Léon Vérane, le poète fantasque

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L’association « Les amis du poète Léon Vérane », présidée par Cédric Lerible avait réuni, sous la pluie, des amateurs du poète, ainsi que des élus, Madame Sylvie Graziani et Monsieur Rossillol, qui on favorisé cette réunion dans le petit cimetière de Solliès-Ville où le poète est enterré. Réunion qui a lieu depuis 60 ans, jour de la Saint Léon le 10 novembre. Léon Vérane est né à Toulon au 68 cours Lafayette le 21 décembre 1886, et idée émouvante des « Amis du poète » : acheter des mandarines à un étal du marché du cours Lafayette, juste devant la maison où il est né, et dessiner sur sa tombe un grand « 60 » en mandarines, qui seront dégustées après la lecture.
Le Président rappela succinctement la genèse de ces commémorations et laissa la place à quelques poètes présents pour une lecture de poèmes en hommage à Léon Vérane : Paul Antoine Pancrazi, Babois, Colette Gibelin, Emmanuel Rastouil, Yvan Dimitrieff qui ponctua son texte en frottant le bord d’un bol de cristal dont le son se mariait admirablement au martèlement de la pluie sur les parapluies, ainsi qu’au crissement des graviers sous les pieds.
Puis la petite troupe rejoignit la salle des mariages, non pas pour convoler, mais pour un mariage avec la poésie. Le président Cédric Lerible présenta Léon Vérane, et surtout sa revue les Facettes, ainsi que les poètes publiés dans cette revue en 1914. Il eut bien du mérite pour ses recherches, car il existe peu de documents sur ces poètes oubliés aujourd’hui.
Léon Vérane créa cette revue « Les Facettes » à Toulon en 1910. Elle paraitra jusqu’en 1946 avec des interruptions (de 1910 à 1914, de de 1918 à 1928, en 1931-1932, et en 1945-1946).  Léon Vérane publia huit ouvrages poétiques, cinq études et portraits dont une évocation de Toulon. En 1941 il publie « Imageries toulonnaises ». Il sera bibliothécaire à Toulon, tout en faisant de fréquents séjours à Paris. Il perd son épouse en 1941 et assiste au bombardement de Toulon. (sources visitvar.fr) Lors de vacances à Solliès-Pont il rencontre une belle aubergiste dont il tombe amoureux et qu’il épouse en 1951, il s’installe à Solliès et se fait aubergiste et éleveur de lévriers, hélas pour peu de temps car il meurt le 10 novembre 1954, le jour de la Saint Léon.
Il était considéré comme le « maître ». Il fut l’un des plus ardent partisan du fantaisisme, même si sa poésie échappe souvent aux canons du groupe, car il peut être symboliste, voire précieux. Si ses poèmes sont peuplés de personnages de toutes sortes, de fleurs rares, d’étoffes chatoyantes et de bijoux précieux, c’est encore les places telle celle du Pavé d’Amour, les rues, les fontaines, les bars à matelots qu’il a le mieux chantés comme le Cours Lafayette où il habitait au N° 68, qui fut aussi le siège des « Facettes », nom de sa revue et de sa maison d’édition qui eurent un grand rôle dans la poésie locale et dans la diffusion du fantaisisme dont il fut un membre éminent. Il développe aussi une œuvre en prose dont la pièce maîtresse est « La vie d’Humilis ou le vagabond des cathédrales » qui est en fait la biographie de Germain Nouveau. Bohème impénitent, grand amateur de vin, à la fois impétueux et mélancolique, Léon Vérane, regroupa autour de lui nombre de poètes du fantaisisme.  (Sources : Anthologie des Poètes du Var  – Editions Telo Martius)

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En deuxième partie présentation de la revue « Teste », qui en est à son seizième numéro, par son collectif au complet : Emmanuel Rastouil, Cédric Lerible, Ivan Dimitrieff, Paul Antoine Pancrazi, Emmanuelle Malaterre, Mü. Cette revue Teste, à vocation poétique, est l’évolution de la revue « Testament » : « Teste » en évocation au monsieur Teste de Paul Valéry, et c’est aussi la tête. Le but étant de faire connaître les poètes qui vivent dans la région, mais elle accueille aussi des dessins, des photos, des collages ; elle se veut dans l’art en train de se faire.
Puis nous assistâmes à une lecture croisée, c’est à dire que chaque poète du Collectif dit un poème de la revue Facettes, puis un de ses propres poèmes en écho. Lecture accompagnée par les improvisations à la contrebasse de Marc Tosello, éminent musicien en osmose avec les poètes.
Il est réconfortant de voir que de jeunes poètes des deux sexes continuent sur les traces de leurs prédécesseurs, en prenant la présidence et en animant l’association des Amis de Léon Vérane, par exemple, et en faisant vivre une revue éclectique et dynamique, qu’on peut trouver dans les librairies : Le Carré des Mots – Charlemagne à Toulon, ou en écrivant revue Teste 115 cours Lafayette, Toulon.

Serge Baudot