Toulon, fête du livre (Photo Christian Servandier)
Nous étions en 2005.
Je préparais, comme chaque année, le festival du premier film de la Ciotat dont j’étais le directeur artistique.
Comme chaque année, je devais composer un jury et j’avais mon ami Laurent Malet qui avait accepté d’en être président. J’avais aussi demandé à Marie-Dominique Girodet (ex Zidi) avec qui j’étais très ami et qui était productrice (Entre autres de « Pédale douce »). Je cherchais donc d’autres jurés et c’est elle qui me proposa d’inviter Charlotte Valandray. Elle fut l’héroïne de « Rouge Baiser » qui la fit connaîtr puis plus tard, de la série TV « Les Cordier ».
On ne parlait plus beaucoup d’elle mais pourquoi pas l’ajouter au jury ?
J’attendais celui-ci à l’hôte et la porte d’ascenseur s’ouvrit sur une fille échevelée qui, sans dire bonjour, me crié que l’hôtel ne lui plaisait pas et qu’elle n’y resterait pas une minute de plus.
C’était alors un hôtel tout neuf que tous les autres jurés trouvèrent très bien. Mais le ton montait, elle menaçait toujours de repartir et comme je ne suis pas particulièrement patient, je lui rétorquai que, n’étant pas Catherine Deneuve, nous nous passerions très bien d’elle.
Voyant que le ton montait, Marie-Do la prit à part et, après un long conciliabule, elle décida de rester.
Ça commençait bien !
Les premières journées furent un peu houleuses, jouant à cache-cache avec moi, puis avec les photographes et les journalistes dont elle ne voulait pas entendre parler. Il faut dire qu’elle n’y mettait pas beaucoup du sien.
Jusqu’au soir de la remise des prix où nous nous retrouvâmes à table face à face. Et là, premier sourire, excuses et elle me confia qu’elle était désolée d’avoir agi ainsi mais qu’elle était malade et très préoccupée. J’excusais et elle partit le lendemain après qu’elle soit venue me dire au-revoir.
Marie-Do vient me confirmer qu’elle allait mal et que c’était pour ça qu’elle m’avait demandé de l’inviter.
Nous apprîmes par sa voix, à quelque temps de là, qu’elle avait contacté le sida par son compagnon.
Elle lutta comme une lionne, d’autant qu’après ça elle dut subir une greffe dont elle sortit et elle eut même, chose qu’elle n’attendait pas, une fille prénommé Tara. Et cela lui donna une fureur de vivre incroyable.
A partir de là, sa carrière fut en dent de scie mais elle se mit à écrire, d’abord en racontant tout ce par quoi elle était passée puis, ayant découvert l’écriture, elle sortit plusieurs livres.
Je la retrouvai à fête du livre de Toulon et ce fut d’heureuses retrouvailles. Chaque fois qu’un de ses livres sortait elle me l’envoyait avec une adorable dédicace.
Nous devions nous retrouver au festival télé d la Rochelle où, avec une partie de l’équipe, elle venait présenter la série qui cartonnait « Demain nous appartient » et nous passâmes une sympathique soirée avec les héros de la série. !
Dernière rencontre, dernières photos : Elle vint, il y a trois ans, jouer avec un autre ami, Christian Vadim « Station Bonne Nouvelle » où tous deux étaient drôles et romantiques à souhait.
Elle venait de réaliser un vœu, une envie qu’elle avait depuis longtemps : réaliser un disque avec ses propres chansons intitulé « A tout à l’heure » avec une chanson… Prémonitoire ? « Plus de temps à perdre ». Elle n’aura que le temps de faire un très joli clip avec la reprise de Marie Myriam « L’enfant et l’oiseau ». Une seconde greffe lui aura été fatale.
Aujourd’hui, je n’ai envie de garder que le souvenir de nos jolies rencontres et je garde d’elle quelques derniers mots qu’elle m’a écrits.
Bon voyage, Charlotte
Jacques Brachet
La seule photo qu’elle accepta à la Ciotat