NOTES de LECTURES
par les PLUMES D’AZUR

Millet guenassia

Richard  MILLET : Dictionnaire amoureux de la Méditerranée (Ed Plon)
Autour de cette mer aux multiples noms : Mare Nostrum, Mer blanche du milieu, Adriatique, Egée, l’auteur nous offre de petits chapitres traitant de la façon dont chaque peuple a rattaché des souvenirs, des couleurs, des légendes, des coutumes, personnages, des plats.
Se lit au petit bonheur la chance en ouvrant une page puis l’autre en picorant de-ci de-là mille évocations autour de cette mer mythique.

Jean-Michel GUENASSIA : Trompe le mort  (Ed Albin Michel)
Roman d’aventures, haut en couleurs, Trompe la mort est le nom donné par l’auteur à son héros, véritable pourfendeur de catastrophes et qui sort indemne de tous ses avatars.
Fils d’un Anglais et d’une Indienne, fruit de sa double culture, il vivra successivement en Inde puis en Angleterre  avant de revenir vers ses sources sous les traits d’un détective privé mandaté par un père à la recherche de son fils disparu. Toujours abattu, toujours ressuscité, il passera à travers mille aventures sortant chaque fois cabossé mais vainqueur des terribles péripéties qu’il côtoie. Il est l’archétype de l’innocent qui surmonte l’insurmontable, Volontaire, généreux, naïf, discret, Tom avance dans la vie, une vie cruelle mais qui lui offre à chaque épreuve une échappée vers l’espérance.
Jean-Michel Guenassia a dû s’amuser en écrivant « Trompe la mort », les évènements s’enchainent sans ennui,les invraisemblances ne trompent personne puisqu’elles sont l’essence même du livre, Quelques longueurs toutefois,mais l’auteur décrit magnifiquement l’Inde, New Dehli avec ses contrastes, ses habitants attachants ou détestables,
Une lecture agréable,un roman d’aventures un brin mélodramatique, une nouvelle facette du talent d’écrivain de Guénassia un bonheur pour les aficionados

Author Russell Banks, August 2013. photo by Nancie Battaglia Photo 1 Bruno Carlisi Editions Carpentier DR

Russell BANKS : Un membre permanent de la famille (Ed Actes Sud)
Les douze nouvelles qui composent le dernier ouvrage de Russell Banks sont sa perception très pertinente de la société américaine d’aujourd’hui. Autour de New York ou en Floride, elles décrivent en quelques pages la fragilité des êtres, leur indifférence, leur solitude, leur refus de regarder une vérité dérangeante.
Russell Banks aime ses personnages, il les comprend, il les accompagne dans leur désarroi ou leur délire, c’est particulièrement frappant dans « Blue ». Une femme noire venue acheter une voiture d’occasion avec les quelque milliers de dollars difficilement économisés, est attaquée par le chien de garde du parc-automobile. Réfugiée sur le toit d’une voiture, elle cherche à attirer l’attention du premier passant, un jeune noir qui judicieusement appelle une chaîne de télévision ; rapidement sur place l’équipe filme et repart vite vers un nouveau fait divers plus vendeur.  Cette nouvelle est cruelle, tout comme celle où un ancien marine à la retraite est acculé par la crise immobilière des subprimes, ou celle qui porte le titre du livre, le membre permanent de la famille étant le chien difficile à partager après un divorce et qui finit sous les roues de la voiture.
Chaque nouvelle est une petite pépite de la vie américaine. Fort bien traduites de l’américain par Pierre Furlan, elles représentent  la réalité du quotidien, une réalité troublante, émouvante, pitoyable et parfois jubilatoire. Russell Banks fouille l’âme humaine. Pas besoin de chercher le vécu dans ces nouvelles, elles sonnent juste pour notre plus grand plaisir de lecture

Bruno CARLISI : Alzahel ou les Nuits que Shahrazad n’eut l’audace de conter
(Ed Didier Carpentier

