STONE : sa vie dans tous les sens

Ma première rencontre avec Annie Gautrat, (alias Stone) remonte à la tournée “Inventaire 66” qui réunissait Hugues Aufray, Michel Delpech, Pascal Danel, mais aussi Pussy Cat,  Karine, Noël Deschamps, les Sharks (Que sont-ils devenus ?). Ils en étaient tous à leur première tournée et Aufray, Danel, Delpech et Stone et Charden ont fait le chemin que l’on connaît.
De ce jour, on n’a jamais cessé de se croiser,de  se rencontrer, de se voir en tournées

Autre tournée mémorable de rires et de folie avec C Jérôme et Michel Jonasz et un Charden au pied plâtré mais chantant quand même. Il y a eu aussi une tournée avec CloClo et Topaloff qui n’était pas triste non plus.
Si, avec Charden, ce ne fut souvent pas très sympa, avec Annie ça a été l’amitié « A la vie à la mort »… Et ça continue !
Et si, depuis longtemps, c’était terminé avec Charden, on a continué à se voir, car Annie n’a jamais cessé de travailler, devenant comédienne, écrivant une biographie de cette période Stone-Charden qui, en fait, n’a duré que quatre années intenses avec retrouvailles du couple sur les tournées « Âge Tendre ».
Et la voilà qui s’est piquée au jeu de l’écriture et qu’elle nous offre sa « Vie dans tous les sens » (Editions Champs-Elysées) où elle nous parle de beaucoup de choses plus intimes, de sa vie de femme, de mère et pas du tout de sa vie d’artiste.
Elle vit aujourd’hui avec le comédien Mario d’Alba… que j’ai très vite adopté car il est, lui, sympa et drôle. Je les avais d’ailleurs invités à Saint-Raphaël pour « Stars en cuisine », où ils vinrent cuisiner un plat végétarien pendant que je cuisinais de mon côté avec Fabienne Thibeault.
Bon, le livre sorti, il fallait qu’on en parle !

« Alors Annie, tu t’es prise au jeu de l’écriture ?
Au départ, ce n’est pas voulu. C’est durant le confinement que je me suis remise à écriture. Petite déjà, j’écrivais mon journal intime. Je l’ai d’ailleurs retrouvé en rangeant des affaires. J’ai fait ça durant des années et en le relisant j’ai trouvé ça sans intérêt. Mais c’était enfantin et je racontais tout ce qui m’arrivait !
Ce que tu as fait là !
Oui, en écrivant au jour le jour ce qui me passait par la tête, comme ça venait, ce que je vivais avec ma famille, ma mère, ma belle-mère mais aussi mes souvenirs d’enfance et en parlant de plein d’autres sujets. Voilà pourquoi le titre « Ma vie dans tous les sens » !
Par contre tu nous parles de ta vie personnelle et pas de ta vie d’artiste !
Non, je l’ai déjà fait dans mon premier livre, ça n’avait plus d’intérêt d’y revenir.
Par contre au départ, je n’ai pas écrit pour en faire un livre. J’ai toujours aimé écrire et je le faisais pour le plaisir. J’adore aller dans les fêtes de livres pour y rencontrer les auteurs que j’aime. A la Fnac de Montluçon j’ai rencontré Dominique Filleton qui est écrivain et éditeur. Nous avons discuté et il m’a proposé de m’éditer. Ça s’est fait tout naturellement. Et puis, j’ai rencontré une responsable d’un salon animalier et comme j’ai toujours aimé et eu des animaux elle m’a suggéré de parler d’eux. Dominique a trouvé l’idée sympa et ce sera mon prochain livre !
Et écrire des chansons ?
Je n’ai jamais pu. J’ai essayé mais c’était lamentable ! Je suis juste arrivée à écrire un conte pour enfants.
Comment écris-tu ?
Comme je te dis, au jour le jour. Il me vient une idée, un souvenir et j’écris. C’est comme ça que j’ai écrit notre bio même si là, il fallait tout de même écrire dans l’ordre des événements que nous avons vécu.
Mais j’écris toujours sans aide d’ordinateur, je ne sais pas faire. Et c’est ma fille qui s’en occupe !

