Francis CABREL sept ans après… Le temps qui passe….

Comme chaque album de Cabrel, c’est toujours une bonne et belle surprise et surtout une surprise que l’on goûte d’autant plus qu’elle est une denrée rare.
Sept ans…
Sept ans de réflexion pour faire en quelque sorte le bilan d’une vie lorsqu’on atteint la soixantaine. Le bonheur, les malheurs, le temps qui passe, les enfants qui s’en vont, le monde qui se dérègle et l’amour.
L’amour plus fort que tout, qui vous réconcilie avec la vie.
C’est un disque à la fois nostalgique et optimiste. Le disque d’un homme qui réfléchit sur la vie, sur sa vie et sur le monde.
Il y a beaucoup d’humanité dans ce disque proposé par cette « force tranquille » qu’est Cabrel et le rencontrer renforce l’idée que Cabrel est une belle âme.

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Francis, comment avez-vous concocté cet album ? Y avait-il une idée directrice ?
Non car je vis au jour le jour et même si j’aime les albums qui suivent une certaine route, ce n’est pas le cas pour moi. Je travaille à l’emporte pièces ! Une idée après l’autre et entre les deux il y a un espace temps. Je travaille donc sur des idées, des sujets divers sans rapport l’un avec l’autre.
Cet album, l’avez-vous écrit avant ou après celui de Dylan ?
Je l’ai écrit en deux fois: six chansons avant, six chansons après. J’ai dû m’arrêter pour Dylan puis j’ai enchaîné avec « Le soldat rose ». Et je me suis remis à l’album.
S’il n’y a pas vraiment de fil conducteur, le disque est marqué par deux personnalités : le Christ et Mandela…
Je pense que Mandela, toutes proportions gardées, est un nouveau Christ car, comme lui, il a eu une vie horrible et n’en a pas tiré rancune, au contraire. Il y avait une grande bonté qui émanait d’eux. Je me suis aussi rendu compte que chacun avait eu deux vies. Ils nous ont aussi tous deux donné une belle leçon d’humanité.
« Dur comme fer » parle d’arnaque à la séduction. A qui pensez-vous ?
Au hommes politiques entre autres qui promettent dans les hautes sphères mais qui, une fois élus, papillonnent plus dans les médias que de faire ce pourquoi ils ont été élus !
« A chaque amour que nous ferons » est une belle chanson d’amour. Est-ce que vous parlez aussi bien d’amour que vous le chantez ?
Ah non, Je le chante plus facilement que je n’en parle dans la vie ! Ce sont des choses que je ne dis jamais dans la vie, dans les yeux. Un excès de pudeur, de timidité peut-être. Je me réserve pour la parole chantée car dans la chanson… j’ose !
Lorsque vous écrivez, vous arrive-t-il de retrouver des chemins déjà pris ?
Mon principe N°1 est justement d’éviter les sentiers sur lesquels je me suis déjà promené. J’essaie toujours de ne plus réécrire ce que j’ai déjà écrit. Où alors, je prends l’idée sous un angle nouveau.
Vous affirmez dans « Partir pour rester » que « le seul remède c’est l’amour »…
Et j’en suis sûr. Je pense que l’amour est plus fort que le temps qui passe et j’avais envie de le dire alors que j’ai largement soixante ans et que je sais de quoi je parle.
« Les tours gratuits » est une chanson assez mélancolique sur les rapports père-fille..
Faire des enfants, c’est formidable mais un jour vient où ils partent et c’est un déchirement. Sans eux, la maison semble vide, mais c’est a vie et on ne peut y échapper. Alors bien sûr, ce ne peut être que mélancolique, même si j’ai essayé d’en faire quelque chose de léger.

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Mélancolique et léger… Voici une belle définition de cet album intitulé « In extremis » (Sony Music), qui nous offre un Cabrel qui mûrit bien et qui, avec le temps, se bonifie et reste l’un des grands de la chanson française.

Jacques Brachet