Six-Fours – Six N’Etoiles
« Sous la tapis » le film-miracle de Camille JAPY

Odile (Ariane Ascaride) va fêter son anniversaire et attend ses enfants  (Bérénice Béjo et Thomas Scimeca) et ses petits-enfants. Alors qu’ils vont arriver, son mari (Bernard Alane) décède d’une crise cardiaque. Là, elle va avoir une réaction  pour le moins singulière : Elle le cache sous le lit et lorsqu’arrive la famille elle dit qu’elle s’est disputée avec lui et qu’il est parti.
L’anniversaire se passe dans une drôle d’atmosphère, jusqu’au  moment où sa fille découvre le corps. L’attitude d’Odile devient alors encore plus surprenante car elle décide de ne pas l’enterrer et de le garder à la maison.
Chacun va vivre ce moment de façon différente, essayant de comprendre ce qui se passe chez Odile.
Une histoire à la fois dramatique et incroyable, qui nous laisse amusés et surpris mais aussi très émus au fur et à mesure qu’elle se développe.
Une magnifique distribution, des parents aux enfants. Ariane Ascaride, une fois de plus prodigieuse et bouleversante dans ce rôle qui balance entre le mystère et la folie. Tout en nuances, elle nous arrache les larmes, perdue au milieu de cette famille qui ne sait plus que penser d’elle. Bérénice Béjot, tout en force et en tendresse, qui cache une fêlure. Thomas Scimeca qui est resté un adolescent. Sa compagne (Marilou  Aussiloux), fraîche, naïve, lumineuse, qui va un peu bousculer cette famille ancrée dans les non-dits. Sauf Bernard Alane, qui n’a que peu de choses à faire… puisqu’il est mort !
Camille Japy nous offre là un film qui pourrait être dramatique et larmoyant si ce n’était cette famille un peu disjonctée, sans compter cette mère fantasque qu’on a du mal à suivre dans cette folie sans compter cette fin qui explique tout.
Un film plein d’amour, de tendresse, de poésie et par moments de drôlerie.
Le film est sélectionné au festival de Cabourg et, belle surprise, Camille Japy est venue nous rendre visite au Six N’Etoiles. 

Comédienne de théâtre (de Racine à Ibsen en passant par Yasmina Reza) ; de cinéma (Kassovitz, Ozon, Tachella, Klapich, les frères Foenkinos) ; télé (Julie Lescaut, Mongeville, Maigret, Emily in Paris), cette belle comédienne au regard radieux a décidé de passer à la réalisation. (Son premier court métrage « Petites filles » a reçu de nombreux prix à l’étranger). Et elle a bien fait, en nous offrant ce film à la fois tendre et dramatique, frais et sombre. Un film choral, qui est la magnifique surprise de cette fin de printemps.
Un regard plein de lumière, un sourire qui attend avec appréhension la sentence de son premier public : la presse. Et que l’on rassure très vite !
« J’ai toujours aimé le mélange des genres et j’ai voulu montrer une femme terriènne, pleine de facettes, à laquelle chacun peut s’identifier. Une femme capable de faire des choses inexplicables pour les autres mais qui sait pourquoi elle les fait. Elle subit un deuil traumatique, terriblement violent et c’est sa façon de réagir face à la mort. Nous avons tous été un jour confrontés à la mort et chacun de nous la vit différemment. Mais c’est un film qui parle d’amour, des relations entre mère et enfants qu’on a tous connus, des non-dits  qui se transmettent souvent dans les familles.
Lorsqu’on lit le speech : une femme qui cache son mari mort sous un lit, ça semble à la fois fantasque et drôle…
C’est vrai que l’on peut penser cela mais c’est ma façon de voir les choses : le côté dramatique et en même temps une certaine légèreté, une certaine fantaisie. Une vie, c’est très riche et c’est fait de tout cela. C’est un film aussi sur la liberté, sans préjugé sur la façon de chacun de voir la mort. C’est un film construit sur l’ascenseur émotionnel, sur les sensations.

Qui est aussi appuyé par la très belle musique de Mathieu Chédid !
Oui et ce que j’ai aimé chez lui c’est de l’avoir amenée de manière sensorielle. C’est un honneur qu’il ait accepté de l’écrire car elle est à la fois douce et puissante, sans pathos. Il a tout de suite compris ce que j’espérais de lui et il l’a écrit de manière organique.
Travailler avec trois enfants vous a-t-il semblé difficile ?
Je ne me suis pas posé la question, j’adore les enfants car ils sont la vérité, la pureté. J’ai beaucoup parlé avec eux avant le tournage, nous avons fait des jeux afin qu’ils soient à l’aise, qu’il y ait une vraie complicité entre eux. Ils ont tourné très sérieusement tout en s’amusant. Ils comprenaient ce que je leur demandais, ils étaient très concentrés et nous avons travaillé dans le plaisir, tous ensemble, adultes et enfants. Nous avons en fait créé une famille. Tout a été naturel, joyeux, intense. J’ai eu beaucoup de chance. Et nous séparer a été très émouvant.
Le choix des comédiennes ?
Ariane Ascaride, c’est une évidence : C’est une comédienne terrienne, l’une de nos plus belles comédiennes françaises et je savais que, si elle acceptait ce rôle, elle serait « mon » Odile. Elle joue sur toutes les facettes et en plus elle est toujours prête à faire ce qu’on lui demande. Elle a beaucoup joué avec les enfants et c’était important. Avoir Bérénice Béjot a été aussi un plaisir tant elle a à la fois de force et de fragilité, de candeur et de manque de confiance tout en se voulant autoritaire. Quant à Marilou, elle apporte la poésie, la naïveté,  la folie dans une famille un peu coincée. Je la trouve rayonnante.

Propos recueillis par Jacques Brachet
Sortie sur les écrans le 19 juillet