BAIJU BHATT & RED SUN. – PEOPLE OF TOMORROW (Neuklang NCD4269 – 15 titres)
Le violoniste Baiju Bhatt est né de père Indien (Rajasthan) et sitariste, et de mère Suisse. La vie s’ouvrait pour lui sur les mélanges. Ce qu’on retrouve dans sa musique qui repose sur un fond de musiques indiennes qui se mêlent à différents styles musicaux : musiques classiques, traditionnelles, rocks, orientales, vaguement jazz. C’est un arc en ciel de tours du monde, de tourbillons chatoyants, partagés par son groupe habituel : Valentin Conus (ss, ts), Mark Priore (p, clav), Blaise Hommag (eb), Paul Berne (dm), plus quelques invités de marque : Nguyên Lê (g), Raphëlle Brochet (voc) , Robinson Khoury (tb), Prabhu Edouard (tablas) et d’autres.
Baiju Bhatt a étudié au Conservatoire de Lausanne et à l’École des hautes études de musique. Il découvre le jazz au piano, mais swingue au violon dans les bars. Il a également étudié avec Didier Lockwood et Jean-Luc Ponty ; le jeu de violon de celui-ci, et la sonorité de celui-là, sans parler, et surtout, des inflexions indiennes.
On a affaire ici avec une musique brillante, vibrante, reposant sur 15 nouvelles compositions du leader qui emportent aussi bien le groupe Red Sun en osmose totale qu’un joli nombre d’invités. A noter un morceau duo piano-violon pizzicato « Postlude » très réussi. Et encore le morceau titre, qui décale « The People of Tomorrow » dans lequel le violon marie l’indien au celtique.
Un disque pour amateur de mélanges savants. Mais à mélanger les cultures que restera-t-il à mélanger pour les prochaines générations ?
LEHMANNS BROTHERS – THE YOUNGLING (vol 2
(Alhambra Studios Live session (10H36) – 5 titres)
Revoici le quintette de base des Lehmanns Brothers avec une kyrielle d’invités. Eux aussi sont des adeptes (air du temps oblige) du mélange des cultures musicales et des influences multiples. Ceci posé ils s’en sortent bien.
Un début à la Beatles. En 2012, cinq Lycéens d’Angoulême se réunissent dans un garage pour créer leur propre son en partant de leur passion du funk et du hip-hop. Ce sont Clément Jourdan à la basse, Alvin Amaïzo à la guitare, Dorris Biayenda à la batterie, Jordan Soivin au trombone, Julien Anglade au chant et aux claviers.
Ils ont un son de groupe qui fait plaisir à entendre. Julien Anglade est à la charnière du funk, de la soul, du gospel et de Sting, dont il a hérité du timbre de velours et du charme, avec un excellent groove ; écouter par exemple « Rain ». Les Brothers ont su s’accaparer avec maestria des courants actuels, par exemple le Hip-Hop complètement renouvelé dans « Picture Perfect », ou le jazz avec « Far Into The Jungle’s Depth » où domine un beau solo de sax.
Les cuivres des invités, les chanteurs du chœur, tout ce beau monde se lance en background façon big band sur des tenues à l’unisson. Effets garantis, avec une rythmique défonce.
KIMYA ENSEMBLE – BETWEEN MIST AND SKY
(Urborigène Records 005 – Inouïe Distribution – 7 titres)
Amir Amiri (santour) et Olivier Marin (alto et viole d’amour) viennent de la scène montréalaise. A Paris ils fondent le groupe Kimya en accueillant Roméo Monteiro (perçus indiennes) et Andrew Briggs (violoncelle). Ce quatuor de chambre mêle musiques classique et contemporaine européenne, du Moyen-Orient et de l’Inde. La pochette nous indique que Kimya signifie alchimie en Arabe. Reste à savoir si ces musiciens réussissent l’alliage des musiques pour obtenir de l’or ? Rien n’est moins sûr. Entre « La brume et le ciel » je reste dans la brume.
Certes ce sont d’excellents musiciens, munis d’une technique sans failles et d’une culture musicale sans reproches. Mais je préfère l’original aux triturations Musiques du monde. Je ne suis pas compétent pour juger du rapport aux musiques indiennes, bien que je les aime beaucoup, ici ça manque de vie, c’est très, trop, appliqué. Seule l’interprétation de « Les folies d’Espagne » de Marin Marais, et « Habib » (parce que j’adore le santour) me titillent l’oreille.
Serge Baudot