Toulon – Théâtre Liberté
Mardi-Liberté avec OTTILIE(B)

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Il est toujours heureux de faire des découvertes artistiques. Je ne connaissais pas la chanteuse  OTTiLiE (B) et ce fut une magnifique rencontre. Une présence scénique indubitable, toute de simplicité et de naturel. Elle se présente entourée de ses instruments : un ordinateur, une guitare, un grand tambourin, un accordéon. Elle utilise aussi une bande sons parfaite, et un pédalier pour commander le tout. On se dit qu‘on a affaire à une musicienne. Dès la première chanson c’est confirmé. Une attitude simple, une voix qui charme, et une étendue de registres incroyable. Une belle tessiture allant du grave à l’extrême aigu, avec une puissance dans le médium digne d’Edith Piaf. Une voix fraîche et pure. C’est une vraie chanteuse, de la trempe des grandes. Elle introduit souvent ses chansons par des diphonies (émettre deux sons de fréquences différentes), chant pratiqué par différents peuples : Mongols, tibétains, Indiens, africains du sud. Ottilie a surtout étudié les chants mongols et sud-africains. Cette technique, associée aux bourdons de l’accordéon par exemple, est d’un effet très prenant. Ottilie a l’intelligence de n’en pas abuser, mais de s’en servir comme de couleurs dans sa prestation. Et quand elle chante, disons de la façon traditionnelle de nos contrées, elle prend sa place dans le gotha des vraies chanteuses. La diversité de ses accompagnements ajoute encore à la force et au plaisir de son tour de chant. Une belle utilisation de « Skype » pour un duo avec André Manoukian sur l’écran de son ordinateur. A noter une splendide chanson qui avaient des échos avec les tristes événements du 7 janvier, particulièrement ressentie par le public. Elle finira son tour de chant en s’accompagnant à la guimbarde, sous les applaudissements nourris des spectateurs.
Toutes les chansons étaient de sa composition, paroles et musiques, sauf « Madame rêve » de Bashung. Elle chante le temps qui passe, l’amour, la vie, les grands thèmes éternels. Sa musique est éminemment belle et personnelle, et les paroles, très fortes, avec des trouvailles qui touchent à la poésie : Va pleuvoir ailleurs si j’y suis – Soupe de grimaces et de poison – Crayons de couleur pour barbouiller les feuilles des jours – Seule, je déborde de la cage que je me forge. Et ceci sur une valse musette : J’ai pris mes crayons de couleurs, blanc sur rouge, rien ne bouge, rouge sur blanc, tout fout le camp, j’ai pris mes crayons de colère.
Il faut absolument qu’elle se produise sur une grande scène. Voilà la saveur des Mardis Liberté, nous plonger dans l’inconnu pour y trouver du nouveau, et du beau.

Serge Baudot

J’ai appris qu’elle était soutenue par France Inter ; espérons que cela aidera à la propulser dans les médias, qu’on puisse l’entendre.
Elle a publié un disque en 2013: « Histoires d’O2 » – (Internexterne-L’autre Distribution)