chanson qui tenait son cœur car, malgré de dures périodes, l’artiste tient magnifiquement le poids des ans avec des succès que l’on fredonne toujours : « Pour le plaisir », «  »Laissez-nous rêver », « Puissance et gloire », « Quand tu m’aimes », « Pour être sincère », sans oublier ce duo super érotique qu’il chanta avec Julie Pietri « Amoureux fous ».
Pour fêter ces cinq décennies, il nous offre un double album intitulé « Mise à jour » (Universal) où il mêle ses succès, revus et corrigés, en duos ou en trios, avec Corinne Hermès, Gérard Rinaldi, Cristina Marocco, Claude Barzotti, Jean-Jacques Lafon, Christian Delagrange et de belles reprises de chansons françaises signées Brel, Gainsbourg, Iglesias, Cabrel, Nicoletta, Dassin, Lavoine et quelques autres.

 Alors Herbert, 50 ans… le bilan ?
Non – me répond-t-il en riant – il n’est pas encore temps !
Et ce disque, au départ, n’était pas prévu. Il avait été questions de quelques reprises et je ne m’étais pas rendu compte que cela faisait déjà 50 ans que je chantais. C’est mon producteur qui me l’a fait remarquer et qui m’a dit : « Il faut marquer le coup ».
D’où ce double album.

Ces chansons des autres, comment cela est-il venu ?
C’étaient des chansons que j’avais enregistrées pour en faire un disque mais le projet n’a pas abouti. J’ai donc pensé qu’il était temps que je les ressorte en les remaniant ».
(Ainsi retrouve-t-on « Elle a les yeux revolver » de Marc Lavoine, « L’eau à la bouche » de Gainsbourg, « Ne me quitte pas » de Brel, « Traces de toi » de Chamfort, « Il est mort le soleil » de Nicoletta…)

« Pourquoi ne pas avoir fait un coffret avec tous vos disques ?
D’abord, ce n’est pas de mon ressort et puis parce qu’il est très difficile de réunir toutes mes chansons dans la mesure où il y a eu plusieurs maisons de disques. Peut-être qu’un jour quelqu’un tentera de le faire. Mais c’est un travail de longue haleine.

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Avec Julie Piétri et Michèle Torr

On retrouve cet énorme tube qu’a été « Amoureux fous » mais vous faites une infidélité à Julie Piétri en le chantant avec Corinne Hermès !
Ca s’est fait dans un cadre un peu spécial. Je devais être de la tournée « Mes idoles » dont les réservations avaient bien démarré mais se sont arrêtés net avec les événements de Paris. Du coup la tournée a été annulée. Mais dans celle-ci, il y avait Corinne Hermès, qui est une amie de longue date, mais pas Julie Piétri. D’où l’idée de la faire ensemble sur scène. Comme cela ne s’est pas fait, nous l’avons enregistrée. Et nous avons également enregistré une autre chanson « Ces instants magiques ».

Vous aviez déjà fait des infidélités à Julie avec Michèle Torr !
Non, pas du tout. Il est vrai qu’avec Michèle, nous avons fait une tournée au Québec mais « Amoureux fous » je le chantais avec une choriste et avec Michèle nous chantions « Pour le plaisir ». Donc, je n’ai été infidèle qu’une fois !

Comment s’est fait le choix des autres duos et même du trio ?
Vous savez, cela se fait toujours au hasard des rencontres et en France, il est toujours difficile de le faire si les artistes ne sont pas dans la maison de disques. Gérard Rinaldi, c’était un vieux copain puisque j’étais accompagnateur d’Antoine et les Problèmes avant que ces derniers ne deviennent les Charlots. Nous avons toujours pensé que nos voix s’accordaient bien mais les circonstances ont fait que l’on reculait toujours ce projet de duo. Je suis heureux qu’on ait pu enregistrer ce titre, « Un homme fragile », avant qu’il ne disparaisse, quelques mois après l’enregistrement. C’est la même chose avec Christian Delagrang avec qui nous avions envie depuis longtemps de faire un duo. Nous avons choisi « A toutes les filles » de Barbelivien et Félix Gray.

Et puis, il y a un trio inattendu avec Claude Barzotti et Jean-Jacques Lafon « Latin’lover »… ce dernier n’étant pas vraiment un latin’lover !
(Rires). Oui c’est vrai mais ça s’est encore fait par hasard car au départ, ce sont eux qui devaient faire le duo pour cette fameuse tournée. Leur producteur, sachant que je serais là, leur a proposé de le transformer en trio. Ce que nous avons fait… et enregistré puisque la tournée ne se faisait plus. J’ai trouvé ça très rigolo.

Petite remarque pour cet album qui, s’il est très beau, manque cruellement d’un livret.
Bonne remarque ! Oui, c’est vrai, et c’est ma faute. J’avoue que je n’ai pas été assez attentif à la création de la pochette et je me suis aperçu qu’il manquait, lorsque c’était trop tard. Il faudra aller voir le nom des auteurs et compositeurs sur Internet !

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Julien Lepers et Vline Buggy

A propos d’auteurs et compositeurs, on ne peut pas ne pas parler de Julien Lepers et de Vline Buggy.
C’est vrai car ils ont été très importants dans ma carrière. Avec Vline, nous nous connaissons depuis des années. Nous écrivions ensemble des chansons pour les autres avant que je ne chante. Mais, même dans ma période la plus noire, elle ne m’a jamais lâché la main. Elle m’a dit un jour : « Si je rencontre un mélodiste qui puisse te faire de belles musiques, je t’écrirai des chansons ». Lorsqu’elle rencontré Julien, elle s’est dit que c’était le moment. Mais elle est allée plus loin puisque, alors, j’étais oublié du métier et personne n’en voulait. Elle est alors devenue ma productrice et le disque est sorti avec, entre autre « Pour le plaisir » et tout a redémarré de là.

Vous avez fait une apparition en tant que comédien dans « Navarro ». N’avez-vous pas eu envie de continuer ?
Là encore, ça a été un hasard. J’avais l’habitude, lorsque je venais à Marseille, d’aller manger dans un restaurant du vieux port. La patronne était amie avec Roger Hanin qui venait aussi manger chez elle. Elle me dit tout à coup : « Ce ne vous dirait pas de faire le comédien ? »
Je réponds alors : « Pourquoi pas ? Je suis chanteur mais ce serait marrant d’essayer ». Quelque temps après, je reçois un coup de film de l’assistante d’Hanin qui me dit avoir un rôle pour moi dans un épisode de « Navarro ». C’est ainsi que je suis devenu un assassin !

N’y a-t-il pas eu de suite ?
Non, d’abord je n’ai pas croulé sous les propositions et puis, mon métier reste chanteur. L’expérience a été amusante mais j’ai cent fois préféré reprendre le rôle de Daniel Lavoie dans « Notre Dame de Paris » que nous avons tourné deux ans et demi. Là, j’étais beaucoup plus dans mon élément !

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Alors, après ce disque, allez-vous fêter ces 50 ans sur scène ?
Peut-être mais pas cette année car, devant partir en tournée avec « Mes idoles », tout a été chamboulé et avec tous ces évènements, je pense que ce n’était pas le moment. Par contre, en vérité, je fêterai l’an prochain le cinquantième anniversaire de la sortie de mon premier disque, donc, il se pourrait que je fasse une scène. Mais pour l’instant, j’ai pas mal de galas… hélas vers le Nord !
Mais je ne désespère pas de revenir très vite dans le Midi ».

Propos recueillis par Jacques Brachet