Virginie HOCQ sur le fil de l’humour

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« Bon, eh bien, je suis ravie d’être dans le Sud ! J’avais apporté mes claquettes et mes lunettes de soleil… et je mets les bottes !
J’arrive de Bruxelles et Paris où il faisait soleil… J’espère qu’à Sanary il fera beau, sinon je repars chez moi ! »
Voilà le début de notre conversation avec la plus française de nos humoristes belges qui s’arrêtera le 8 avril au Théâtre Galli à Sanary.
J’ai nommé Virginie Hocq.
Parlez-nous de ce spectacle, Virginie…
Il s’intitule « Sur le fil » car, justement, je suis sans arrêt sur le fil du rasoir, « border line », comme on dit aujourd’hui. Je présente des portraits de femmes qui ont des problèmes, des malheurs, des névroses mais qui le vivent relativement bien, qui sont heureuses et positives.
Il y a des situations à double sens mais c’est toujours avec humour, même si quelquefois se cachent des détresses. Mais je ne heurte jamais les gens, il n’y a jamais un mot vulgaire, même dans les pires situations comme cette femme de qui le mari réserve une surprise : pour la remise à niveau de leur couple, il organise une partouze et la femme, voyant tous ces gens tout nus, se demande ce qui se passe !
Je joue sur les mots, sur les situations, sur l’imaginaire du public mais ce n’est jamais trivial.
Vous avez combien de one woman shows à votre actif ?
Cinq, dont trois seulement joués en France. Les deux premiers étaient des essais et n’ont pas beaucoup marché.
Alors qu’aujourd’hui vous remplissez des salles de plus en plus grandes !
Chouette non ? C’est rassurant, ça fait plaisir et c’est émouvant de rencontrer un public qui m’a découverte dans des salles minuscules et qui s’en souviennent.
Au départ, c’est ce que vous vouliez faire ?
Non, pas du tout. J’avais huit ans lorsque j’ai décidé de faire ce métier. J’ai été baignée dans la culture par mes parents mais eux ne faisaient pas de métier artistique. Ils n’ont jamais mis de barrière à ça et m’ont seulement dit de passer le bac. Ce que j’ai fait. Puis je suis entrée au Conservatoire Royal de Bruxelles où j’ai eu un prix de comédie.
Au départ ça a été difficile et alors mon père m’a dit : « Si tu veux faire ce métier, donne t’en les moyens, n’attends pas qu’on vienne te chercher ». C’est ce que j’ai fait en commençant à m’écrire des sketches.

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Être étiquetée « comique », est-ce que ça vous a donné une frustration ?
Ni frustration, ni complexe car j’adore faire rire De plus, j’écris sur des situations qui, au départ, ne sont pas particulièrement drôles, qui sont des choses de la vie. Et la vie n’est toujours rose. Mais j’écris avec le recul et avec l’humour. Je pense que, depuis le cordon ombilical, on a tous des petits fils de toutes couleurs au-dessus de la tête, que l’on tresse selon nos envie, nos humeurs. Les couleurs se mélangent.
Et puis aujourd’hui, ça commence à s’estomper. Passer du théâtre au cinéma ou à la télé ne me pose pas de problème.
Ça n’en a jamais posé ?
Quelquefois, lorsqu’un producteur ou un réalisateur sait ce que je fais sur scène, certains m’ont avoué qu’ils avaient hésité à me prendre. Mais pour les castings, si l’on ne me connaissait pas, ça marchait. Aujourd’hui tout va bien.
Vous avez, je crois, des velléités de réalisation ?
Oui, ça fait partie de mes projets. D’ailleurs, je suis en train d’écrire un scénario que j’espère réaliser, où je ne jouerai pas.
Pourquoi cette envie ?
Parce que j’aime travailler en équipe, former un groupe, que je m’intéresse à tous les métiers qui tournent autour du cinéma, que j’ai envie de composer avec eux, de raconter des histoires avec d’autres, que j’adore la photo puisque j’en fait, la lumière, la technique… Je crois que ça fait partie de mon cheminement. J’ai envie Alors, je ne sais pas si le projet aboutira mais je suis déjà très contente d’essayer. J’ai déjà écrit des capsules pour la TV sur des femmes qui ont marqué l’Histoire car c’est un sujet que j’aime particulièrement. Ça m’a beaucoup plu.
Vous disiez faire des photos ?
Oui, pour le plaisir. J’adore ça et j’ai même exposé grâce à un copain. Ça marchait puisque des gens voulaient m’acheter mes photos. Mais j’ai refusé car je ne me sentais pas légitime. Je n’en ai vendu que trois parce qu’une personne a insisté et m’a tannée jusqu’à ce que je dise oui. Alors elles sont dans ma cave. Peut-être qu’un jour je les sortirai. J’oserai les montrer et les vendre !
Vous avez fait la première partie de Lara Fabian… Surprenant, non ?
Oui, ça a été à la fois difficile et génial à la fois. On sait que lorsqu’on annonce une première partie, ça fait toujours ch.er les fans et j’ai donc eu l’idée d’être l’emmerdeuse qui fait languir le public, en faisant des fausses sorties, en disant au revoir, annonçant Lara, puis en ouvrant le rideau et criant « coucou, me revoilà ! ». Et ça a marché !
Et Lara ?
Elle a adoré. Elle avait vu mon spectacle et comme elle a beaucoup d’humour et adore rire, ça lui a beaucoup plu.
Vous avez fait de l’impro. Est-ce que là, c’en était ?
A, pas du tout, ce n’était pas le lieu. Nous étions à l’Olympia. C’était écrit, construit. Dans ce genre de situation, on ne peut pas se permettre d’improviser.
Ce spectacle « Sur le fil », vous le jouerez encore longtemps ?
Pour un bon bout de temps encore puisque je suis en tournée jusqu’au mois de juin puis je le reprendrai à Paris à la rentrée jusqu’à fin mars l’année prochaine.

Virginie Hocq

Et pendant ce temps, vous pensez déjà à un nouveau spectacle ?
Non. A force de jouer seule aussi longtemps, on prend des tics et on s’use un peu. Après ça, j’ai envie de me retrouver dans une équipe. J’ai besoin d’un nouveau texte, d’un auteur, d’un metteur en scène, d’un groupe autour de moi…
Ce sera quoi alors ?
Ça, vous ne le saurez pas… Ce sera la surprise !

Propos recueillis par Jacques Brachet