Jérôme Anthony est une boule d’énergie, de gentillesse, de simplicité.
Depuis des années, il voyage de radios en télévisions de RTL à TF1 en passant par M6, Fun Radio, W9 pour animer des shows, les émissions les plus diverses de « La France a un incroyable talent » à « Pékin Express » en passant par « Nouvelle Star » à « Tous en cuisine » ou « Le meilleur pâtissier » et j’en passe, avec une incursion au cinéma (« On va s’aimer » d’Ivan Calbérac) , la télévision (« Meurtre à Nancy » d’où il est natif), l’écriture (« L’âge d’or des variétés ») et la chanson qui a été sa passion, avec un CD « Ma plus belle chanson ». La scène, il connaît pour avoir présenté nombre de spectacles, pour faire des concerts mais aujourd’hui, il ouvre une autre porte : celle du théâtre avec cette pièce désopilante d’Elodie Wallace « Un avenir radieux » où il partage la scène avec Géraldine Lapalus, Nicolas Vitiello, Marie-Laure Descoureaux et Roman Fleury qui remplace Manu Rui Silva.
Une pièce totalement déjantée où Arthur Leroy (Jérôme Anthony) vit entre son boulot d’entrepreneur, son pognon, sa femme et sa maîtresse. Et voilà que la voyante- amie de sa femme, Esmeralda vient lui annoncer que tout va s’effondrer. Ce qu’il ne croit pas.
Et pourtant…
Et pourtant…
Toute une série de gags, de quiproquos, de situations burlesques, avec à chacune un public qui croule de rire, Nicolas Vitiello en voyante est irrésistible et l’ami Jérôme se débrouille comme un chef.
Justement, Roman arrive ce soir-là au Théâtre Galli de Sanary. C’est sa première et les comédiens sont autour de lui pour répéter. Ce qui a failli mettre ma rencontre en péril avec Jérôme Anthony, avec qui nous avions conversé à Marseille lors d’une fête du livre et plus longuement à Juan les Pins où il présentait un spectacle. Mais la rencontre se fait quand même et je retrouve mon Jérôme toujours aussi volubile et charmant qui a décidé de profité de l’air de Sanary pour faire l’interview devant le théâtre.
« Jérôme, enfin comédien !
Oui, on me proposait des pièces depuis longtemps mai j’avoue que d’abord, je suis un peu fainéant, pas très courageux, je n’avais pas l’impression d’avoir assez de mémoire pour ça mais on m’a encouragé, convaincu, on m’a sorti de cette idée que je ne pourrais pas y arriver, du coup j’y suis allé et j’ai l’impression d’avoir 12 ans. Je suis comme un gamin, j’adore, c’est un plaisir, une bouffée d’oxygène…
Le trac ?
Pas tant que ça, car j’ai été assez bien géré. J’ai eu trois semaines de répétitions. Je ne l’ai pas vu venir en fait et pour moi c’est plus une excitation qu’un trac. Mais il paraît que le trac vient avec le talent… Alors j’ai bon espoir !
Le choix de cette pièce ?
Lorsque je l’ai lue, je l’ai trouvée très drôle et surtout, le plus important pour moi c’est que c’était de me retrouver avec une équipe très sympathique car nous faisons beaucoup de dates, nous sommes tout le temps ensemble et ce serait difficile si l’on ne s’entendait pas. Je fais beaucoup de tournées chansons avec mes musiciens, je présente « Les années 80 », j’ai l’habitude de vivre en équipe. Et là je suis avec une très chouette équipe, un bon producteur, un bon metteur en scène, Olivier Macé. Je suis dans une adéquation qui me convient parfaitement.
Vous avez débuté dans la radio très jeune… 14 ans !
Lorsque j’étais gamin, lorsqu’on me demandait ce que je voulais faire, je disais acteur et chanteur. En fait, il y a peu de temps, je me suis rendu compte que, comme j’ai grandi avec les émissions des Carpentier, j’avais envie d’être le protagoniste de ces émissions-là, divertir les gens, jouer, chanter, présenter. Je me suis nourri de cette culture de la télé, de l’animation, du divertissement, mais aussi des émissions comme « Au théâtre ce soir ».
Mais ce sont des émissions « de vieux » de mon âge !!!
(Il rit) J’ai 55 ans et j’ai grandi quand même avec ça ! Avec cette culture du divertissement élégant. Aujourd’hui on n’est plus dans ce délire mais je me suis nourri de ça. Donc pour faire du théâtre c’était une grosse envie car j’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour ceux qui en faisaient. C’est pour ça que j’ai hésité car je ne voulais pas être en dessous de ces gens que j’admirais. Le fameux problème du syndrome de l’imposteur.
