Marianne JAMES, d’Ulrike à Miss Carpenter

A

Marianne James a un jour déboulé sur scène dans le rôle l’Ulrike, diva teutonne extravagante et totalement déjantée, à la voix de rossignol, à l’humour à fleur de peau et à la personnalité hors du commun.
Elle ne passe jamais inaperçue, à tous points de vue, et qu’elle soi juré dans « Nouvelle star », fofolle épouse dans « Rabbi Jacob » sur scène, vieille star hollywoodienne déchue dans « Miss Carpenter » ou très bientôt commentatrice du prochain prix Eurovision, on ne peut que se rappeler du passage de cette femme-bourrasque, à la voix qui porte, à la volubilité pleine de charme et à la tendresse car, derrière cette forte personnalité, il y a une femme lumineuse et adorable.
Avec elle, pas d’interview classique mais une conversation à bâtons rompus, où l’on passe de la musique à la politique, de sa jeunesse à ses souvenirs, et bien sûr à cette pièce « Miss Carpenter » qu’elle jouera au théâtre Galli le samedi 14 mars à 20h30.

Alors Marianne, qui est Miss Carpenter ?
C’est une vieille star de 80 ans qui a eu son heure de gloire mais qui, comme beaucoup de ces grandes actrices, est passée de mode mais croit toujours être une grande star. Ce délicieux rossignol vit à l’aise et au-dessus de ses moyens, dans un très grand appartement à Neuilly, entourée de trois « home boys » qu’elle ne paie pas, qu’elle martyrise et que, telle une Mme Bétencourt, se fait voler par eux. Jusqu’au jour où un certain Monsieur Paul Emploi l’appelle pour lui dire qu’on va lui couper les vivres si elle ne cherche pas de boulot. Elle va alors débuter à nouveau des castings qui, évidemment, échouent. Mais la fin est à découvrir.

Comment t’es venu cette idée ?
J’étais en train de l’écrire lorsque, après avoir lu le premier roman de Sébastien Marnier « Mimi », qui m’a fait très peur car très « Stephen King…ien » m’a donné l’idée de faire de cette charmante et fofolle personne, un personnage plus noir qu’on ne le croit. Je l’ai donc contacté, lui ai expliqué ma démarche, il a lu mes écrits et, très excité et amusé, il a dit banco. Et il a trouvé le personnage, les répliques et la double personnalité de cette bonne femme. C’est en quelque sorte un personnage entre la glamour Marilyn et la teigne Tati Danielle !

Autre idée originale : ces trois « home boys » !
Oui, Pablo Villafranca, Romain Lemire et Bastien Jacquemart sont le fil conducteur, jouant ces trois hommes qui sont à son service, mais qui deviennent aussi tous les gens du métier qu’elle rencontre. Avec eux, on joue la comédie, on chante, on danse. car c’est en fait une sorte de comédie musicale avec des chansons très sixties et seventies des Beatles, des Bee Gees mais aussi, évidemment, de l’opéra. On s’amuse beaucoup et mon but était de divertir le public car, je ne sais pas toi, mais je m’emmmerde tellement, quelquefois, au théâtre !
Et puis, on a truffé la pièce de répliques, de pensées, d’écrits de grandes stars comme Girardot, Marilyn, Bette Davis, Romy Schneider… que les gens reconnaissent d’ailleurs. C’est un peu une ode au cinéma.

