TOULON – Théâtre Liberté
Les mardis Liberté

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En ce février de douceur climatique cinquième mardi avec la chanteuse sud-africaine Sibongile Mbambo découverte et présentée en corrélation par l’association « Jazz à Porquerolles », festival où elle fit des débuts remarqués en 2015.
On nous la présente comme une « artiste plurielle (danseuse, chanteuse, percussionniste et peintre) ». En ce mardi de mi journée c’est la chanteuse que nous découvrons, et quelle chanteuse ! Belle présentations scénique, elle est assise, très touchante, derrière le micro, entourée de ses percussions sud africaines avec lesquelles elle s’accompagne : le Udu, sorte de jarre sophistiquée et la Bongi-Box, sorte de tambour de basse. A côté d’elle, le guitariste Fred Salles, parfaitement à l’aise dans cette musique de tradition zoulou, le Maskanda, musique basée sur des ostinatos comme presque toute les musiques africaines. Il accompagne la chanteuse avec discrétion et efficacité, soit avec ces ostinatos, soit en contrechant, plus rarement en accords rythmés, toujours à l’écoute, en osmose avec le chant,
Sibongile chante avec un engagement total dans son idiome natal, le Xhosa (langue d’une des onze ethnies d’Afrique du Sud), langue qui fait entendre par moments des claquements de langues très secs, qui ponctuent en somme la mélodie. Elle possède une voix grave, puissante, ce qu’on appelle une voix noire, avec du grain, de l’émotion. Elle chante sur une tessiture resserrée, grave médium, probablement la tessiture de ces chants-là, mais on sent qu’elle peut monter dans les aigus. Certaines phrases se brisent sur un jodel très africain. Sa puissance et son timbre feraient assez penser à la voix de Mahalia Jackson, sans pourtant la même puissance émotionnelle.
Les chansons évoquent le quotidien : par exemple provoquer la pluie ; un premier rendez-vous d’amoureux qui se verront pour la première fois ; une prière poignante à dieu en lui confiant « Tu es mon seul espoir » ; pour chasser la peur en lui disant « You don’t exist » ; une femme dont le mari est souvent absent car il va travailler dans une mine d’or : elle lui crie « Si tu pars encore tu reviendras dans une maison vide » ; et quelques autres sujets. Et l’artiste fait preuve d’un bel humour, ce qui ajoute encore à son charme.

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Les rythmes, les tempos, les inspirations, les atmosphères sont variés. Sibongile Mbambo fera chanter le public dans sa langue, par répons, fantastique participation du public : on se serait cru dans un chœur zoulou !
Certes quand on évoque le chant sud-africain on pense à la grande Miriam Makeba. Mais les deux chanteuses ne sont pas sur le même répertoire.
Sibongile Mbambo, une belle et forte découverte offerte par le Théâtre Liberté et Jazz à Porquerolles.

Serge Baudot