Charles Berling a choisi pour sa lecture solo des extraits de « Le tort du soldat », de l’écrivain italien Erri de Luca invité d’honneur de la Fête du Livre de Toulon ; dans une traduction de Danièle Valin,
Je reprends la présentation de la lecture par le Théâtre Liberté : « Un vieux criminel de guerre et sa fille dînent dans une auberge au milieu des Dolomites et se retrouvent à la table voisine de celle du narrateur, qui travaille sur une de ses traductions du yiddish. En deux récits juxtaposés, comme les deux tables de ce restaurant de montagne, Erri De Luca évoque son amour pour la langue et la littérature yiddish, puis, par la voix de la femme, l’existence d’un homme sans remords, qui considère que son seul tort est d’avoir perdu la guerre. Le tort du soldat est un livre aussi bref que percutant qui nous offre un angle inédit pour réfléchir à la mémoire si complexe des grandes tragédies du XXe siècle. »
Deux tables sur la scène : une côté jardin avec une chaise, l’autre côté cour avec deux chaises, puisque dans la seconde partie on est censé avoir affaire à plusieurs personnages.
Charles Berling vient s’asseoir à la première table et lit donc la partie ayant trait au yiddish. Charles Berling incarne le narrateur du livre et on se trouve dans l’intimité de ce personnage qui nous dit toutes les découvertes qu’il a faite en apprenant cette langue, et tout ce qu’elle lui apporte.
Pour la deuxième partie Charles Berling se glisse derrière la seconde table, et là encore la grande technique du comédien le fait incarner les personnages, avec passion et engagement de tout le corps, et cela tout en restant assis, pratiquement sans bouger. C’est cela l’art du comédien : donner corps aux personnages pour qu’ils se présentent à nous comme si nous étions avec eux, parmi eux. Plus d’une heure de lecture, tendue, sans que jamais la tension ni l’attention ne se relâchent. Du grand art !
Jean-Louis Trintignant et Erri de Luca présents à la lecture, félicitèrent chaleureusement Charles Berling en coulisses.
Serge Baudot
Erri de Lucca est né à Naples en 1950. Il obtint le Prix Femina Etranger 2002. Engagé dans l’action révolutionnaire à Rome à la fin des années 60, il fera divers métiers avant de se consacrer à l’écriture et à l’alpinisme. Il est l’auteur de plus de 60 livres et le récipiendaire de nombreux prix et récompenses. Il est l’un des meilleurs romanciers d’aujourd’hui.
Citons quelques œuvres récentes : Montedidio (2002, Prix Femina Étranger), Noyau d’olive (2004), Le poids du papillon (2011), Les poissons ne ferment pas les yeux (2013).