Bios d’artistes

photo-3 51+xqzRwJtL._SX328_BO1,204,203,200_

Vincent QUIVY :  « Jean-Louis Trintignant l’inconformiste » (Ed Seuil)
C’est l’un de nos plus grands comédiens de théâtre et de cinéma.
Il méritait certainement cette superbe bio que Vincent Quivy, journaliste, écrivain et historien lui consacre.
Homme on ne peut plus discret, il a eu du mal à se faire un nom avant de devenir l’un des comédiens les plus demandés à partir de 30 ans avec « Et Dieu créa la femme » de Vadim… à qui il chipe la femme, celle-ci n’étant autre que Bardot. Puis l’apogée avec « Z » qui lui vaut un prix d’interprétation à Cannes.
Pourtant il a toujours vécu de son métier, tournant beaucoup en Italie et même en France dans des films mineurs où on lui donne toujours des rôles de « joli garçon » un peu emprunté et timide, comme il l’est dans la vie.
Mais c’est aussi un personnage à la fois fantasque, inattendu et têtu.
Fantasque parce qu’on le retrouve souvent dans des films improbables où il risque sa carrière, tout simplement par amitié, par intérêt d’un sujet et justement inattendu parce que les gens ne l’attendent pas dans certains de ces rôles. Têtu parce que lorsqu’il a décidé quelque chose il va jusqu’au bout et bien sûr, là encore, il risque souvent sa carrière.
Mais il n’a jamais pensé carrière ou intérêt financier. Ce n’est jamais cela qui lui a fait accepter un film.
Côté théâtre s’il a commencé sa carrière sur les planche, durant quelques décennies le cinéma lui a soufflé quelques rôles qu’il aurait aimé jouer, tournant film sur film.
Comédien heureux, il fut un homme moins heureux que le destin et la mort des siens n’a pas épargné.
Mais il a toujours été pudique et n’a jamais affiché ses états d’âme dans les journaux.
Aujourd’hui, à 85 ans, s’il a ralenti sa carrière, mais il n’en reste pas moins qu’on peut le voir encore au cinéma comme au théâtre.
Au cinéma en 2013 avec le film de Michaël Aneke « Amour », qui lui vaut une avalanche de prix d’interprétation. Au théâtre avec des spectacles poétiques autour de poètes libertaires comme Prévert, Vian, Desnos.
Aujourd’hui retiré loin des projecteurs, dans le Lubéron, il se fait très rare à Paris et n’y revient que pour le travaiL C’est à dire pas souvent.
Il reste l’un des comédiens préférés des Français et cela méritait bien un belle bio, élégante et sensible, à son image.

Jean PIAT – Vincent d’ORCIVAL : « Et… vous jouez encore ! » (Ed Flammarion)
En voici en encore un dont le talent n’a d’égal que l’élégance, l’humour… et la longévité puisqu’à 90 ans passés, il est toujours sur les planches. 73 ans de théâtre… Qui dit mieux ?
Ce qui donne d’ailleurs le titre de cet entretien avec François d’Orcival car après lui avoir dit « Mais vous jouez toujours ? » les gens s’étonnent qu’aujourd’hui il joue encore !
Mais le théâtre, depuis que petit, il a rencontré Guitry puis plus tard l’a rencontré et joué, il n’a jamais pu s’en passer, curieux de tous les rôles, de toutes les pièces, classiques ou modernes, ces dernières l’ayant incité à quitter la Comédie Française où il se sentait un peu engoncé et ayant peur de devenir routinier en attendant la retraite.
Coup d’éclat, crime de lèse Comédie Française mais essai transformé puisque sa première pièce hors les murs de la Maison de Molière fut, une pièce signée Françoise Dorin au nom prémonitoire « Le tournant ». On est en 73. Il a alors 50 ans… Un tournant qu’il a joué à Paris et en province près de 700 fois ! Joli tournant.
Province qu’il adore et qu’il aime retrouver en tournée.
Dorin, ça a été « sa » rencontre puisqu’elle lui a écrit plusieurs pièces depuis « Le tournant » et qu’elle partage la vie de Piat depuis 75.
En parallèle avec « Le tournant », il va interpréter le flamboyant Robert d’Artois dans la série « Les Rois maudits » qui va en faire une énorme vedette. Il osera également reprendre le rôle de Brel dans « L’Homme de la Mancha » et s’en tirera bigrement bien.
Dans ce livre, on retrouve la finesse, la classe et l’humour de cet homme même si quelquefois le jeu des questions – réponses alourdit le récit. Il est vrai que Jean Piat a tellement écrit (car il a aussi ce talent !) que ça l’a peut-être reposé de ne faire que répondre à des questions.
Et nous découvrons une vie d’artiste bien remplie.