Originaire de Nancy, c’est vrai que j’ai commencé très tôt A cette époque là-bas il y avait un artiste qui émergeait, Charlélie Couture. Son producteur démarrait une radio, et il m’a dit « Si tu as de la tchatche, du temps, une cagette de disques, la porte est ouverte » C’est comme ça que tout a démarré, en faisant des chroniques de cinéma avec mon œil de gosse.
Et après ?
Après il y a eu l’arrivée des réseaux radio. J’ai été débauché sur NRJ, là, j’ai appris une nouvelle manière d’animer puis tout s’est enchaîné, les radios, la télé. J’ai eu beaucoup de chance, j’ai rencontré des gens et je suis toujours surpris de voir comment les choses sont arrivées car je suis plutôt d’un naturel timide et réservé et les choses se sont plutôt bien passées… J’espère que ça va durer encore un petit peu car j’arrive seulement à l’adolescence !
Et vous avez donc choisi d’aborder le théâtre !
Oui, tout est lié.
Par contre, dès qu’on a abordé ce sujet, j’ai mis une condition : ne pas jouer à Paris, avoir tous mes week-ends de libre et ne pas avoir la pression d’une salle parisienne.
Vous ne jouerez pas à Paris ?
Pour l’instant ça n’est pas prévu et c’est vraiment un souhait de ma part. Je ne fais déjà pas de radio le week-end sur RTL pour la même raison. J’ai envie de partir le week-end, de profiter de la vie.
Du coup, les parisiens ne vous verront pas !
Ben non… Mais ils ne loupent rien… Et moi non plus !
Mais c’est un tel plaisir de se retrouver en tournée, on s’amuse bien, on passe de bons week-ends, on est heureux de jouer. De ville en ville les salles sont pleines…
Peut-être grâce à vous !
Je ne me rends pas compte, à mon avis, je ne suis pas connu tant que ça. Il faut encore travailler ! Je débute… et ça fait trente ans que je débute ! Je fais tout ça avec modestie, je fais mon métier, j’adore le public, je n’ai jamais rien fait pour de l’argent. J’ai toujours été content et fier de faire ce métier, les choses se sont passées comme je l’espérais.
Alors, la chanson ?
Je faisais de la radio à Nancy, l’été j’étais en vacances avec mes parents à Saint-Tropez. Le soir j’allais dans un bar qu’avaient loué les frères Cayatte (Blanc bleu) « Pirate Studio », nous allions y chanter. L’un d’eux adorant la chanson, avait fait des bandes orchestres et imprimé les paroles sur un cahier… L’ancêtre du karaoké !
Nous, les jeunes nous allions dans cet endroit et nous chantions. Le temps passe, je me retrouve dans les coulisses de « Sacrée soirée » où ma mère m’avait fait passer pour un journaliste. Là, je rencontre le producteur qui me reconnait de Saint-Tropez et me propose de lui passer une cassette. Quinze jours plus tard je passe comme candidat à « Sacrée soirée » Je gagne une dizaine de fois jusqu’à la fin de la saison et je fais un disque… avec Didier Barbelivien ! Tout de suite après on me propose de faire de la télé… C’est pas de la chance, ça ?
Puis vous avez abandonné ?
Il ne se passait pas alors rien de formidable et ça se passait bien en télé. Il y a trois, quatre ans, je vais voir Michel Drucker que j’adore, sur scène et je me dis alors : « Pourquoi se passer de ça » ? Du coup j’ai décidé de produire un album et de partir en tournée. On fait une quarantaine de dates à l’année.
Cet album ?
Il s’appelle « Ma plus belle chansons » où je reprends dix tubes essentiels de la variété française « Pour le plaisir », « Chez Laurette », « Le chanteur malheureux », réorchestrées en swing avec un big band à la manière de Sacha Distel, classe, on arrive tous en smoking. C’est un spectacle intemporel.
En fait, vous vivez pas mal dans la nostalgie ?
Pas vraiment, mais c’est vrai que j’ai grandi avec tout ça, j’y suis attaché car c’est tout ce que je vivais lorsque j’avais quinze ans. C’est une période où tout est alors permis, tous nos rêves sont encore possibles. C’est pour ça que j’ai un attachement à ces chansons, j’adore la chanson française, ces chansons qui ont un sens, les belles orchestrations. Mais j’aime aussi les chansons d’aujourd’hui. L’un n’empêche pas l’autre.
La suite ?
Toujours la radio que j’adore, la télé quand ça se présente, la chanson et puis… le théâtre, si on veut encore de moi car c’est devenu une vrai passion. Là on termine la tournée mais uns seconde s’annonce et après… On verra ! »
Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon