« Les Innocentes » d’Anne Fontaine, France-Pologne, 2015

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Pologne, décembre 1945.Mathilde Beaulieu, une jeune interne de la Croix-Rouge chargée de soigner les rescapés français avant leur rapatriement, est appelée au secours par une religieuse polonaise. D’abord réticente, Mathilde accepte de la suivre dans son couvent où trente Bénédictines vivent coupées du monde. Elle découvre que plusieurs d’entre elles, tombées enceintes dans des circonstances dramatiques, sont sur le point d’accoucher.
Voici un film français qui sonne juste du début à la fin. La dynamique repose sur un contraste, voire une contradiction entre une communauté (les religieuses) et une personne (la jeune interne Mathilde). A l’inverse de l’idéologie dominante, Anne Fontaine exprime un respect absolu de l’univers fermé, parfois féroce de ces bonnes sœurs, où une tragédie se déroule, opposant la religion et la maternité. L’univers masculin est montré, en général, de manière négative. Surtout les soldats soviétiques, coupables de viols répétés, sur ces pures religieuses polonaises innocentes. Souvent l’émotion nous saisit : nous sommes en empathie avec elles.
Enfin la forme est exemplaire : pureté des cadrages, beauté de l’image (que l’on doit à une femme : Caroline Champetier) et une direction d’acteurs exceptionnelle. Il faut souligner au passage la prestation remarquable de Lou de Laâge qui interprète Mathilde. Ce film fait honneur au cinéma français, et je lui souhaite un grand succès.

Paul-Louis Martin