Jean-Pierre CABANES : L’annonce faite à Goering (Ed Albin Michel – 395 pages)
L’auteur a écrit un superbe roman, extrêmement bien documenté sur la seconde guerre mondiale.
En prenant pour sujet « L’annonce faite à Marie » de Vermeer, imaginée par un faussaire de génie Han van Meegerer, l’auteur retrace le parcours d’un jeune allemand, Werner, terminant une thèse sur les faux dans la peinture européenne. L’art du roman est de croiser des personnages fictifs avec des hommes et des femmes ayant réellement vécu la période 1938-1946
Le lecteur côtoiera Hitler, Mussolini, Ciano, Ribbentrop, Goering et tant d’autres
Jean-Pierre Cabanes colle à l’Histoire, rapporte les éléments historiques vérifiés et vérifiables, il a un talent merveilleux pour faire rebondir ses personnages, notamment la sœur de Werner, interprète d’italien-anglais, donc espionne en puissance en temps de guerre.
C’est un roman haletant, le lecteur qui connait bien sûr le déroulement de l’histoire en apprendra sûrement sur Ciano, le gendre de Mussolini, sur Rose Valland qui a sauvé tant d’œuvres d’art destinées à être détruites, sur le procès de Nuremberg.
En moins de quatre cents pages, le lecteur vivra des temps forts de l’Histoire, les rebondissements sont nombreux, acrobatiques parfois mais ne ménageons pas notre plaisir de lecture.
Laurent SCALESE : A nos jours heureux (Ed Plon – 332 pages)
Judith est éditrice.
Elle vit avec sa fille Chrystal, ado rebelle, et son nouveau compagnon Sébastien. Sa vie est heureuse mais tout bascule quand elle apprend qu’elle a un cancer du sein. Le combat contre le « crabe » qui s’est installé dans son corps commence.
Auprès de qui trouver le réconfort alors que Sébastien la quitte suite à cette nouvelle ? Ce sera auprès de ses compagnons d’infortune rencontrés lors des séances de chimiothérapie
L’auteur nous emmène avec beaucoup de délicatesse et de vérité dans ce monde des crânes rasés suite à leur chute de cheveux. Tristesse, humour, amour, amitié, rémission, fin de vie, espérance, suicide assisté sont évoqués.
Oui, « c’est quand la mort frappe à notre porte qu’on comprend que la vie est un miracle ».
Muriel AUDURAND : Trois jours (Ed Plon – 185 pages)
Muriel Audurand écrit un premier roman plein de promesse.
Le lecteur est immédiatement pris dans les turbulences d’un avion qui perd dramatiquement de l’altitude. Réussira-t-il à se redresser avant la chute finale?
Dans cet avion une femme se rappelle sa mère qui a organisé avec sérénité sa fin programmée de vie en Suisse, sa vie de femme mariée puis quittée par un mari volage, une vie professionnelle de professeur d’anglais qui ne tiendra pas sa promesse de passer son agrégation, une femme qui désormais mène sa barque avec ses enfants et les hommes qui désormais entreront dans sa vie. Oui, les minutes de la chute d’un appareil font ressortir l’essentiel d’une vie et l’essentiel se résume à l’amour et dans ce cas particulier l’amour de ses jeunes enfants.
Un roman attachant, mené avec habileté jusqu’à une fin à choisir selon que vous êtes pessimiste ou optimiste.
Oui cette jeune femme doit vivre, nous raconter la suite de sa vie dans un prochain livre, une manière d
d’encourager Muriel Audurand à reprendre la plume.
Frédéric GRANIER : Imagine (Ed Perrin – 359 pages)
Frédéric Granier est journaliste, il écrit pour le magazine Géo mais, passionné de rock, il a déjà écrit plusieurs livres sur cette musique, particulièrement sur les Beatles qui restent son groupe préféré.
Dans ce livre « Imagine » (tiens donc !) sous-titré « 12 chansons qui ont fait l’histoire », il nous raconte par le menu l’histoire de chansons et de chanteurs qui ont marqué l’histoire de la musique. Son histoire en fait et la nôtre puisqu’il s’agit de John Lennon et « Imagine », Scott McKenzie et « San Francisco », Abba et « Waterloo », Queen et « Innuendo » et quelques autres groupes et chanteurs américains. Un seul français dans cette litanie américaine : Serge Gainsbourg avec « Aux armes etc ». Dommage pour les français !
