Toulon – Théâtre Liberté :
Petits contes d’amour et d’obscurité

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Ces Petits contes d’amour et d’obscurité , écrits et mis en scène par Lazare, et produits par Vita Nova ! ANAH !, étaient donnés au Liberté pour deux soirées d’avril. Il s’agit de deux pièces époustouflantes et complètement déjantées : « Les Illisibles » et « Quelqu’un est Marie ».
Dans les Illisibles on se trouve projeté à fond la caisse dans un spectacle qui commence dans la salle avec des comédiens qui s’interpellent à grands renforts de clameurs, puis on part sur scène à la rencontre d’Agnès, à la fois comédienne et acrobate, son numéro à la corde raide est stupéfiant d’adresse et de facilité apparente. Elle est l’enfant un peu vicieuse dans sa cabane, la femme que se disputent, Jérôme, très grand parmi les petits, et Léonard avec son double. Jérôme possède la voiture transformable, sorte de baguette magique qui peut tout permettre, même d’aller dans le cosmos. Cette pièce est parsemée de scènes de toutes sortes, où l’on voit par exemple Jérôme dans son bain transformé en psychiatre qui se fait appeler Alain Delon.
Dans Quelqu’un est Marie, Marie a perdu son amoureux, Vladimir, étrange petit homme, qui finalement revient de chez les morts pour exiger en rage, sa soupe à 19 heures précises. Marie est en quête de biscuits, aussi bien ceux que l’on mange que cette porcelaine blanche très en vogue au XVII° siècle, métaphores de l’amour. Marie est hallucinée, aux portes de la déraison ; les objets prennent vie, comme ce balai de cabinet qui s’ennuie. Et c’est parti pour un délire roboratif.

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Les deux pièces sont menées dans un rythme et une frénésie hallucinants. On est à la fois dans la Commedia del’Arte (bien que les textes soient écrits au cordeau), le théâtre de boulevard (portes qui claquent, armoire dans laquelle se cachent et jouent  les protagonistes), l’absurde, le burlesque, voire dans la comédie musicale avec de courtes références comiques, et surtout le cirque par les talents d’acrobates des comédiens, et des dialogues assez souvent façon dialogues de clowns.
La scénographie, la mise en scène, la direction d’acteurs, sont proprement au-dessus de tout éloge. Les textes sont un feu d’artifice verbal. Et pourtant…et pourtant il naît parfois un certain ennui. Ce rythme trépidant, cette exaspération dans l’échange des répliques, (il n’y a jamais d’espace de repos dans lequel on pourrait reprendre souffle, rêver soi-même), finissent par nous faire lâcher prise par instants. N’en reste pas moins que c’est un spectacle qui vaut le déplacement. On en sort ébloui !
Et la fête continuait dans le hall du théâtre avec l’intervention du groupe « La rue KETANOU », trois musiciens-chanteurs : deux guitaristes et un percussionniste auxquels s’étaient adjoints pour la circonstance un  accordéoniste. Ils reprennent la tradition des chanteurs de rue du début du XX° siècle, mais avec un répertoire d’aujourd’hui. Groupe éminemment festif avec un percussionniste haut en couleurs assis au milieu de ses instruments dont il joue magnifiquement. De quoi finir la soirée dans la joie.

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Serge Baudot