Bruno Carlisi est libraire. C’est son premier roman et il a été finaliste  du prix Matmut du premier roman en 2014.
A l’époque du calife Haroun al-Rachid,  Alzahel naît et sa naissance a été  précédée de présages.  Détenteur du verbe droit qui donne à la parole le pouvoir du tuer, il est amené à  partir à la recherche des ravisseurs de ses « mères » prisonnières d’un livre aux pages blanches.
Dans la tradition des contes arabes, le narrateur interpelle régulièrement le lecteur.
Cette quête étrange nous emmène dans des aventures extraordinaires faites de rencontres étranges, de phénomènes surnaturels, de joutes verbales… mais que c’est long!
Les situations critiques et périlleuses se succèdent sans fin et cela devient lassant et sans grand intérêt.  Difficile d’en venir à  bout

viktor Alexakis -®-áJohn Foley 1

Viktor LAZLO : Les tremblements intérieurs (Ed Albin Michel)
Tout commence avec un entrefilet dans le journal annonçant qu’AlmaSol, chanteuse caraïbaine, célèbre dans les années 80 a disparu. Cette nouvelle replonge Aurèle qui l’a connue autrefois dans leur passé
Ce qui est intéressant dans ce roman c’est que trois narrateurs se succèdent et chacun  présente un aspect d’Alma, rendant plus opaque encore le personnage qui exerce peu à peu sur le lecteur la même fascination que sur ses narrateurs.
Ainsi s’accumulent les questions.
Le titre est aussi énigmatique que le personnage principal, c’est seulement dans la dernière partie que le lecteur en découvre le sens puisque ces tremblement sont ceux qui s’emparent d’Alma de manière irrépressible après avoir subi les coups de celle qui prétend l’aimer
En résumé, un roman agréable au style sec et nerveux qui construit par petites touches un personnage principal particulièrement attachant.
On sent que l’auteure s’appuie ici sur son expérience personnelle donnant ainsi encore plus de relief au personnage.

Vassilis ALEXAKIS : La clarinette (Ed Seuil)
La clarinette ! Un mot qui résonne joyeusement aux oreilles alors qu’il occasionne pour l’auteur un trouble, un trou de mémoire angoissant qui lui donne envie d’écrire un livre sur la mémoire, les souvenirs, l’oubli et leurs impacts dans la vie quotidienne.
Ce livre s’adresse à son ami et éditeur Jean-Marc Roberts en phase terminale de cancer. La traduction en grec de son dernier roman « L’enfant grec » est le fil conducteur  d’une analyse pertinente, personnelle, haute en couleur, accusatrice.
Ce livre tellement plein de vérité ne peut être seulement un roman, c’est un appel au secours d’un pays si beau, marqué par son histoire antique, un pays auquel le mot vérité a été banni du vocabulaire. La peine immense du décès de Jean-Marc Roberts travaillant jusqu’à son dernier souffle augmente l’intensité de ce merveilleux livre.

Gary Shteyngart (c) Patrice Normand Photo 1 Laurence Barry Copyright DR

Gary SHTEYNGART : Mémoires d’un bon à rien (Ed de l’Olivier)
Comment se construit-on lorsqu’enfant on a peur de tout, qu’on a d’effroyables crises d’asthme, qu’on est né juif  et qu’on est une source de déception pour ses parents : « morveux » pour son père « petit raté » pour sa mère ?
En écrivant ses mémoires, car le bon à rien se révèlera  écrivain à succès.
De sa naissance jusqu’à l’âge adulte, des premières années en Union Soviétique jusqu’à son installation et sa jeunesse aux Etats-Unis, le garçon rejeté endossera une série de personnages  pour se faire accepter, jusqu’à ce qu’au fil des rencontres il accepte d’être lui même. C’est également une quête du père à travers plusieurs images paternelles.
Ce qui fait l’intérêt de ce récit c’est l’humour et la dérision, « le bon à rien » n’hésite pas à se présenter sous un jour ridicule comme pour confirmer le jugement de ses parents, pour se faire, il se cache derrière des personnages dérisoires. A travers ses mémoires, il dépeint également sans concession et avec humour les travers des deux sociétés l’ex Union Soviétique et les Etats-Unis d’autant que ses parents ont bien du mal à décrypter les règles de ce pays dont ils veulent devenir citoyens à part entière.
C’est cette richesse et ce foisonnement qui rendent parfois la lecture de ces mémoires un peu  laborieuse

