Tournage France2 à Marseille : « Ca va passer… mais quand ?

Nous sommes à Marseille, en haut de la Canebière où, en ce jour de décembre, les santons se sont donnés rendez-vous, se prélassant sous un soleil printanier. Nous entrons dans un bel immeuble haussmannien habité de médecins et d’avocats mais, au troisième étage, nous arrivons en plein repas. Deux couples parlent de leurs problèmes. Surtout un : Patrick et Sophie qui ont de gros problèmes avec leur adolescente, Paola.
Rassurez-vous, c’est en toute discrétion que nous arrivons sur cette scène concoctée par Céline et Martin Guyot, filmée par Stéphane Kappes et notre couple est en fait Stéphane Freiss et Julie Gayet qui tournent une fiction pour France 2, intitulée « Ca va passer… mais quand ? »
Et nous avons rendez-vous avec eux et Mélusine Mayance, qui joue leur fille.
Chacun nous racontera son rôle, son histoire… Ils nous ont tout dit sauf… quand ça va passer sur France 2 !
Quant à Julie Gayet, vu son actualité, pas d’interview. Mais Christian Servandier a fait de belles photos quand même.

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STEPHANE FREISS : un père dépassé par les événements
Il a une grippe carabinée. Il tousse comme un perdu entre deux scène, se bourre de médicaments pour tenir le coup et pourtant, super professionnel, il est pr^t dès qu’on dit « moteur. Entre deux scènes et trois médicaments, il prend le temps de nous accorder un moment d’entretien. Merci l’ami !

« Stéphane, parle-nous de ce rôle.
C’est un père de famille… je connais ça !
C’est un homme débordé… je connais ça aussi !
C’est un homme inquiet… je connais encore ça !
Ceci dit, c’est un père dépassé par les événements, qui n’a pas de réponses aux questions qu’il se pose tout d’un coup, face à son adolescente de fille. Lui et sa femme sont pris dans la tourmente qui se complique avec tous les excès possibles. Ce sont deux pauvres êtres absolument submergés !
Ce qui est jouissif c’est qu’on vit un drame – une tragédie, même ! – et que c’est traité sur le mode de la comédie. Disons que c’est une tragi-comédie car dans cette situation, beaucoup de gens s’y reconnaîtront.

C’est ce mode d’expression qui t’a plu ?
L’histoire m’a tout de suite plue car elle est magnifiquement écrite. C’est plein d’énergie, ça rebondit très vite, on est pris par l’action sans temps morts, on n’a pas le temps de réfléchir, on y va. Sans prétention, ce sont des rôles d’une grande virtuosité qui nous poussent. C’est à la fois excitant et audacieux.

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Connaissais-tu Stéphane Kappes ?
Pas du tout mais j’ai très vite perçu chez lui sa précision car il a des idées très précises qui sont jubilatoires. C’est un vrai metteur en scène. Il est agréable dans le travail car sa caméra est au service de la situation. Il tourne avec simplicité, sans en rajouter. De plus, on se sent aimé de lui et ça nous galvanise. Notre complicité grandit au fur et à mesure du tournage. C’est un vrai bonheur de se laisser ainsi glisser.
Et puis, c’est un homme de bon goût… enfin, du même que le mien !

Parle-nous de ta fille et de ta femme !
Ma fille c’est Mélusine Mayance qui est, malgré ses 14 ans, non pas une adolescente mais une vraie comédienne inspirée qui joue avec un instinct sûr, qui comprend tout, tout de suite, qui est toujours juste. Elle est d’une vérité confondante. J’avoue qu’il m’est rarement arrivé, même avec des comédiennes chevronnées, d’être dans une telle osmose, une telle confiance au point de m’appuyer quelquefois sur elle. Elle possède une grande concentration, une grande disponibilité et joue avec un naturel désarmant. C’est rare, ça m’enthousiasme… C’est agréable de se laisser ainsi dévorer !

