Six-Fours
Deux rockeuses au Six n’Etoiles
Mathilde SEIGNER & Andréa FERREOL EOL

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Alex (Mathilde Seigner), est une rockeuse qui, avec son orchestre, va de cacheton en cacheton dans des bars, des boîtes, cabarets de seconde zone où personne ne les écoute.
Divorcée, deux enfants, elle a du mal à joindre les deux bouts mais un jour, une copine (Armelle Deutsch), qui travaille à la Mairie de Dunkerque,  lui propose un job : créer une chorale de séniors. L’adjoint (Guillaume Marquet) veut leur faire chanter des comptines pour enfants insipides, ce qui n’intéresse pas ce groupe dissipé qu’Alex des difficultés à gérer. Eux, ils veulent chanter du rock, ce qui n’est pas pour déplaire à Alex mais ce que réprouve et interdit l’adjoint.
Du coup, ils vont répéter en cachette, jusqu’au jour de ce spectacle improbable qui est sensé rapprocher toutes les générations, est joué.
A l’instar de « Maison de retraite » de Thomas Gilou, les réalisateurs Ida Techer et Luc Bricault, réunissent une bande de comédiens « séniors » magnifiques : Patrick Rocca, Bernard Lecoq, Andréa Ferréol, Myriam Boyer, Anne Benoit, Brigitte Rouan « vieux rockers » indisciplinés mais avec une pêche du feu de Dieu qui vont donner du fil à retordre Alex qui, pourtant, va finir par croire en eux et réaliser leur rêve, au grand dam de l’adjoint.
C’est un film on ne peut plus choral et pour cause, à la fois déjanté, drôle et émouvant, qui met en lumière ces séniors que l’on délaisse chez eux ou en ehpad.
Tous ont des rôles jubilatoires, quant à Mathilde Seigner, elle est une fois de plus parfaite dans ce rôle de chanteuse paumée qui, grâce à cette bande d’énergumènes, va retrouver la force de remonter la pente.

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Deux rockeuses se sont échappées, l’une de Paris, l’autre d’Aix-en-Provence où elle vit, pour nous rejoindre au Six n’Etoiles et présenter le film.
Mathilde, Andréa, comment vous est venu ce film ?
Mathilde : Ce sont les deux réalisateurs qui m’ont donné rendez-vous dans un café pour me parler du rôle. J’aimé le scénario et j’ai très vite dit oui.
Andréa : La démarche a à peu près été la même à part que je n’ai rencontré qu’Ida Techer qui m’a proposé le rôle de Myriam Boyer. Après la lecture, j’ai demandé ce rôle-là plutôt que celui qu’elle me proposait… Et je l’ai eu !
En plus, j’ai toujours rêvé de chanter de l’opéra… Et j’ai été très heureuse de chanter du rock et du rap !
Mathilde, vous chantez déjà et comme par hasard, vous chantez du Johnny, qui était votre ami !
Oui mais ce n’est pas moi qui ai choisi Johnny. J’ai seulement choisi « Gabrielle » car c’est une des seules que je pouvais chanter dans ma tessiture. Chanter du Johnny, ce n’est pas facile ! J’espère que, s’il me voit, il n’aura pas été déçu

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Et vous, Andréa, vous vous êtes mise au rap !
Oui et croyez-moi, j’ai beaucoup travaillé !
Comment s’est passé le tournage ?
Mathilde : Comme dans le film, nous avons été une équipe indisciplinée et ça a été chouette. En plus, nous étions confinés à cause du covid et le soir, nous prolongions le tournage, nous passions toutes des soirées ensemble à manger ce que chacun son tour concocteait ou apportait et à boire vin et champagne. Je ramenais des choses de Paris où je rentrais tous les week-ends.
Andréa : Moi, je suis restée sur place et j’ai passé mes loisirs à visiter Dunkerque qui est une ville magnifique.
Mathilde : Et elle nous faisait des salades exceptionnelles ! Elle nous a régalés. L’ambiance a toujours été amicale, conviviale.
Cette histoire est une histoire vraie ?
Mathilde : Oui c’est vraiment l’histoire d’un groupe de rock de séniors qui s’est formé voici dix ans, qui continue à chanter, qui fait des galas. Dans la région ce sont des vedettes. Ils ont même fait un disque !
Andréa : D’ailleurs, dans le groupe que nous formons, il y a une quinzaine de chanteurs de leur groupe qui sont venus nous rejoindre. Ils étaient heureux ! Pour eux, ça a été un cadeau de participer au film. Ils ont tous comme nous plus de 60 ans… hormis Mathilde.
Mathilde : Je n’en suis pas loin ! Mais d’ailleurs, qu’est-ce qu’être vieux ? Il y a des vieux qui ont une jeunesse débordante et des jeunes qui sont vieux avant l’âge ! Mais le sujet du film est surtout axé sur la solitude car tous ces séniors sont souvent seuls et même Alex qui est divorcée, sans boulot, qui a des enfants pris entre le père et la mère… En fait, elle aussi est seule.
Andréa : Et puis à cet âge on est souvent seule : le mari est parti ou décédé, les enfants font leur vie et sont souvent loin. S’ils ne trouvent pas quelque chose à faire et rencontrer des gens, c’est difficile.
Mathilde : Alex galère, est déprimée et cette chorale est une planche de salut car elle lui apporte autant que ce qu’elle leur apporte : le bonheur et l’envie d’aller de l’avant ensemble.
Andréa : Plus on vieillit, plus on est seul, des gens qu’on aime disparaissent et si l’on ne fait rien on s’écroule.

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C’est votre cas ?
Mais oui, il se trouve que je fais beaucoup de choses, je tourne, je joue au théâtre et avec mon association « Flâneries d’Art » j’ai créé un festival qui a lieu en juin où je reçois des artistes de tous bords : peintres, sculpteurs, danseurs, écrivains, chanteurs que nous installons dans des jardins privés d’Aix-en-Provence. En juin prochain ce sera le 17ème et j’ai pu trouver deux grands jardins de plus pour l’occasion.
Et côté métier ?
J’ai tourné « Envol » au cinéma, « OVNI(S) » et « L’impasse » pour la télé et je me partage entre deux pièces de théâtre : « Très chère Mandy » d’Erwin Eimi, une pièce de boulevard et « La priapée des écrevisses » de Christian Siméon. Je serai d’ailleurs au théâtre du Rocher à la Garde le 24 janvier.
Ce doit être un sacré jonglage !
Oui, c’est quelquefois un peu embouteillé mais, comme ces séniors, si je ne travaille pas, qu’est-ce que je fais ?!
Et vous Mathilde ?
Après avoir tourné « Les enfants des justes » de Fabien Onteniente, ça fait un an que je ne fais rien et je suis en pleine forme. ! Ca fait 34 ans que je fais ce métier et que je n’ai jamais arrêté. J’avais envie de profiter de ma vie, aller au cinéma, au théâtre, de profiter de ma famille et de ma maison à St Cyprien. J’ai des projets lointains mais pour le moment je profite de ma vie.
Pas peur qu’on vous oublie ?
Après tout ce que j’ai fait, je n’ai pas peur. Et si c’est le cas… je m’en fous ! »

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Avec Noémie Dumas, directrice du Six n’Etoiles et le Dr Stéphanie Guillaume,
adjointe à la santé de la mairie de Six-Fours, fan de Mathilde Seigner

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photoscreations.fr