51rs+ISXdEL._SX422_BO1,204,203,200_ 9782268079080_1_75

Charles AZNAVOUR – Vincent PERROT « Ma vie, mes chansons, mes films… »
(Ed la Martinière)

Après un très bel album sur Vladimir Cosma, Vincent Perrot récidive avec Charles Aznavour.
Et c’est encore un superbe album où l’on retrouve Aznavour, sa vie, son oeuvre, ses amours… ses emmerdes avec une belle bio très fournie, une longue et belle interview très intelligente, de belles photos du chanteur, de l’acteur, des documents rares et surprenants, des affiches de l’homme qui a mené en parallèles ses deux carrières et qui est l’artiste français le plus connu après Piaf en Amérique et dans le monde entier.
Ce livre est né d’abord d’une admiration sans limite de Vincent Perrot pour l’artiste. Il y a 15 ans qu’il pensait à ce livre… Il a mis 15 minutes pour avoir son feu vert !
Et aussitôt, une complicité s’est installée entre les deux hommes qui se sont trouvé plein de points communs, de sujets de prédilection.
Adrian Martini les a enregistrés durant des jours avec, à la sortie, cinq heures de documents à revoir et monter, où Charles parle de sa vie, de ses rencontres, de ses films, de ses chansons, de ses voyages, de ses racines, de sa famille.
Certains documents son rares, parsemés de témoignages de Lelouch, Cayatte, Galabru, Jean-Claude Carrière, sa sœur Aïda Garvarentz… quelques autres encore.
On y trouve aussi les paroles de quelques chansons devenues incontournables, qui font partie du patrimoine de la chanson française, qu’il a écrites pour la plupart avec son beau-frère Georges Garvarentz.
Bref, si l’on connaît déjà beaucoup de choses sur cet artiste devenu une légende – car il a, de son côté, écrit beaucoup – on découvre encore des choses, des facettes, des anecdotes et des documents rares.
C’est un vrai grand plaisir de le feuilleter et de le lire.

Jean-Claude LAMY – Philippe LORIN « Chez Brassens, légende d’un poète éternel »
(Ed du Rocher)

En voilà encore un dont l’œuvre traversera longtemps la chanson française éternelle, même celle-ci, par sa faute, restera dans l’hexagone.
Car si le compositeur ou même le chanteur, a été quelquefois décrié, on ne peut lui enlever son talent d’auteur, de poète.
L’homme à la pipe est entré dans la légende comme Brel, Ferrat, Ferré,Trenet. Et ils sont peu nombreux à avoir gardé cette aura bien « longtemps après que le poète ait disparu ».
Voilà donc un très bel album écrit et peint à deux mains : la plume pour Jean-Claude Lamy, le pinceau pour Philippe Lorin.
Le premier avait déjà écrit un livre sur l’artiste « Brassens, mécréant de Dieu ». Quant l’autre, il a immortalisé par ses aquarelles, des artistes comme justement Brel et Ferrat mais aussi Colette ou de Gaulle.
Le premier raconte la vie du poète, le second, en contrepoint, nous propose ses oeuvres, des aquarelles où l’on retrouve maints portraits de Brassens mais aussi de Trenet, de Paul Valery, de Paul Fort, de Lino Ventura, de Pierre Mc Orlan, de Maurice Fanon, de beaucoup d’autres, les rencontres et les amis de Brassens qu’il immortalise d’un joli coup de pinceau.
Mais on retrouve aussi les paysages de Sète qui était la ville de Brassens, qu’il a si bien chantée et que Lorin nous offre comme des souvenirs, des cartes postales.
Un album inspiré, une oeuvre d’art dont certaines peintures mériteraient de faire l’objet d’une exposition. Un très bel hommage.

Jacques Brachet