Toulon – Isabel OTERO invitée des « Mardis Liberté »

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Pour ce deuxième Mardi Liberté de la saison le Théâtre Liberté invitait l’actrice Isabel Otero pour une lecture de textes intitulée « De la beauté du monde et de sa fragilité » ; lecture militante en écho à la prise de conscience de la destruction de la planète ; mais textes avant tout littéraire.
Un fauteuil, une table basse, Isabel Otero est assise dos à la place de la Liberté, auréolée par une belle lumière d’automne.
Elle annonce son amour de la nature, ajoutant qu’elle y vit avec son mari.
La lecture débute par des extraits de « « L’homme joie » de Christian Bobin. C’est un hymne à la nature, à la vie qui fuit. Mais il faut « parler d’une belle journée » sous un ciel bleu. Ce livre est un mélange de poésie et de rêveries qui par ses images nous emmène au cœur de notre monde : « Nos pensées montent au ciel comme des fumées. Elles l’obscurcissent. Je n’ai rien fait aujourd’hui et je n’ai rien pensé. Le ciel est venu manger dans ma main. Maintenant c’est le soir mais je ne veux pas laisser filer ce jour sans vous en donner le plus beau. Vous voyez le monde. Vous le voyez comme moi. Ce n’est qu’un champ de bataille. Des cavaliers noirs partout. Un bruit d’épées au fond des âmes. Eh bien, ça n’a aucune importance. Je suis passé devant un étang. Il était couvert de lentilles d’eau – ça oui, c’était important. Nous massacrons toute la douceur de la vie et elle revient encore plus abondante. »
François Cheng a écrit « Cinq méditations sur la beauté », œuvre d’une grande délicatesse et d’une profondeur extrême. Isabel Otero nous en offre quelques extraits. Pour Cheng il y a deux mystères, d’un côté le mal ; de l’autre la beauté. C’est donc sur la beauté des choses qu’il faut se pencher. Il pose la question : Qu’est-ce que la beauté ? Il faut lire les Cinq méditations pour avoir la réponse. « Il faut entrer dans la beauté du couchant…La scène du couchant transfigure les choses…La beauté attire la beauté, l’augmente et l’élève… »

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Pierre Rabhi est né en Algérie. Il prône un monde respectueux de l’homme et de la terre. Isabel Otero lit des extraits de « Vers la sobriété heureuse ». Au début la scène se passe dans une oasis du Sud algérien avec un forgeron « un petit vulcain du désert », des boutiques qui offrent le nécessaire. C’est la vie rurale tranquille et heureuse. Puis la France découvre de la houille. Les hommes vont travailler à la mine. Tout change. On achète des montres. Le temps est mesuré, il ne faut plus en perdre. C’est la civilisation nouvelle, l’aliénation ! On prend le contraste en pleine figure, et on comprend l’ironie tragique du titre.
« Temps de la terre, temps de l’homme » du géologue Patrick de Wever. Il nous raconte l’histoire de la terre en nous disant qu’elle a 46 ans. Chaque année est en fait un résumé de millions d’années, puisqu’on nous dit que notre planète est apparue il y a 4,6 milliards d’années. Donc à 43 ans apparaissent les requins, les insectes, les forêts ; à 44 les dinosaures, les singes, les Sapiens, l’agriculture ; à 15 minutes, Moïse ; à 5 minutes Jésus ; à une minute la révolution industrielle, la surexploitation, la disparition d’espèces et de forêts. Voilà il aura fallu une minute du temps de la terre pour que notre belle planète soit en perdition.
Isabel Otero terminera avec « Osons » de Nicolas Hulot qui mène le combat que l’on sait. « Sauver les Bonobos c’est nous sauver nous-mêmes. L’humanité a besoin de toi, là où tu es. Tout est à réinventer. Mobilisez, entreprenez, osons ».
Puis en souvenir des morts et des blessés du 13 novembre, Isabel Otero nous demande de fermer les yeux tandis qu’elle nous dit « Le dormeur du val » d’Arthur Rimbaud.
Cette lecture littéraire et militante se termine ainsi dans le recueillement, et dans la prise de conscience qu’il est temps d’œuvrer à la sauvegarde de notre planète, et aussi que le pouvoir et la force de la littérature sur l’esprit humain sont immenses.
Serge Baudot
Isabel Otero est la comédienne qui incarnait une femme flic à la télévision, puis le commandant Hélène Vallon dans la série « La crim’ ». Avant cela elle a participé à quelque 25 films et pièces de théâtre. Comme on l’a vu par cette lecture elle est très engagée pour la protection de la nature.
Prochain mardi le 5 janvier à 12h15 : Cave Canem (Attention au chien), avec Audrey Louwet, Mariotte Parot et le chien Eran. « Les acrobates de la compagnie Azeïn partagent l’espace scénique avec un chien et nous emmènent, avec humour et sauvagerie, dans un univers où ce qui compte le plus, c’est exister, tout simplement ! »

Serge Baudot

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Renseignements et détails des programmes au Théâtre Liberté (04 98 00 56 76), place de La Liberté à Toulon. www.theatre-liberte.fr