Laurence BARRY :T rois jours ( Ed Didier Carpentier)
Trois jours.
C’est le temps dont dispose Judith, appartenant à une famille juive immigrée en Israël  pour séparer  sa sœur Juliette de Mehdi, un tunisien musulman qu’elle a rencontré à Paris où elle vit
Pour Judith cette union détruira leur père déjà fortement ébranlé par la mort de Jonathan, le jumeau de Juliette, engagé dans l’armée et tué dans un attentat sept ans plus tôt.
Trois jours donc, pour mener à bien son projet. Chaque journée est partagée en sept  petits chapitres; seule  la dernière journée n’en contient que six, comme s’il restait encore une page à écrire, comme le suggèrent les dernières lignes.
L’auteure, qui a vécu à Paris avant de s’installer en Israël  aborde avec justesse de nombreux thèmes universels : difficultés à renouer des liens fraternels distendus par des modes de vie différents, souffrance qu’engendre  le deuil , difficulté à dépasser la haine que le conflit israélo-palestinien a fait naître
Ce premier roman est très habilement construit. Jusqu’à la fin, on se demande si le projet de Judith va réussir et si même, elle le souhaite Le lecteur  s’attache  aux deux sœurs à Juliette qui a choisi  de tourner le dos à l’intolérance et à Judith qui  croit pouvoir recréer les liens familiaux en séparant sa sœur de l’homme qu’elle aime.

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Milena AGUS – Luciana CASTELLINA : Prends garde (Ed  Liana Levi)
Traduit de l’Italien par Marguerite Pozzoli et Marianne Faurobert
Le même épisode de l’Histoire : le lynchage à Andria dans les Pouilles le 7 Mars 1946 des sœurs Porro, par une foule d’ouvriers agricoles, affamés par les propriétaires terriens. Lynchage de ces vieilles demoiselles vu par une historienne et une romancière.
Les deux auteurs se penchent sur les événements qui se sont passés dans les Pouilles en 1946. Deux des quatre sœurs Porro, très riches, mais qui vivent pauvrement et recluses dans leur palais, ignorent tout du monde qui les entoure, ont été assassinées lors d’une révolte  des ouvriers agricoles, dans le contexte trouble de l’époque, la situation sociale étant au  bord de l’explosion avec le débarquement des alliés  à Tarente, en Italie du Sud, la dissolution du parti fasciste, l’établissement du roi à Brindisi et la famine.
Cet épisode, peu connu de l’Histoire de l’Italie est envisagé de deux façons : L’historienne relate les faits et la situation des Pouilles entre 1943 et 1946, la romancière y ajoute du  romanesque, ce qui permet de voir les personnages s’animer et vivre. Elle nous font entrer dans la psychologie des sœurs Porro que l’on peut voir tout à la fois comme victimes d’une situation dont elles n’ont pas conscience, mais aussi comme responsables de cet aveuglement. C’est ici que le titre prend tout son sens.

Val McDERMID : Lignes de fuite ( Ed Flammarion)
Traduit de l’anglais par Perrine Chambon et Arnaud Baignot

Stéphanie Harker, citoyenne anglaise est un « nègre », qui écrit dans l’anonymat l’autobiographie d’une jeune femme, Scarlett, ancienne star de télé réalité. Elle est sortie de la cité après une enfance très difficile et s’est créé un personnage public. Une amitié sincère naît entre les deux femmes.
En transit dans un aéroport américain le fils de Stéphanie, Jimmy est enlevé. Mais le petit garçon enlevé est en réalité le fils de la star. Situation complexe, car Stéphanie sera de plus en plus impliquée dans ce thriller psychologique.
Le sujet de ce roman, au style clair et fluide n’est pas seulement un kidnapping d’enfant mais une réflexion sur la télé réalité et le pouvoir de l’image.
L’auteur britannique a publié plus de 20 romans en France.

