Six-Fours – Six N’Etoiles
David ABOUCAYA revient de guerre

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Il est réalisateur, producteur, scénariste, monteur, compositeur et… Six-Fournais !
A chacun de ses films, David Aboucaya vient en avant-première les présenter au Six-N’Etoiles et n’a donc pas failli à la règle pour venir présenter «Piège de guerre», son troisième long métrage qui traite encore de son sujet de prédilection : la guerre.
Un film impressionnant, haletant, émouvant qui démarre dans un huis clos inattendu et angoissant puisqu’un jeune soldat, se retrouve enseveli dans des décombres d’où il essaye de se sortir en creusant à la lumière de sa torche électrique. Il ne va alors cesser de creuser, passant de la rage à l’espoir, de la peur au manque d’air avec pour tout soutient, la photo de ses parents. Son destin va se jouer en parallèle de celui d’un autre soldat tout aussi prisonnier dans les décombres et blessé.
Dans un huis clos insoutenable et angoissant, ils vont se battre pour tenter de sortir de cet enfer.
Mais A l’air libre, tout autour tout explose, l’ennemi est partout et c’est un tout autre enfer qui va les attendre.
L’ami David réalise là un film remarquable avec des images à la fois superbes pour la course à travers près et bois et des images souterraines impressionnantes.
Claustrophobes… vous tenir au siège !

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David et son équipe. A gauche Laurent Guiot, à droite Pascal Putet

C’est un film digne des grandes productions qui ont traité ce sujet et digne d’un Hitchcock car jusqu’à la dernière image il nous tient en haleine.
Les deux comédiens, Laurent Guiot et Pascal Putet sont extraordinaires de vérité et d’émotion.
Petit clin d’œil de David : dans le film précédent « Winter war » apparaissaient Laurent, son frère  et son fils aîné Samuel, et dans ce dernier, c’est son fils Adam qui y paraît !
Toute l’équipe était là, dans cette nouvelle salle, pour soutenir le film… Dommage qu’aucune personne de la mairie ne soit venue soutenir ce réalisateur six-fournais qui nous offre là un film  qu’on ne pourra voir qu’en DVD et en blue ray, alors qu’il mériterait un grand écran.

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Avec Noémie Dumas, directrice du Six N’Etoiles

« David, comment peut-on réaliser un film aussi réaliste sous des gravats et arriver à filmer des plans aussi impressionnants ?
C’est vrai que c’était assez compliqué, d’autant plus que je suis claustrophobe ! Il faut trouver des terrains, des trous et après, pouvoir trouver l’axe d’éclairage dans un milieu étroit et confiné. Les trous sont des décors que j’ai élaborés, puis nous avons tourné dans les sous-sols de l’ancienne prison de Brignoles. Les décors deviennent « naturels » dans les galeries.
Le plus difficile a été de s’habituer à vivre dans noir, dans cet environnement clos et de s’adapter à respirer, mais aussi à pouvoir se protéger et protéger le matériel de la terre et des gravats qui tombaient.
Les deux comédiens ont dû s’adapter à toutes ces contraintes et à la situation…
– Nous avons souffert – nous disent-ils en riant – mais en même temps c’était excitant et nous avons mis un point d’honneur à réussir cette performance. Il y avait aussi un certain plaisir à y arriver. L’un des problèmes est que sous terre on perd ses repères et il y avait aussi cette espèce de claustrophobie  qui devait se faire sentir à l’image.
– J’ai essayé de leur faire passer mon ressenti  de claustrophobe à ce propos !, ajoute David.
Pour les scènes de guerre, les explosions étaient-elles réelles ?
Oui mais… chut ! Évidemment les tirs sont des tirs à blanc et les explosions des effets spéciaux pour soulever des débris de terre et de pierre.
Est-ce que l’histoire est tirée d’un fait véritable ou de ton imagination ?
C’est une histoire que j’ai écrite, on peut imaginer que de tels faits se soient passés mais j’ai tout pensé et écrit. D’ailleurs, je ne cite jamais la nationalité d’un régiment, c’est juste côté allié, on peut donc supposer qu’il français ou américain. Par contre, il n’y a aucun doute que ce soit l’armée allemande. Ce sont deux armées en guerre.
Je suppose qu’un tel film prend beaucoup de temps à voir le jour…
J’ai eu deux mois d’écriture, puis une année pour tout monter et il y a eu en tout et pour tout 19 jours de tournage. Ça a été très court mais chacun tenait son rôle, même si c’est une équipe réduite. Quant aux figurants, ils n’ont pas été maltraités !

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Tes deux comédiens sont magistraux. Comment les as-tu trouvés ?
Laurent, je l’ai connu sur « Winter war » et c’est lui qui m’a parlé de Pascal. Nous avons dont été très vite dans un climat de confiance. Quant à mon fils, j’ai tout de suite pensé à lui et il a accepté avec enthousiasme. Dans tous mes films la famille tient toujours une place dans mes scénarios.
On sait que tu es loin d’avoir des moyens d’une superproduction. Comment fais-tu pour arriver à faire des films aussi aboutis, mieux quelquefois que certains films qui ont l’avantage de passer en salle et qui ne le méritent pas ?
Je travaille beaucoup avec des associations et des collectionneurs qui nous fournissent costumes, objets, matériel militaire, qui sont aussi passionnés que nous. Ce sont des partenariats avec des gens qui connaissent l’Histoire, qui font des recherches historiques et les reconstituent. Quant à mon équipe, tu le sais, elle est réduite.
Étant donné que tu es à tous les postes, quel réalisateur es-tu ?
Je suis à l’écoute des comédiens. Je leur donne un scénario très écrit mais je suis ouvert à toute proposition, suggestion de leur part. Si c’est dans le droit fil de l’idée de départ, je suis prêt à la tourner. Après bien sûr, la finalité reste au monteur… que je suis aussi !
Je leur laisse tout de même une certaine liberté, une certaine spontanéité.
Tu as aussi écrit la musique ?
En fait, je ne sais pas écrire la musique mais je la compose et je l’enregistre sans l’écrire.
Dans ce film il y a en fait deux parties : celle qui se passe sous terre et celle qui se poursuit sur le terrain.
Oui, c’est un pari que je me suis fait, de faire dans le film se côtoyer deux genres bien distincts : ce huis clos souterrain pendant que la guerre continue au-dessus des deux soldats puis le retour à l’air libre qui est à la fois une délivrance mais qui les replonge dans l’horreur de la guerre.
Tu en es à ton troisième film de guerre… Qu’est-ce qui te fascine autant ?
J’aime l’Histoire en général et ce que j’aime aussi c’est que dans la guerre, il y a un condensé de la condition humaine qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Ce n’est donc pas une fascination pour la guerre elle-même mais pour tout ce que cela représente d’humanité ».

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Humanité que l’on ressent dans ce très beau film que David maitrise d’un bout à l’autre, film à la fois d’action et d’atmosphère superbement réussi et qui vous tient jusqu’à la dernière image.

Jacques Brachet