« Je déteste mes petits seins, mes grosses fesses, mes dents de cheval, mes jambes maigres… » sans compter son accent à couper au couteau, sa langue française faite de néologismes dont on ne savait s’ils étaient français ou anglais, ses mots d’argot glanés çà et là…
C’est ce qu’elle me confiait lors de notre première vraie rencontre aux studios Baobab de Toulon, créés par mon ami d’enfance le photographe Pierre-Jean Rey, qui m’avait pris comme attaché de presse afin de m’occuper de ses artistes.
Dont Jane qui venait pour une publicité des laines « Bouton d’Or ».
Elle arrivait avec Lou Doillon, alors toute petite qui, ravie de rencontrer un monsieur qui se prénommait Jacques, comme son père, ne me quitta plus, toujours accrochée à un grand pantin qu’elle ne quittait pas et qui s’installait sur mes genoux pendant que maman posait.
Ce qui fit dire, bien longtemps après à Jane : « Tu la reprendrais bien sur les genoux aujourd’hui ! »
Nous avons passé des journées extraordinaires et des soirées fantastiques à l’écouter, autour d’une table, raconter plein de choses, tantôt drôles, tantôt tristes à nous faire venir les larmes.
Elle était belle, lumineuse, d’une sincérité désarmante, d’une grand humanité et on ne pouvait que l’aimer.
Avec tous les défauts qu’elle m’énumérait, elle est devenue une chanteuse adorée, une comédienne magnifique et malgré son accent, grâce à Patrick Cherreau, elle a eu le cran de jouer sur scène du Marivaux !
Depuis Baobab, le temps a passé mais on n’a jamais cessé de se rencontrer au Midem, au festival de Cannes, à Sanary où elle vint tourner « Daddy nostalgie », à Ramatuelle où nous passâmes avec Jean-Claude Brialy, des soirées qu’on ne peut oublier, les dernières année au théâtre Liberté avec Michel Piccoli et Charles Berling ;.
Avant Baobab, je la rencontrais au festival de Cannes où elle présentait avec Jacques Doillon « La pirate » qui fit scandale parce qu’il parlait d’homosexualité ! Et l’on était en 84 !
Lors d’un déjeuner de presse où m’invita Claude Davy, elle défendit le film bec et ongles entre deux sanglots : « La passion est un sentiment fort, violent, que ce soit pour un homme, une femme, un chien, un perroquet… Sans passion la vie ne vaut pas d’être vécue. C’est la plus belle chose au monde », tentait-elle de dire aux journalistes qui, pour la plupart, s’en foutaient pas mal et se concentraient sur leur repas « gratuit » !
Je la rencontrais encore au festival de Cannes avec Serge Gainsbourg et nous passâmes des moments épiques avec le chanteur passablement alcoolisé !
Mais avec Jane ce furent toujours de belles rencontres faites de rires et de larmes tant elle pouvait passer de l’un à l’autre avec une facilité déconcertante. Elle fut toujours fidèle et je passai des moments magiques avec elle.
Merci Jane, pour tous ces beaux moments passés ensemble.
Good bye…
Jacques Brachet