Mais le bougre maîtrise bien ses sujets car, de la création d’une chanson à sa parution, il nous offre, avec une précision d’horloger, le pourquoi du comment est née la chanson, dans quel contexte l’artiste a conçu un tube universel et c’est passionnant,
On raconte aussi The Cranberries et « Zombie », Bruce Springteen et « The rising » et quelques autres qui nous rappellent automatiquement des souvenirs.
12 chansons incontournables, tout autant que les chanteurs, auteurs, compositeurs qui les ont créées, qui font à tout jamais partie de l’Histoire avec un grand H de la Musique avec un grand A.
Philipe DELERM : Les instants suspendus (Ed.Seuil – 105 pages)
Quarante trois petits contes que l’écrivain nous livre tout à trac, passant d’une pensée, d’un coup d’œil qui capte un moment, un objet, remplit le temps du rêve, de la réflexion fugitive, d’un lieu qu’on entrevoit, d’un objet qui nous captive.
Il nous fait toucher du doigt toutes ces choses qui nous habitent, des plaisirs qui nous ravissent un instant et qui fuient comme un rêve.
C’est par ces petits mots pleins de poésie que l’auteur nous fait partager sa quiétude et sa sérénité.
Tout son art est de réveiller chacun en douceur et d’aimer la quiétude, la simplicité, le vide de l’âme
Anne Le MAITRE : Le jardin nu (Ed.Bayard – 120 pages)
Autrice, illustratrice, aquarelliste, Anne le Maitre a publié des carnets de voyages et participé à un collectif d’auteurs influencés par la religion et la méditation. Dans ce court ouvrage elle se livre et ouvre son cœur après la perte de l’homme qu’elle aime.
Elle est alors poussée par un impératif : trouver un lieu nouveau pour s’installer et soigner son chagrin alors que la vie s’est arrêtée. Et c’est dans l’immobilité et le silence qu’elle va trouver l’apaisement auprès d’un cerisier peuplé d’oiseaux, une promenade enchanteresse en terre de silence.
En petits paragraphes de quelques lignes parfois ou de quelques pages, elle s’extasie sur les arbres, les fleurs, les oiseaux qui l’entourent, baignant dans la quiétude et le ressourcement après la lourde peine du deuil.
D’une écriture d’aquarelliste elle brosse des petits paysages plein de quiétude et de poésie. A garder en livre de chevet pour les jours sombres.
Thomas GUNZIG : Rocky, dernier rivage (Ed Au Diable Vauvert – 358 pages)
Que faire quand l’avenir est sombre, le monde devient fou, que c’est l’escalade de l’horreur ?
Le père de famille a la chance d’être multimilliardaire, d’avoir acquis une petite île dans l’océan Atlantique et d’y avoir fait construire par une société spécialisée une maison à l’abri de toute attaque, des réserves de nourriture, d’eau, d’alcool, d’électricité pour un avenir illimité.
Mais que devient l’avenir pour cette famille heureuse avec deux enfants, et qui aujourd’hui ne se parle plus ? Que sont devenus les deux domestiques qui du jour au lendemain ont changé d’attitude et pioché dans les réserves de grands crus ? Que devient une fillette qui veut retrouver le temps d’avant, vivre quoiqu’il en coûte avec des jeunes de son âge ?
Et Rocky, pourquoi Rocky ? C’est le clin d’œil amusant de Thomas Gunzig, un Rocky qui rassemble la famille malgré lui.
Un roman qui se lit facilement et il faut sourire que ce roman soit édité par la maison d’édition Au Diable Vauvert.
Paulina PONASSENKO : Tenir sa langue. (Ed l’Olivier – 186 pages)
C’est le récit d’une jeune fille, née le 3 mars 1969 à Moscou. Sa famille lui donne le prénom de Polina
Elle arrive à St Etienne à la chute du mur de Berlin . Son enfance se déroule en France, mais ce n’est pas facile, car elle ne parle que le russe !
Il faut s’adapter dit elle.
Elle voulait garder son prénom de Polina sans le modifier mais elle n’y réussira que vingt ans après en entamant une action en justice. Pour s’adapter elle se « dédouble », elle se dit russe à l’intérieur et française à l’extérieur, russe à la maison, d’où Polina orthographié Po et française à l’école : Pauline, Pau… Son histoire familiale juive est riche, elle a l’expérience de l’exil.
L’auteure vit actuellement à Montreuil, c’est au tribunal de Bobigny que se déroule cette histoire.
Ce livre est son premier roman, il a reçu le prix Fémina des lycéens en 2022, elle est à la fois écrivaine, traductrice et comédienne !
Le roman est drôle, le style est vif, humoristique, inventif, il faut le lire avec attention.