Tout jeune, Joël Carpier aimait, comme des milliers d’ados, Claude François.
Passé son CAP de serrurier, il trouve un emploi dans ce métier. Nous sommes en mai 68 et bien évidemment, il participera à cette révolution, il découvre le syndicat CGT auquel il adhère. Puis il y a l’armée, et à son retour, il entre dans les ateliers où travaille son père. Cégétiste convaincu, il découvre aussi le journal « L’Humanité » qu’il va vendre le dimanche matin à la criée. Là, il entend chanter « Ma France » par un certain Jean Ferrat dont il connaissait à peine un refrain : « La mer sans arrêt, roulait ses galets… ».
Lors d’une action de son syndicat avec ses camarades, il va entendre la voix, les musiques, les mots de Ferrat qui, plus jamais, ne sortiront de sa tête et de son cœur. Et feront désormais parti de son quotidien, d’autant que nombre de ses chansons résonnent en lui, sont attachées à son propre vécu.
II avoue d’ailleurs que, grâce à lui et muni d’un dictionnaire, il a appris nombre de mots de la langue française !
Entrant à la RATP, en 1986, il rejoint l’équipe organisatrice de leur fête annuelle et prendra contact avec Gérard Meys, producteur de Jean Ferrat. On est en 1987 et Ferrat a déjà quitté, sinon le métier, du moins la scène. Ce n’est qu’en 1995 qu’il rencontre Gérard et son assistante, Valérie Gérard afin de faire venir Isabelle Aubret pour la commémoration des cent ans du syndicat de retraités de la RATP. Lorsqu’on approche les 2 Gérard (Valérie et Meys !), on n’est pas loin de Ferrat à qui il a écrit plusieur fois avec toujours une réponse. Car l’artiste a toujours répondu à ceux qui lui écrivaient, j’en sais quelque chose ! C’est en 2003, sur l’émission « Vivement Dimanche » où il est invité par eux qu’il rencontre enfin l’artiste qui lui recommande de recevoir au mieux Isabelle. « Sa messagère ». Ce sera le début d’une longue amitié jusqu’à la disparition de Jean Ferrat, sept ans plus tard. Entretemps Joël entrera dans l’association du Secours Populaire.
C’est alors que nait dans la tête de François Derquenne l’idée d’une exo-hommage intitulée « Jean des encres, Jean des sources » à travers treize panneaux racontant, sa vie, son œuvre, chacun illustré d’une chanson, montrant les aspects artistiques et surtout politiques, sociaux, humains. C’est l’ami de Jean Ernest Pignon-Ernest qui créera cette affiche qui a fait le tour de France, accompagnant cette exposition itinérante aujourd’hui installée dans la Maison Ferrat d’Antraigues.
Devenu, à la demande de Jean Ferrat, le responsable de l’exposition, Joël nous raconte, avec son talent de conteur, la genèse de l’expo qu’il a suivie de ville en ville, d’événements en festivals, avec tout ce que cela comporte de soucis, de bonheurs que lui a apporté cette lourde tâche d’être le responsable de celle-ci et en quelque sorte d’être le porte-parole de Ferrat dont il adjoint à chaque étape une conférence. Et c’est ainsi que peu à peu, Joël a fait partie du « Clan Ferrat » : sa femme, Colette, Isabelle Gérard, Valérie, Véronique, Ernest, Francesca Solleville, Edmonde Charles-Roux, le musiciens de Jean Alain Goraguer, l’équipe de l’Humanité, le chanteur Allain Leprest et tous les organisateurs qui, de près ou de loin, ont contribué au succès de cette belle exposition. Sans oublier Jean Saussac, Michel Baissade et Michel Pesenti, amis et maires d’Antraigues.
Afin de ne pas oublier ces années vécues autour de Jean et son expo, Joël Carpier nous offre, de sa Normandie, un livre très émouvant « De vallons en collines avec Jean Ferrat (Ed Geai Bleu)* qui nous raconte son aventure originale et exceptionnelle aux côtés d’un homme et d’un artiste hors du commun qui a laissé une œuvre universelle.
Jacques Brachet
*Livre vendu au profit du Secours Populaire