
Un grand poète, Marcel Migozzi, vient de nous quitter à l’âge de 88 ans. Né à Toulon en 1936 dans une famille corse de 6 enfants, il effectua sa scolarité secondaire au collège Rouvière puis au lycée de garçons de Toulon où il obtint le baccalauréat. Il entra en 1954 en quatrième année d’École normale d’instituteurs à Draguignan (Var). Il se maria en août 1956 à Saint-Raphaël (Var) avec une institutrice, Renée Carle, l’amour de sa vie. Il effectua son service militaire de 1960 à 1962 dans la Marine nationale. On le retrouve avec son épouse, sur un poste double au Cannet des Maures (Var) en 1956 où il enseigna jusqu’en 1964, puis au CEG, futur CES du Luc où il termina sa carrière en 1996.
Il fut un poète engagé, au sens sartrien du terme. Militant au SNI, puis au SNUIPP-FSU, tout en s’investissant dans plusieurs associations laïques. En 1962 il rejoint le Parti Communiste jusqu’en 1970. Il est élu au conseil municipal du Cannet des Maures, puis adjoint au Maire.
Marcel Migozzi est le poète du quotidien, des choses de la vie, de l’amour, avec une simplicité qui donne une émouvante tension aux mots. Son écriture a la concision des haïku, des petites notes parfois, tellement chargées. Chaque mot compte. Le mot juste, pas un de trop. Dans leur simplicité les images ont une force qui touche en plein cœur. Avec aussi cette nostalgie légère, sans regrets, sans pathos. Ce qui n’exclut pas les émotions, les douleurs, mais toujours sans plaintes.
Voici ce qu’il m’avait confié il y a quelques mois après la sortie de son recueil « Écaillures des jours » : Ce sont des notules prélevées dans la matière vivante de mes jours (sorte d’archéologie poétique). Elles ont pris la place de mes poèmes d’autrefois. Il faut dire que je n’écris presque plus, de peur de répéter sans cesse ce que j’ai (peut-être) déjà dit jadis. J’avance maintenant vers le bienheureux Silence…
« Le grand miroir, d’où venait-il / Redoublant les photos des morts »
Il a publié environ 90 recueils de poèmes chez différents éditeurs, a participé à 18 livres d’artiste, quelques poèmes ont été traduits en plusieurs langues. Il est aussi l’auteur de poèmes pour enfants… Sans compter des entretiens, des lectures publiques, des anthologies et des ouvrages collectifs.
Ses débuts de poète se concrétisèrent au sein des revues de poésie « La Cave » et « Chemin » de 65 à 68 avec Michel Flayeux, André Portal et Pierre Tilman; Action Poétique de 65 à 68 ; et Sud de 94 à 98. Il fit partie de l’aventure des éditions et librairie Telo Marius.
Lauréat du prix Jean Malrieu en 1985, du prix Antonin Artaud en 1995, du prix Des Charmettes/Jean-Jacques Rousseau en 2007.
Pour un denier adieu (extrait de « On aura vécu » – (Telo Martius éd) :
« Ou alors écrire mais c’est pour qui. Tenir / Les mots à portée est-ce humain avec // Toutes ces petites croix à bruits sous quoi / Il n’y a rien à voir. Mais qui effraient jusqu’aux // Chairs. C’est mieux de se tenir serrés ensemble en / Silence jouir quand on peut en revenir // Vivants, la salive muette sur le sexe / De l’autre. Voilà. On aura vécu. C’est dit. »
Nos condoléances à sa femme Renée, à ses fils, et à toute la famille.
Serge Baudot
Une biographie complète, avec de nombreuses participations :
Collection Traversée Marcel Migozzi – Association Alfredo Gangotena