Toulon – Le Colbert
Gil ALMA, un homme heureux

Cela faisait deux ans que l’on se courait après avec Gil Alma. Trois rendez-vous manqués à cause du Covid qui repoussait à chaque fois les dates du spectacle ;
Mais enfin voilà que le Colbert le reprogramme… Et qu’il y vient enfin, avec son inséparable acolyte Benoît Joubert, dit Ben. Gil & Ben, ça fait un joli duo, non ?
D’autant qu’ils en ont écrit l’histoire car ce n’est mas un two men show, ce n’est pas un stand up, c’est une histoire totalement foldingue où Gil, qui va se marier, appelle à la rescousse son ami Ben. Est-ce le bon choix ? Evidemment oui et non car s’ils sont de vieux amis, l’ami en question est quelque peu déjanté, ce qui va donner tout au long du spectacle un spectacle tout aussi déjanté, un duo fait d’énergie et de dinguerie, d’impros quelquefois, de coups de théâtres et de rebondissement. Un match de tennis où chacun renvoie la balle à l’autre avec maestria, où Gil est dépassé par les événements, Ben est le roi de l’embrouille. Bref un duo complémentaire et irrésistible.

Je retrouve Gil avec plaisir car nous nous étions rencontrés autour de bulles de champagne au festival télé de la Rochelle. Le sourire est toujours chaleureux, le regard toujours vrillant mais peut-être un peu plus posé. Il faut dire qu’on est à une heure du spectacle.
La tension monte, Gil, avant le spectacle ?
Toujours un peu mais ça fait 140 fois que nous montons sur scène ensemble avec Ben donc on commence à être rodé. Il n’y a plus d’angoisse. D’autant qu’on a à peu près autant de spectacles à venir d’ici les mois qui viennent. Donc tout va bien. Le Covid nous avait ralentis dans notre élan mais on est en train de rattraper le temps perdu. Nous faisons des salles de 250 à 700 places et ça fonctionne !
Comment sont nés cette pièce et ce duo ?
Le duo, c’est une amitié qui date de treize ans. Nous nous sommes rencontrés sur le téléfilm de Charles Némès « I love Périgord » en 2011, nous sommes restés amis, nous vons ensuite fait des one man shows, j’ai produit les siens et l’idée nous est venue d’écrire ensemble une pièce. Je précise que ce n’est pas une série de sketches mais une vraie histoire à deux personnages.
Jeune, le théâtre t’a peut-être sauvé d’une adolescence un peu turbulente…
N’exagérons rien, j’ai été un ado comme d’autres, qui fait des bêtises, je le vois aujourd’hui avec mon fils. Mais c’est vrai que j’ai très vite eu envie de monter sur scène, j’écrivais des sketches, je faisais du théâtre avec des copains, j’ai monté un groupe « Les Trois », j’ai fait du café-théâtre, des pubs, de la figuration, j’ai pointé mon né dans divers spectacles jusqu’à ce que « Nos chers voisins » ma fasse connaître.

Les débuts au cinéma ne sont pas mal : tu tournes dans un film de Costa Gavras quand même !
Oui, dans le film « Eden à l’Ouest ». Il y a aussi eu « Vilaine » de Jean-Patrick Benès. Mais c’est surtout la télévision qui m’a permis de me faire connaître. Après le succès de « Nos chers voisins », j’étais un peu catalogué comme un comédien comique puis il y a eu « César Wagner » qui m’a donné une image plus dramatique.
Parlons-en : un flic hypocondriaque, ce n’est pas banal !
C’est ça qui m’a plu car il est à la fois énervant avec ses peur, ses doutes mais aussi attachant car il n’est pas sûr de lui, il se pose des questions sur le fait d’être dans la police. Il ne se considère pas comme un vrai flic. Il est hypersensible
Peut-on dire qu’il est « attachiant » ?
(Il rit). Oui, c’est ça, il est à la fois pathétique et drôle, avec un peu d’ambigüité, c’est en fait un anti-héros, qui est devenu flic pour plaire à sa mère, femme politique et être à sa hauteur.
Bref, tu l’aimes !
Oui, c’est vrai et je m’y suis attaché. C’est donc avec plaisir que je continue à le faire vivre. Nous en tournons en principe deux par an depuis 2019. Nous sommes d’ailleurs en train de tourner un épisode à Strasbourg.
Entre deux spectacles ?
Exactement ! C’est quelquefois un peu compliqué car c’est du boulot h24 et 7 sur 7 ! Mais je ne vais pas me plaindre lorsque ça marche !
Tu as aussi monté une maison de production. Tu produis« César Wagner » ?
Non, pas du tout, pour le moment je produis mes spectacles. J’ai produit Benoît mai j’ai arrêté car c’était trop compliqué. Pour le moment je me contente de tourner des choses qu’on me propose et que j’aime et je suis heureux qu’on fasse appel à moi.

Festival de la Rochelle « Nos chers voisins »
Gil Alma & Olivia Cote dans « César Wagner »

Comme « L’abîme » ?
Oui, une série de six épisodes, réalisée par François Velle avec Sara Mortensen. Je suis très heureux qu’on me propose des rôles de ce type, forts, dramatiques, loin du personnage comique dans lequel on me casait. Ce qui prouve qu’on a confiance en moi.
Et la production alors ?
J’ai très envie de produire mais pour le moment je suis trop occupé par mes tournages et la tournée. J’ai déjà des idées, nous écrivons avec Benoît et nous verrons ce qu’il en sortira. Mais avec lui ça fonctionne bien car nous sommes très complémentaires.
Et le cinéma ?
Tu sais, il y a encore du chemin avant que des acteurs dits « de télévision » soient aussi considérés comme des acteurs « de cinéma », même si le contraire est plus évident. Mais ça ne me gêne pas plus que ça. Lorsqu’on me propose des rôles aussi formidables que « César Wagner » et « L’abîme » à la télévision, je suis très heureux.

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Patrick Carpentier – Mathieu Colin