Ballade aux Baux de Provence

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En ce début de printemps, l’on commence à avoir des envies de promenades et de respirer l’air qui commence à embaumer.
C’est pourtant avec un temps mi-nuageux, mi-ensoleillé, mi-pluvieux que nous avons choisi comme première destination les Baux de Provence.
Minuscule village perché au milieu du massif des Alpilles, dominant la campagne environnante, c’est encore, à cette époque, un lieu « presque » tranquille, qui se prépare à la folie estivale puisque, en deux mois, il reçoit un million et demi de visiteurs .
Pour l’instant, quelques promeneurs de la région se mêlent à une population de 380 habitants, dont seulement 35 vivent dans l’enceinte des Baux.

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Construit sur cet éperon rocheux, quelques maisons de villages, quelques murs en ruine à travers ces ruelles en pente dans lesquelles nichent quelques échoppes proposant savons, lavande, étoffes, huile, vin, biscuits… Tout se mêle dans un flot de couleurs et de senteurs entêtantes et agréables.
Au détour des ruelles, on découvre le château des Baux et son musée, le musée du santon, les chapelles Ste Catherine et St Blaise, datant du XIIème siècle, l’église St Vincent des Baux, en partie creusée dans le roc.

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Classé parmi les plus beaux villages de France, il sommeille au cœur des Alpilles, qui sont devenues le lieu de prédilection, le havre de paix de beaucoup d’artistes venus là se ressourcer dans des paysages de rêve. Ou s’inspirer des paysages pour nous offrir des oeuvres éternelles, comme Van Gogh, Dufy, Marie Mauron, Mistral, Cocteau…
Le terroir regorge de richesses, des champs de lavande aux champs d’olivier à l’huile renommée, en passant par les vignobles aux crus classés AOC, tout comme l’huile d’ailleurs.
Le nom du village vient de l’Occitan « Baues » que l’on peut traduire par « escarpement rocheux ». Au fil des décennies, il est devenu « Baou » puis Baus de Prouvenço » ou « Baux de Provence ». L’on retrouve cette étymologie dans la bauxite, minerai d’aluminium qui fut longtemps exploité. Et c’est le nom des Baux qui a donné le nom à ce minerai et non le contraire comme beaucoup le croient.

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Une plaque commémorative- au dessus d’un énorme rocher de bauxite en atteste.

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Les carrières de lumière

D’immenses carrières ont été creusées, durant des années, au pied du village. L’on y a extrait le calcaire blanc qui a été utilisé pour la construction du château et de la cité. Jusqu’à sa fermeture en 1935 où la carrière s’est endormie… puis réveillée par Jean Cocteau, qui, passant par là, découvre un lieu splendide et surréaliste et décide d’y tourner en partie « Le testament d’Orphée »

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Elle se ré endormira après le tournage jusqu’en 1975 où Albert Plécy, rédacteur en chef du Parisien Libéré, tombe en extase devant ce lieu et, un an après, il propose le premier spectacle audio-visuel qui s’étale partout sur ces immenses murs de calcaire immaculé de 14 mètres de haut. La cathédrale d’images est née dans cette carrière et chaque année, un nouveau spectacle est proposé aux spectateurs. Après Picasso, qui a attiré plus de 250.000 visiteurs, Gauguin, Van Gogh et les peintres de la couleur, ont fait l’objet d’un son et lumière unique en son genre, liant les œuvres des artistes à des musiques qui résonnent sous les voûtes géométriques.
Cette année, et jusqu’au 8 janvier de l’année prochaine, c’est l’œuvre de Chagall qui se déploie sur les murs asymétriques en enfilades et c’est absolument époustouflant de beauté et d’originalité. Vous parcourez ainsi des mètres et des mètres d’allées et de murs en découvrant l’œuvre magnifique de ce peintre surréaliste yiddish. Baignés de ses tableaux, du sol au plafond, c’est un voyage magique, hypnotique, prenant de beauté et d’émotion, oeuvres reliées entre elles par des musiques classiques, de jazz où venues de son pays.

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Par ailleurs, avant de quitter ce lieu incroyable, vous pourrez découvrir des extraits du « Testament d’Orphée » ainsi qu’un making off du film et une interview de Jean Cocteau par François Chalais, projetés sur ce mur de calcaire que l’on retrouve dans le film.
Mais depuis Cocteau, d’autres films ont été réalisés en partie dans ce lieu et dans les paysages alentours qui enchantent les réalisateurs. Ainsi y sont passés Michel Blanc avec « Grosse fatigue » Jamel Debbouze et le réalisateur Rachid Bouchareb avec « Indigènes », John Frankenheimer avec « Ronin » et même un jeu télévisé américain « The amazing race » y a été tourné.
A noter que, du 25 au 27 juillet, du 1er au 3 août et les 16 et 17 septembre, des nocturnes seront proposées autour de Monet, Renoir, Chagall, Michel Ange, Raphaël, Léonard de Vinci, Klimt, Chagall… De quoi redécouvrir tous ces merveilleux artistes de façon originale.

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Jacques Brachet