Tu es vraiment une artiste multi-fonctions : comédienne, chanteuse, danseuse, auteur, animatrice…
Et c’est ce que j’aime dans ce métier, varier les plaisir même si quelquefois, encore en France, ça gêne le métier qui aime classer les gens. Après « L’Ultima Récital », j’ai eu du mal à proposer autre chose. J’ai fait un disque de ballades qui est passé inaperçu. j’aime chanter le jazz comme l’Opéra. L’opéra c’est ma mère qui me l’a fait aimer car elle avait une adoration pour la Callas et lorsque j’ai découvert ma voix j’ai eu envie d’en faire. Avec mon père ça a été Tina Turner, avec mon oncle Dany ça a été la découverte de la guitare et puis, le jazz avec Tony Petrucciani…

Raconte !
Nous habitions Montélimar à côté du magasin de musique de Tony Petrucciani. Il y avait Michel qui avait le même âge que moi et avec qui je suis devenue amie. Et puis, voyant mes dons pour la musique, Tony, durant plusieurs années, m’a donné des cours de musique de la sixième à la terminale et il m’a fait découvrir le jazz et tous les grands jazzmen. Figure-toi que j’étais secrètement amoureuse de Tony qui était aussi mon second papa et qui avait une eau de toilette qui m’enivrait… A quoi ça tient, hein ?
Du coup ,j’aime faire tout ça et au diable la carrière. Je veux avant tout m’amuser, m’éclater.
Nous venons de faire à Paris un concert avec Ibrahim Maalouf , Mathieu Chedid et Grand Corps Malade avec quelque 2400 musiciens au salon Musicora. Ca a été du délire. Voilà, c’est pour ce genre de choses que je vibre.

B

Passons à la jurée de la Nouvelle Star…
Belle expérience encore que de découvrir de nouveaux talents, de les conseiller, d’imaginer ce qu’ils pourront devenir. Et puis, quelle ambiance avec mes trois mousquetaires ! Nous avons passé de bons moments…

Penses-tu avoir été quelquefois blessante ?
Tu crois ? Sévère peut-être mais pas méchante, je pense. C’est vrai que je ne rate pas le plaisir de faire un bon mot mais ça n’est jamais dans le but de blesser, de vexer. Sans compter que ces futurs artistes sont là pour écouter ce que l’on a à dire. J’ai quelquefois eu la dent dure mais je savais avec qui je faisais ça. Par exemple, je savais que Julien Doré avait la solidité à tout entendre. C’était pour eux qu’on disait ce qu’on avait à dire.

Et cette fameuse phrase…
… Oui, je sais « Vous avez de ma merde dans les oreilles ! » Mais c’était tellement vrai quelquefois ! Les premiers à partir étaient à mon avis les meilleurs qui avaient une culture musicale… ce que n’ont pas ces jeunes filles qui utilisent Clearasil et votent non pour le plus talentueux mais pour le plus mignon ! Je me suis donc insurgée, tout comme Manu Katché qui a aussi dit : « Achetez-vous des oreilles ! ». Et ceux qui râlaient étaient ceux qui ne votaient pas ! Du coup, ça a un peu changé la donne et d’autres que les minettes pré-pubères se sont mis à voter !

Nouvelle expérience : tu sera, avec Stéphane Bern, la commentatrice du soixantième prix Eurovision qui aura lieu à Vienne le 23 mai.
Et j’en suis ravie car avec Stéphane on s’entend très bien. Féru d’Histoire, il va nous raconter des anecdotes sur tous les pays, les alliances, les conflits… etc… Quant à moi je commenterai les musiques, les voix, les tenues…. Rassure-toi, je serai très bienveillante… mais non dénuée d’humour et de bonne humeur !
Nous allons passer quatre jours de rêve en Autriche et Stéphane est déjà tout émoustillé de me faire visiter la chambre de Sissi ! Je sens qu’on va beaucoup s’amuser.

Tu connais, bien entendu, la chanson représentant la France ! »
« Noubliez pas » qu’a composée Robert Goldman, le frère de Jean-Jacques et que défendra Lisa Angel. C’est une belle et émouvante chanson et la voix de Lisa est sublime. Et quelle adorable fille… C’est un petit macaron sucré !
La chanson parle des méfaits des guerres, de la démocratie, de cette humanité qui continue ses violences. Elle défend la paix, c’est un sujet grave et il faut y faire attention car, où que l’on soit, elle est toujours en sursis. »

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Propos recueillis par Jacques Brachet