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Le Maître Patrick RAMBAUD : « Le maître »  (Ed Grasset)
Nous sommes en Chine il y a vingt-cinq siècles, le récit nous parle de Tchouang , jeune adolescent élevé par son père Chou et une ribambelle de servantes très attentionnées.
Plutôt qu’un roman ce texte raconte les étapes de la vie du futur maître à penser de l’Asie féodale. Une biographie donc, où nous suivons les étapes de sa formation, rencontrons ses amours, et participons à ses aventures, de la naissance à la mort.
Le style est alerte, la langue actuelle ; il nous est très agréable de parcourir le royaume de Chine et de déambuler aux cotés de Tchouang dans l’immensité de cette nature Le texte fourmille d’anecdotes. « Le monde était une source d’impressions » dit l’auteur et pour nous matière à réflexion.
Dans les villes, son arrivée provoque l’étonnement ; on le questionne, il répond selon ses principes ; il déconcerte souvent. Entre cynisme et sagesse il parle du « danger des convictions », affirme que « la vertu n’est qu’un déguisement de l’intérêt ». Les guerres sanguinaires l’affligent, il fuit les courtisans idiots, reste ferme face aux tyrans. Le récit devient fable philosophique lorsque nous comprenons que son détachement est une réponse à la folie des hommes.
Ainsi de réflexions en réflexions, nous nous immergeons dans un peu de la culture chinoise et si nous ne maitrisons pas Confucius, Mao ou les racines du Taoïsme cette sagesse naturelle nous séduit et semble d’actualité en Europe aussi.

Jérôme GARCIN : « Le voyant » ( Ed Gallimard)
Cette fois encore Jérome Garcin nous propose une biographie, lecture découverte d’un personnage bouleversant.
En 1924 à Paris, nait Jacques Lusseyran, celui qui deviendra un héros de la Résistance curieusement tombé dans l’anonymat.
Nous ne le connaissions pas. Le livre est l’histoire de son parcours, de son amour fou de l’existence, de son engagement, de son tragique destin.
Né d’une famille bienveillante, entouré d’affection, le petit garçon de huit ans voit pourtant son destin basculer lorsqu’à l’école, suite à une bousculade, il perd la vue. « Ses yeux ne se sont pas fermés, ils se sont seulement renversés » nous dit l’auteur. Et c’est en effet à partir de ce moment, que le jeune héros va développer une sorte de regard intérieur une force mentale et psychologique exceptionnelle.
Ignorant son handicap, dès la classe de 6ème au Lycée Montaigne il se fera des amis « pour la vie », tombera amoureux, sera remarqué par sa vitalité, son désir d’engagement. Il s’engagera ainsi dans la Résistance à seize ans, recrutera « Les volontaires de la Liberté » en 1941, rédigera les éditos du Journal de la France à dix-neuf ans !
Emprisonné à Fresnes puis déporté à Buchenwald, il échappera à l’extermination, et se mariera à deux reprises ! Mais « a-t-il sa place dans cet après guerre confus où les purs dérangent et les héros gênent ? » Il sombrera alors dans une longue nuit mentale, morale, et affective, sera séduit par un mouvement sectaire (le groupe Unité), et quelques femmes aussi. Interdit d’enseignement en France, il fera carrière comme professeur d’université en Virginie et dans l’Ohio. Il décédera en 1971, dans un accident de voiture, dans l’anonymat.
Un beau livre, une belle personne, une biographie fraternelle rédigée dans un style fluide qui
séduit par sa force de conviction. Nous nous révoltons contre l’amnésie française.

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François-Henri DESERABLE : Evariste (Ed Gallimard )
Evariste Galois (1811 , 1832) découvre les Mathématiques à quinze ans au lycée Louis le grand, à dix-huit ans il écrit un mémoire tellement révolutionnaire que les matheux de l’époque n’y comprennent rien. Refusé deux fois à Polytechnique, mis à la porte de Normale Sup, les mémoires qu’il envoie à deux éminents professeurs sont incompris et égarés, seul Cauchy comprendra ce génie précoce et préservera le dernier mémoire écrit la veille de sa mort .
Le roman démarre à la vitesse d’un cheval au galop, au tiers de ce petit livre on est essoufflé et on voudrait bien ralentir mais le rythme continue et finalement convient très bien à cette vie fulgurante et si brève qui nous est racontée  Fulgurance de ce cerveau exceptionnel d’adolescent mais aussi de l’époque agitée par des évènements historiques importants.
Il convient de préciser que l’auteur nous propose une biographie et qu’il n’est question de mathématiques que pour fustiger les scientifiques de l’époque qui n’ont rien compris à l’importance de ces travaux précurseurs de la théorie des ensembles .
Ce livre intéressant et émouvant, qui nous plonge non seulement dans une âme tourmentée, mais aussi dans un cerveau en ébullition, est donc accessible à tout un chacun et se lit très facilement

