Philippe BERLING « Bonnes vacances ! » (Ed les Amateurs Maladroits)
C’est un tout petit livre aussi discret que son auteur.
40 pages faites de petits paragraphes débutant tous par : « Je me souviens » et illustré de dessins d’un de nos grands plasticiens varois, Serge Plagnol.
Notre ami Philippe nous raconte son adolescence toulonnaise. Une adolescence que nombre de jeunes ont partagé mais aussi quelques autres « jeunes un peu plus vieux que lui »… comme moi !
Toulonnais de naissance, si une génération nous sépare, je me retrouve à toutes les pages à son âge car il se souvient, dans un joyeux désordre, de choses que nous avons vécues similairement : les arrêts au Bizuth, au Corsaire ou à la Réale avant de regagner les cours à Dumont d’Urville; Le Gaumont Palace, haut lieu du cinéma, qui se dressait à l’endroit même où aujourd’hui, s’est installé le Théâtre Liberté qu’il dirige avec son frère Charles; Maurice Arrecks et ses plaisanteries douteuses; Ernest Blanc, ce magnifique baryton qu’on écoutait avec délice à l’Opéra de Toulon; les chichis frégis de la place Paul Comte, si gras et si sucrés, l’ouverture de la Tomate à la Valette où toute la jeunesse dansante et « draguante » se retrouvait; le festival du Jeunes Cinéma (et non du court métrage, petite erreur !) qui était passé d’Hyères à Toulon (et dont je m’occupais), où l’on découvrait des films d’un autre monde, à tous points de vue et jusqu’au catéchisme où il fut aussi peu assidu que moi et encore mes premiers émois (et un peu plus !)) devant les photos de Bardot….
Bref, tout un monde, toute une vie toulonnaise aujourd’hui bien lointaine, qu’il évoque avec humour et nostalgie et qu’on partage avec lui avec un plaisir extrême.
Un seul reproche : c’est trop court car je suis sûr que des « Je me souviens », il en a encore des tonnes à nous faire partager à l’infini… Alors, Philippe, remets-toi au travail !
Jean-Marie PERIER « Loin de Paris » (Ed Kero)
Encore des souvenirs et lorsqu’on évoque JMP, c’est toute notre jeunesse des sixties et de « Salut les copains » qui revient. Qu’est-ce que j’ai pu l’envier d’y être photographe, de côtoyer toutes nos idoles et de faire des voyages superbes au bout du monde et des photos sublimes qui décoraient nos chambres. Il a été l’un de ceux qui m’a donné envie de devenir journaliste !
Le temps passant, le photographe des idoles est devenu écrivain. Aussi doué pour fixer les mots que les images, il est drôle, intelligent, incisif et – habituellement – volubile.
Et si j’emploie ce mot c’est que ce dernier libre m’a, sinon déçu, du moins surpris et ce, pour plusieurs raisons : d’abord il mêle des stars à des inconnus, ce qui est particulier. A la limite, ç’aurait pu faire deux chapitres ou deux livres. Car ses inconnus méritent qu’on en parle. En plus, ses portraits sont, comme dirait son copain Dutronc… mini, mini, mini. A peine deux, trois pages et l’on reste un peu sur sa faim.
Enfin, lui qui a toujours fait des photos sublimes, les voilà, là encore miniatures et imprimées sur du papier qui ne les met pas en valeur. Elles méritaient mieux !.
Ceci dit, c’est toujours avec un grand plaisir qu’on lit sa prose incisive, la précision des mots, la langue française qu’il manie avec grâce, dextérité et panache.
Rien que pour cela… il faut le lire !
Janine BOISSARD « Au plaisir d’aimer » (Ed Flammarion)
Nous passons au roman et, je peux vous l’avouer, j’aime Janine Boissard. Voilà, c’est dit !
Son « plaisir d’aimer » n’a d’égal que mon plaisir de la lire car elle a une plume belle et sensible, des histoires toujours passionnantes et sortant de l’ordinaire et, dès les premières pages, on entre dans le décor et on ne lâche plus ses personnages.
En l’occurrence trois sœurs, mélanges des trois sœurs de Tchekhov… en plus audacieuses, des trois grâces, amies des arts et des artistes, des sœurs Brontë en beaucoup moins tragiques et souffreteuses !
Trois sœurs qui viennent de perdre leur père, Aymard de Fortjoie, vieil aristocrate original et mécène sans le sou qui a recueilli en son château quatre artistes auxquels il croit et qui devront faire leurs valises si nos trois héroïnes ne trouvent pas un moyen de sauver le château familial.
Elles vont alors avoir l’idée de créer une fondation et, pour faire entrer de l’argent, mettre à contribution toutes les bourgeoises avoisinantes en leur demandant de se faire faire le portrait par les artistes, moyennant finance. Ca va marcher et… plus, si affinités ! car il va s’en passer, des choses, dans ce château !
L’atmosphère du roman m’a fait penser au film de Brialy « Les volets clo »s, ambiance essentiellement féminine où se croisent hommes et femmes que l’on découvre au fur et à mesure. Événements drôles et moins drôles, cocasses et coquins, où rire et émotion s’entrecroisent.
Ce roman est un grand bol d’air dans un lieu idyllique avec des portraits de femmes attachants à l’extrême et où tout est bien qui finit bien.
On a du mal à croire que le mot « fin » est arrivé… On les aurait bien encore suivies un moment, ces trois sœurs ! (Photo Astrid di Crollalanza – Flammarion)
Jacques Brachet