Et ta femme ?
C’est donc Julie Gayet, que je connaissais puisque nous avons tourné ensemble deux courts métrages. Julie est une femme pudique, secrête, réservée, qui s’ouvre dès qu’elle est dans le personnage.
Il y a entre nous une belle complicité, un très bel échange et je crois qu’elle est autant subjuguée que moi devant Mélusine ! »

MELUSINE MAYANCE : la petite peste en crise
Elle ressemble à Alice au pays des merveilles avec son beau regard bleu, son sourire, ses longs cheveux blonds et sa luminosité. 14 ans et déjà une carrière de 15 films derrière elle ! Il faut dire qu’elle a débuté à 9 ans et qu’elle est aujourd’hui une vraie professionnelle
Elle a de qui tirer puisque Chris, son père, a toujours baigné dans le cinéma après un passage de chanteur de rythm’n blues. Il fut affichiste et à à ce titre a travaillé avec les plus grands, de René Château à Georges Lautner, en passant par Belmondo, Audiard et beaucoup d’autres. Puis, tout en restant directeur artistique, il s’est tourné vers le coaching et la direction d’acteurs. Mélusine a toujours baigné dans ce monde et il était normal qu’un jour elle y fasse son trou… tout comme sa petite sœur,.Cassiopée qui, à 8 ans, a déjà tourné trois films ! Des chats ne font pas des chiens !

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« Pourtant – me confie-t-elle – je ne pensais pas devenir actrice. Le hasard a fait que, sortant de l’école, j’ai été approchée pour un casting sauvage. J’en ai parlé à mon père qui m’a simplement dit : « C’est toi qui décides ». J’y suis allée… et je me suis retrouvée dans le film de François Ozon « Ricky »‘
Depuis ça n’a pas arrêté. Mon père est évidemment mon coach, il trie les scénarii qui me parviennent et après, c’est toujours moi qui décide de tourner ou non.

En fonction de quoi les choisis-tu ?
De l’histoire, du scénario. Je ne regarde pas si c’est pour la télé ou le cinéma, ni si c’est un rôle de premier plan ou pas. Il faut que l’histoire et le rôle me plaisent. Bien sûr je regarde aussi qui est le réalisateur. E puis je dis oui ou non.

Et les comédiens ? T’impressionnent-ils ?
Pas du tout, je les fréquente depuis que je suis toute petite. Je suis toujours heureuse de les rencontrer, de travailler avec eux. J’ai fait de super belles rencontres.

Ta plus belle rencontre ?
Toutes sont belles mais peut-être celle de Mads Mikkelsen avec qui j’ai tourné « Michaël Kolhaas » d’Arnaud Des Pasliers. Je l’ai adoré, il est très gentil… Il est génial !

Et ton plus beau souvenir ?
La montée des marches au festival de Cannes avec toute l’équipe de ce film et… ma belle robe rouge ! C’était magique !

Et l’école dans tout ça ?
La DDAS veille à ce que je ne tourne pas sans arrêt. Je fais deux ou trois films par an et je suis dans une école spécialisée où tous les élèves pratique la musique, la comédie, le sport, le cirque… afin de continuer une scolarité normale.

Alors, parle-nous de ton rôle dans ce film…
Je suis Paola; une ado insupportable à qui on a envie de donner des baffes ! Je suis en pleine crise d’adolescence, je suis cyclique, un jour gentille, un jour agressive, je passe du coq à l’âne sans raison et je rends fou mes parents qui, pourtant, sont cools. J’adore ce rôle car il y a une belle palette de sentiments à jouer.

Tu as déjà tourné avec Stéphane Kappes ?
Oui, j’avais 9 ans et c’était pour « Vive les vacances ». Je l’adore et je suis heureuse qu’il ait pensé à moi pour ce rôle. »

Quelle spontanéité, quel naturel et quelle maturité chez cette adorable adolescente pas comme les autres. Et en même temps, quelle passion, quelle énergie et quelle simplicité…
Bref, on est tombé sous le charme de celle nouvelle Alice au pays des merveilles !

Jacques Brachet
Photos Christian Servandier