Fred VARGAS : Temps glaciaires (Ed Flammarion)     
La nouvelle enquête du commissaire Adamsberg va nous balader de la région parisienne à l’Islande, à la recherche d’un tueur récidiviste. Il y aura des touristes aventureux désireux de mettre un pied sur le cercle polaire, des amateurs d’Histoire et plus précisément de Robespierre, des éleveurs de chevaux, un marcassin prénommé Marc…
Tous les détails sont intéressants, qu’il s’agisse de la brigade à l’atmosphère baroque, des autres policiers, des suspects, des victimes, de la famille, des amis ou des inconnus de l’Histoire, et nous mèneront doucement mais surement à la résolution de l’enquête .
Ce volume, beaucoup plus long que les précédents, possède néanmoins les mêmes qualités : personnages attachants et bien campés, énigme plausible malgré l’originalité des situations, rythme soutenu, suspense maintenu jusqu’au bout de l’histoire.
Bref nous voilà encore devant un très bon polar ! Un vrai plaisir de lecture !

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Ingrid ASTIER : Quai des enfers (Ed Gallimard)
Initialement publié en Série Noire, « Quai des enfers » a reçu lors de sa parution plusieurs Prix, tous venus récompenser un nouvel auteur talentueux :
Prix Paul Féval 2010 de la Société des Gens de Lettres
Prix Lafayette 2010
Ingrid Astier est devenue la marraine de la brigade fluviale, ce corps prestigieux qui apparait dans ses pages.
Afin de rechercher l’ambiance de son ouvrage, elle a effectué la traversée de l’Oise glacée, à la nage, en plein hiver, aux côtés de ces rudes plongeurs, tous formés spécialement dans ce monde subaquatique où ils ont à rencontrer journellement l’eau froide, le courant, la turbidité et les nombreux obstacles au fond de la Seine dans sa partie la plus  dangereuse.
Il va bien falloir les 480 pages de ce roman dans sa version poche, pour vivre complètement  cette série noire.
L’auteur décide de vous faire connaître dans des détails précis ce drame qui à pour cadre la seine et ses mystérieuses profondeurs, à travers son héros qui va rencontrer des personnages troubles, des jalousies naturellement féminines, des rebondissements entre sexe et drogue. Un tableau de l’ensemble se remettant en cause à chaque page.  Pages qui vous tiendront en haleine jusqu’au matin d’une nuit blanche passée dans l’enfer des quais de la Seine.

Metin ARDITI : Juliette dans son bain (Ed Grasset)  
Le titre de ce livre reprend le nom donné à deux tableaux respectivement peints par Braque selon les critères du fauvisme et Picasso dans sa période cubiste. Un multimillionnaire d’origine modeste se propose de les offrir au musée du XXème siècle. Toute la presse en parle. C’est alors que sa fille unique est enlevée par une soi-disant association des victimes du mécène. Elles se propose de révéler à la presse, par des messages successifs, quelques-unes de ses turpitudes .
Metin Arditi avance pas à pas dans les profondeurs de l’âme humaine. Les meilleures actions cachent-elles les pires infamies ? Le passé, les injustices refont-elles surface à l’âge adulte ? En quoi  « Juliette dans son bain » déclenche un tel désir de vengeance ? Qui est la véritable Juliette ?
L’auteur reprend ses thèmes favoris, le pensionnat, la beauté, la réussite de l’opprimé, la musique.
Roman cruel où l’esthétique tend à effacer les blessures comme ce magnifique « Alleluia » chanté à la perfection, avec plénitude, dans une maîtrise parfaite .
L’auteur nous offre un policier doublé d’une satyre sociale aux personnages simplistes et attachants .