Six-Fours : 11 artistes varois à la Batterie du Cap Nègre

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C’est une exposition particulièrement réjouissante que nous offre, jusqu’au 21 février, la Batterie du Cap Nègre.
Une exposition originale, drôle, inventive, insolite, quelquefois iconoclaste qui réunit onze plasticiens varois choisis par Olivia Moelo, artiste elle-même, oh combien plurielle, qui vient de s’installer à la Garde-Freinet dans un lieu qui lui ressemble, plein de fantaisie.
Elle l’a appelé le B’Art à crêpes… tout simplement parce que, tout en s’émerveillant sur les oeuvres proposées, l’on peut se régaler aussi les papilles !
Touche-à-tout de talent, elle aime découvrir les disciplines artistique diverses et s’y essayer, souvent avec talent et en y apportant sa personnalité.
Mais, très souvent, la création est synonyme de solitude et Olivia a eu envie de n’être plus seule, d’échanger, de rencontrer, de partager. Aussi, elle est allée fureter un peu partout pour découvrir des artistes varois et rassembler ses coups de cœur autour d’elle.
C’est donc ce qu’elle a fait dans ce superbe lieu qu’est la batterie du Cap Nègre, en nous proposant onze artistes varois – dont elle – qui méritent le détour.
Le responsable du Pôle Arts Plastiques, Dominique Baviéra, avait demandé aux artistes de venir rencontrer le public. Ainsi, quatre femmes et un hommes ont pu converser avec lui et faire connaître leur cheminement.
Olivia nous propose ses « bonnets tétons ». Devenue une spécialiste des fils de laine, elle s’est mise à tricoter des dizaines de bonnets hybrides, entre bonnets pour la tête et bonnets de soutien gorge, aux mille couleurs. C’est très drôle à voir mais derrière ces bonnets il y a aussi un but : parler de la femme, du cancer du sein et aider les associations qui se battent contre cette maladie. et puis, voici une robe de mariée engluée dans des fils, comme prise dans une toile d’araignée… symbole oh combien ambigu du mariage !

Gallego D
CE

Un seul homme mais… quel homme ! Talentueux sculpteur Philippe Gallego nous offre des superbes poissons de bronze mais d’une finesse incroyable, tant il travaille la matière comme de la dentelle alors que celle-ci s’y prête peu. Et puis, il y a toujours une connotation féminine et même érotique, certains poissons s’offrent, lèvres pulpeuses ouvertes. Hommage à la femme, hommage aussi à la mer car il a toujours rêvé de porter un bonnet (lui aussi !) mais le fameux bonnet rouge d’un certain Cousteau. Il nous explique cela avec humour car il est très pince-sans-rire.
Valmigot, elle, est une amoureuse de l’écrit, du livre et ne peut concevoir les toiles sans livres ni les livres sans toiles et dit que l’art est le plus court chemin de l’homme à l’homme. Du coup, elle recrée des livres en papier mâché d’où s’évadent des mots, des lettres, des pensées, des croquis (dont un de Cocteau). Livres écornés, froissés, à demi ouverts, homme-papier lisant son journal… C’est à la fois symbolique et poétique.
Nathy Paccalet est la championne de la récupération. Elle aime fouiner dans les greniers et forte de l’adage « rien ne se perd, tout se recrée », elle transforme (aujourd’hui on dit : customiser !) et fait revivre aussi bien un extincteur qu’une poupée ou un miroir brisé qui revient à la vie et devient… une tête de mort !
Cette belle Hollandaise aux yeux bleus qui a choisi de s’installer dans le Var se nomme Marian Williams et son choix s’est porté sur le collage. Ce sont souvent des oeuvres pleines d’humour, comme ces portraits de femmes sur lesquels elle ajoute des éléments comme des fleurs, des bigoudis, des papillons ou qu’elle transforme en leur ajoutant des perruques, tels ces portraits de Bardot et Signoret… C’est drôle mais c’est aussi, dit-elle, une critique de l’environnement de la femme d’aujourd’hui qui oblige à regarder autrement et à interpréter.
Foisonnement de talents, d’idées, oeuvres passionnantes et surprenantes, artistes qui sortent des sentiers battus… une exposition aussi intéressante qu’extravagante.

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Jacques Brachet