Six-Fours : Edwy PLENEL, invité du Six N’Etoiles

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Avant de frapper les trois coups des festivités des 7 et 8 mai célébrant l’inauguration de la 4ème salle, le Six n’Etoiles démarrait avec un invité d’honneur : Edwy Plenel, journaliste d’investigation et créateur en 2008 du journal Médiapart, qui, depuis sa création, a soulevé bien d’affaires comme les affaires Sarkozi-Khadafi, Bolloré-Hanouna, Havas, détenu par Bolloré père et fils, Bolloré, encore lui, et Zemmour, Bernard Arnaud, Cahuzac et bien d’autres.
Bien entendu, ça n’a pas fait l’affaire des intéressés dont certains se sont retrouvés rattrapés par la justice. Le journal et entre autre Edwy Plenel, ont subi des procès, des menaces, des chantages, ont été traités de « fouille m…e » et j’en passe.
Mais contre vents et marées, le bateau suit sa route, ne coule pas et continue de soulever des lièvres.
« On nous cache tout, on nous dit rien » chante Dutronc mais le fait est avéré et lorsqu’on ne cache pas, on énonce ce qu’on appelle aujourd’hui « des fakes » d’autant que la presse écrite est relayée par les réseaux sociaux… Le choix du roi.
La liberté de la presse est durement malmenée et menacée. Et la résistance est rude.
Produit par Edwy Plenel, le film « Média crash – Qui a tué le débat public ? » a été monté par deux journalistes, Luc Harmann et Valentine Oberti,  qui ont pris le risque de mettre ces affaire au grand jour, preuves à l’appui et l’on est effaré de voir ce qui se trame et se fait dans les couloirs de la politique.

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Hervé Féchino, responsable de la Ligue des Droits de l’Homme de Toulon, Michel Gairaud, créateur du journal « Le Ravi », Noémie Dumas, directrice du Six N’Etoiles, Edwy Plenel.

De quoi ne plus avoir envie de voter, ce que l’on constate aujourd’hui. Et pourtant, des gens comme Médiapart mènent avec force et courage un combat qui paraît sans issue.
Encadré par Jean-François Popelin et Michel Gairaud, créateurs depuis 18 ans du magazine régional « Le ravi » et Hervé Fechino, représentant la Ligue des Droits de l’Homme de Toulon, Edwy Plenel est venu présenter le film.
« La liberté de la presse – nous dit Edwy Plenel – est sans cesse bafouée, les régimes contrôlent et musèlent la presse ou la font tout simplement disparaître alors qu’elle est indispensable à la démocratie. Ce film est un film d’enquête et d’observation qui vise à animer le débat d’intérêt public. Chaque affaire est en fait un polar dans lequel nous nous plongeons pour faire sortir la vérité.
Nous abordons des affaires graves de corruption, des scandales qui méritent d’être connus, Bolloré en étant un symbole. Le pouvoir politique est aujourd’hui tenu par quelques milliardaires et nous en arrivons à des situations anti démocratiques, anti républicaines, des méthodes maffieuses détestables. C’est d’une grande violence, c’est monstrueux et encore ce n’est qu’un petit bout de l’iceberg. »
Michel Gairaud confirme : « Ce qui se fait dans les hautes sphères se retrouve aussi en province.

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Un journal, pour exister, a besoin d’argent et nous ne vivons que des abonnements et des dons. Mais les plus grands journaux et magazines sont assujettis à la publicité détenue par quelques grandes marques, distributeurs, entreprises milliardaires qui tiennent le marché et font pression sur les médias. Ce sont ce qu’on appelle des procédures bâillon car ils ont les moyens de faire des procès que nous n’avons pas. Les frais de justice sont très lourds et se battre contre eux est difficile. On le ressent d’autant plus fort à l’échelle régionale ».
« Nous sommes aujourd’hui – reprend Edwy Plenel – une démocratie de basse intensité. Les médias sont des biens publics, il y a des conventions, une déontologie, un pluralisme que nous devons garder et défendre.  Il ne faut pas qu’on dépende du gouvernement et se battre contre ça. A Médiapart on a toujours refusé le mécénat qui, pour la plupart du temps, n’est là que pour se remplir les poches. Du coup, on ne vit que par le lectorat, les abonnements ».
Un film édifiant sur les façons de faire des grands de ce monde qui en tiennent et tirent les ficelles.

Jacques Brachet