Carlos BATTLORI
L’Afrique du Sud à Tourtour

ACarlos Battlori est un personnage hors normes.
Ce Catalan qui a grandi en France, du côté de St Tropez, a un jour découvert l’Afrique du Sud. Il en est irrémédiablement tombé amoureux, tout comme il est tombé amoureux de grands artistes sculpteurs, inconnus de nous et qu’il s’efforce de faire connaître pour les aider à travailler et gagner leur vie.
Naturalisé français, ce « Citoyen du Monde » installé dans le Midi, fut un compagnon dans le bâtiment et la plomberie.
Il avait des velléités de voyages et avait dans l’idée de découvrir l’Australie. Un concours de circonstance a fait qu’il s’est retrouvé… en Afrique du Sud !

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« J’ai trouvé le pays magnifique – nous raconte-t-il avec sa faconde toute méditerranéenne – j’en suis tombé amoureux et j’ai décidé d’y rester, malgré l’Apartheid. J’ai trouvé un patron qui a apprécié mon travail, j’ai travaillé chez lui durant six ans. Et puis, j’ai voulu voler de mes propres ailes. J’ai monté mon entreprise et y j’ai très vite travaillé pour d’autres entreprises, des hôtels, un aéroport… Là, j’ai rencontré Mathieu Gidi. Une amitié est née et il m’a fait découvrir de merveilleux artistes qui sculptent dans les roches fines et précieuses avec un talent, un amour et une passion formidables. Ce sont tous des autodidactes.
J’ai voulu les faire connaître, d’autant que certains sont très âgés, quelques-uns d’ailleurs ont disparu entre temps et il n’y a pas, hélas de relève car pas d’école pour former des jeunes.
Le modernisme a fait beaucoup de mal à l’Afrique »

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H G

Quant à lui aujourd’hui, pour des raisons de sécurité, il est revenu en France mais il partage son temps entre le Midi, où il a, avec sa femme Lyn, ouvert la Galerie du Jas à Tourtour, et l’Afrique du Sud où il ramène des trésors d’œuvres d’art qu’il essaie d’y faire connaître.
Et il le fait avec tout l’amour qu’il porte à ce pays et à ces artistes.
Là bas, il a fait de belles rencontres comme Pik Botha, ministre afrikaner sous Nelson Mandela. Sa rencontre avec ce dernier, d’ailleurs, la bouleversé en découvrant un homme d’une grande simplicité, d’une grande humanité, qui ne savait pas ce qu’était la haine. D’en parler, il en a encore une immense émotion.
« Depuis la disparition de Mandela – me confie-t-il – l’Afrique ne va pas bien et si je peux aider ces artistes à vivre, je le fais avec tout mon cœur. Je ne suis pas là pour « faire du fric » mais pour les aider à se faire connaître, à vivre de leur art afin qu’ils puissent continuer à travailler ».

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Carlos et ses amis sculpteurs Gidi et Sibanola
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Entrer à la Galerie du Jas, c’est entrer dans un monde animalier fantastique.
Mais avant de découvrir les œuvres, on découvre cet homme bouillonnant de passion et sa femme, Lyn qui, elle est toute en retenue, tout en humour et qui essaie de canaliser la fougue de son homme !
C’est une histoire d’amour de plus de quinze qui vient de trouver son point d’orgue avec la naturalisation de Lyn qui est chinoise, qui a dû attendre tout ce temps pour être reconnue citoyenne française !
Quant aux œuvres, elles sont d’une beauté exceptionnelle, à couper le souffle, sculptées dans des roches superbes comme le grossular, appelé plus communément le jade d’Afrique. Il y a aussi la verdite, extraite des mines de cuivre du Zimbabwe, mélange de quartz et de serpentine desquelles naissent des animaux, des bustes, d’une grande beauté, d’une précision d ‘orfèvre, d’une vérité palpable.
On découvre de petites merveilles comme ces lampes dont le pied est constitué par une dent de phacochère, le chapeau n’étant autre qu’un oeuf d’autruche finement sculpté, aussi léger que de la dentelle. Des milliers de détails sont taillés dans la masse, d’une seule pièce, et toutes ces pierres ont des nuances à l’infini.
L’été terminé, Carlos et Lyn reprendront le chemin de l’Afrique du Sud :
« J’ai l’Afrique dans le sang et dans le cœur. Je ne peux pas m’en passer ni m’en éloigner trop longtemps, même si là-bas la vie n’est pas toujours facile. Et c’est justement pour ça que je veux aider ces gens de tout mon cœur ».

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Alors un conseil : « montez » à Tourtour. Vous y découvrirez d’abord un village typiquement provençal, qui en a gardé le charme d’antan, même si celui-ci fut le havre de paix de Bernard Buffet qui a laissé son empreinte.
A l’entré du village, vous attend Carlos et Lyn Battlori à la galerie du Jas. Accueil chaleureux assuré et découverte d’une caverne aux trésors, d’une rareté et d’une beauté absolues. Vous découvrirez un pays, un art et des artistes qui méritent le détour.
Vous tomberez comme moi sous le charme !

Jacques Brachet

Galerie du Jas – 2, traverse du Jas – Tourtour
04 94 50 66 02 – carlin5@wanadoo.fr