48 ans après… Belle et Sébastien reviennent

C’est un duo qui a bercé l’enfance et l’adolescence de beaucoup d’entre nous et puis, grâce aux rediffusions Belle et Sébastien ont traversé quatre décennies avec Medhi El Glaoui, fils de Cécile Aubry, celle qui a créé ces deux amis qu’elle a scénarisés et filmés pour la télé.
Aujourd’hui, Nicolas Vannier, cet aventurier moderne qui a traversé les pays de neige comme le Grand Nord, la Sibérie, la Mongolie, l’Arctique, l’Alaska avec son traîneau et ses chiens et en a ramené de superbes reportages, s’essaye à la fiction en faisant renaître ce duo mythique.
Essai transformé car il nous offre une très belle histoire d’amour : amour d’un enfant et d’un chien, amour d’une montagne qu’il vénère depuis son enfance (même s’il est né au Sénégal !)
dans les paysages de Haute Maurienne filmés sur trois saisons et sublimés par ses images, des personnages vrais et simples dans un début de guerre où les Allemands sont omniprésents. Il y ajoute d’ailleurs un suspense qui vous laisse en haleine tout au long du film. Quant à ses comédiens, ils sont superbes, du petit Félix Bossuet désarmant de naturel à Tcheky Karyo, vieux papy taiseux au grand cœur, en passant par Margaux Chatelier et Dimitri Storoge.
Dimitri, accompagné de Nicolas Vannier, qui sont venus nous faire une petite visite au Pathé Grand Ciel.

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NICOLAS VANNIER
« Nicolas, filmer dans la neige, le vent, la brume… Ce n’est pas un film de tout repos ?
Il rit : On ne fait pas ce métier pour se reposer ! Mais c’est vrai que, malgré mon habitude de tourner dans des tourmentes neigeuses, j’ai accumulé les difficultés : tourner avec un enfant et un chien et avec une montagne qui est ce qu’elle est, avec une météo détestable. Mais ça a aussi servi le film même si quelquefois, ça a été compliqué car il fallait souvent changer l’ordre du tournage. En plus, nous avons travaillé à -55° et nous vivions dans un village sans électricité !

Vous avez quand même avoué que pour vous c’était un défi !
Évidemment, parce qu’à ce jour, je n’avais jamais tourné une histoire avec des comédiens. Mais je réunissais toutes mes passions : la montagne, la neige, l’amour des enfants et des chiens… Nous avons tourné dans la Haute Maurienne que je connais bien et dans un charmant village nommé l’Ecot.

Comment vous est venu ce projet ?
Par hasard car il n’a pas été initié par moi. Après le décès de Cécile Aubry, qui avait écrit et réalisé la série, les droits se sont retrouvés chez Gaumont qui cherchait un spécialiste pour en tirer un film. La production a pensé à moi pour faire revivre ces personnages et c’est un véritable cadeau qu’elle m’a fait. J’avoue que j’aurais été frustré et très jaloux que quelqu’un d’autre le fasse. Je voulais m’adresser à la fois à ceux qui ont connu le feuilleton à sa création et le faire découvrir à une nouvelle génération.;

Et la musique ?
Je trouvais évident, même essentiel, qu’on retrouve ces musiques qui sont tellement liées à cette série. « L’enfant et l’oiseau » fait totalement partie de l’histoire. C’est le petit Félix qui la chante puis il a une autre version et l’autre chanson  qui sont interprétées par Zaz.

Et Medhi dans tout ça ?
Évidemmentil avait son mot à dire et s’il n’avait pas été d’accord je pense que j’aurais abandonné le projet. Au départ il était mitigé mais après avoir lu le scénario il a très vite dit oui et accepté le rôle que je lui proposais : il joue un bûcheron qui se fait mordre par « la bête » et c’est bien sûr un clin d’œil. Et bien qu’il ait beaucoup changé en quarante ans, les femmes reconnaissent son regard et son sourire !

Le casting dans tout ça ?
Pour Sébastien, j’ai rencontré 2400 enfants ! Félix Bossuet m’a très vite conquis par son naturel, sa maturité. Tous les comédiens ont été choisis sur castings sauf Tchéky Karyo auquel, sans le connaître, j’ai tout de suite pensé. Après notre rencontre et la lecture du scénario, il a aussitôt dit oui. Il est magnifique, il fait une composition saisissante.

On sent, à votre façon de filmer la montagne, qu’il y a une grande histoire d’amour entre elle et vous…
C’est vrai, je la connais bien et je l’aime et je tenais à lui rendre hommage ».

Il aime d’ailleurs tellement bien sa montagne, que ce magnifique aventurier repartira dès la sortie du film, le 16 décembre, avec ses chiens et son traîneau. Et puis il reviendra tourner un film. Un projet tournant autour de la ruée vers l’or en Alaska, dont il a écrit le scénario.

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DIMITRI STOROGE
Dimitri joue le médecin du village qui, en ces temps de guerre, aide des familles à passer clandestinement en Suisse, avec tout ce que cela comporte de difficultés, de dangers, ayant toujours à ses trousses les Allemands qui veulent l’arrêter.

Dimitri, comment avez-vous eu ce rôle ?
Promis… sans coucher ! Bon, comme tous les acteurs du film, j’ai passé un casting. Puis j’ai rencontré Nicolas Vannier, j’ai lu le scénario et j’ai immédiatement dit oui.

Tourner avec un enfant, ne vous a-t-il pas fait peur ?
On dit toujours que lorsqu’on joue avec un enfant, il vous enlève la vedette. Il se trouve que là… c’est lui la vedette ! Mais il avait un tel sérieux, une telle écoute, une telle compréhension de ce qu’il devait faire et dire que j’ai très vite oublié que c’était un enfant. J’ai joué avec lui comme avec un partenaire ordinaire. il a très vite compris que le film était sur ses épaules. De plus, il avait des journées longues et épuisantes et il ne s’est jamais plaint. Malgré le temps, malgré les exploits physiques qu’il devait accomplir, jusqu’à nager dans l’eau glacée et se pendre dans le vide sans se faire doubler. Et le soir en rentrant, il suivait ses cours !
C’est un petit garçon super courageux.

Vous venez de tourner dans la série « No Limit » avec Tchéky Kario, avec qui vous aviez aussi tourné « Les Lyonnais » d’Olivier Marchal… Vous ne vous quittez pas !
C’est vrai mais ce n’est que le fait du hasard. Nous nous entendons très bien mais nous ne nous sommes jamais concertés pour jouer ensemble. Peut-être que, quelque part, les producteurs ou les réalisateurs nous imaginent dans une même famille d’acteurs. C’est une sorte de cousinage. D’ailleurs je le retrouverai au printemps pour la suite de la série « No limit ».

Avez-vous d’autres projets ?
Je viens de tourner un film de Mathieu Delaporte : « Un illustre inconnu » et un autre d’Olivier Panchat « De guerre lasse » et dès le mois de janvier je serai au théâtre de la Porte St Martin à Paris. Je jouerai Mercurio dans « Roméo et Juliette » de Shakespeare mis en scène par Nicolas Briançon. »

D’un Nicolas à l’autre, ce jeune comédien commence à avoir un joli palmarès derrière lui !

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Propos recueillis par Jacques Brachet