Dans ton livre, tu ne ménages ni ta mère, ni ta belle-mère !
Même si j’ai de bons souvenirs d’elles et surtout de ma maman adorée, elles ont fini très vieilles et malheureusement dans un triste état. A la fin, elles n’étaient plus les femmes qu’elles ont été et de les voir dépérir ainsi, perdre la tête, se faire dessous, engueuler tout le monde, ne pas vous reconnaître, on finit par espérer qu’elles disparaissent. Aussi bien pour elles que pour nous. Et en fait d’espérer cela, ça nous permet de rendre leur disparition moins cruelle.
Lors d’une des nombreuses discussions que nous avons eues, tu m’avais annoncé ta mort prochaine aux alentours de tes 70 ans… Tu les as passés… Et tu es toujours là !!!
(Elle rit) Oui et j’en suis très heureuse. C’est une voyante qui me l’avait prédit et je l’attendais sereinement ! Je suis ravie qu’elle se soit trompée.
Mais tu sais, dans ma famille, il y a toujours eu des médiums… Dans le Berry on les appelait des sorcières. Et ma grand-mère a été médium. Elle a même vu des choses qui se sont réalisées et elle me les a racontées. Ma mère, qui pourtant, était cartésienne, a été confrontée à des entités. Elle n’en parlait pas de peur de passer pour une folle.
Et toi ?
Moi ? Rien ! Ca a sauté une génération car il est arrivé à ma fille plein de choses étant adolescente. Je m’y suis faite, c’est une vieille habitude dans la famille !
Par contre, je suis persuadée qu’il y a autre chose après la mort et ça, ça vient de l’influence de ma mère. Comme celle de vivre et de manger bio. Déjà, elle tenait une boutique diététique, même si on ne parlait pas encore de bio. D’ailleurs, je n’ai plus jamais mangé de viande depuis quarante ans ! Et je ne m’en porte pas plus mal.
Une chose qui, dans ton livre, m’a fait marrer : ta nuit de noces avec Eric Charden… qui n’a pas été consommée !
Oui parce que, sa mère, qui était très excessive, ne supportait pas de le voir épouser une saltimbanque et le persuadait en même temps de quitter ce métier qu’il pratiquait aussi. Elle lui avait bourré le crâne. D’ailleurs elle s’enfuit juste après le mariage, sans rester au repas, et, se sentant coupable il a passé sa nuit… Dans la salle de bain à pleurer… Charmante la nuit de noces ! Déjà qu’il n’avait pas voulu me toucher avant le mariage… Ca faisait beaucoup. D’autant qu’il ne se gênait pas pour aller batifoler ailleurs ! Enfin, après, on s’est rattrapé !
Tu écris aussi une phrase incroyable : « Il faut que l’Homme disparaisse de la surface de la terre… » Ce n’est pas un peu excessif ?
(Elle rit encore) Je dis l’Homme en général peut-être pas tous les hommes parce qu’en fait, on a besoin d’eux pour la reproduction… Même s’ils peuvent aussi faire des garçons !
C’est un cercle vicieux  ton affaire !
C’est vrai  mais depuis toujours, l’Homme est tout-puissant, la femme est toujours derrière. Tous les malheurs de la terre viennent de l’Homme. OK, aussi de quelques femmes… C’est difficile tout ça !

Aujourd’hui s’est passé un triste événement : l’accident de Pierre Palmade qui, sous l’emprise de la drogue, a blessé et tué. Qu’en penses-tu, toi qui racontes avoir touché à la drogue ?
C’est terrible, ce qui s’est passé, monstrueux ! C’est vrai nous avons pris de la drogue et j’avoue que j’y ai pris du plaisir car on est déconnecté de la réalité, on est dans un trip agréable. Mais d’abord, le peu de fois qu’on l’a fait, on l’a fait à la maison et il n’était pas question de sortir, de prendre un volant. Ce peut être une expérience sympa à condition que ça ne devienne pas une habitude, que ce soit occasionnel car ça devient très vite un piège. C’est comme de boire trop. Prendre une cuite de temps en temps OK mais attention à l’addiction car alors ce peut être terrible. C’est ce qui s’est passé avec Pierre Palmade »…

Je vais laisser ma belle amie à ses chats et ses chiens… En attendant qu’elle continue à raconter longtemps d’autres histoires avec son humour et sa joie de vivre… Puisque la date de sa mort annoncée est passée !!!

Propos recueillis par Jacques Brachet