Notes de musiques

Marcia HIGELIN – Prince de Plomb – Blue Line 2022 – (6 titres)
Foin de ces chanteuses à voix de gamine incolore, voici une vraie chanteuse qui chante avec une voix de femme, de la puissance, du grain, une large tessiture et une diction impeccable. Elle a du mordant, de la pêche, de la tendresse aussi, de la sensualité, et un engagement total. Elle puise son inspiration dans sa vie, elle dit qu’elle « veut proposer quelque chose d’unique ». Certes il y a encore quelques tics d’inflexions de nombre de chanteuses d’aujourd’hui dont il faudra se débarrasser. D’ailleurs il y en a moins qu’à ses débuts. Pas de blablabla amoureux avec elle, elle se révolte et crie sa vérité comme dans le morceau culte « Prince de plomb ».
Marcia Higelin est sur les traces d’Arthur H, son père, et de Jacques Higelin, son grand père. Comme quoi il y des familles génétiquement artistes. A star is born.
Regrettons que les musiciens qui l’accompagnent ne soient pas mentionnés.
Sortie du EP le 13 mai 2022, suivi d’une tournée dans quelques villes de France jusqu’en septembre.
SANS PRÉTENTION – le vent des jours heureux  (Bio label 2021 & Tms productions)
Voilà un groupe de joyeux drilles qui affiche 3 millions de vues sur YouTube et des passages télé pour leur premier titre éponyme « Sans prétention ». Leur premier disque était une nécessité !
Six copains exerçant différents métiers : agriculteur, vendeur de légumes sur les marchés, carreleur, commercial et qui sont aussi chanteurs musiciens amateurs (qui aiment) se sont réunis « Sans Prétention » pour faire partager leur joie. Dans leur chansons il y a « d’la joie », de l’amour, de l’optimisme, comme chez Charles Trénet, sans toutefois le sens du tragique, mais tout de même des injonctions graves comme dans « Le vent des jours heureux » : Relève un peu la tête/Ouvre grand les yeux/Et laisse venir le vent. Il y a du punch, du peps. Les paroles sont amusantes, bien articulées, les airs sont sans prétentions avec des arrangements simples et bien enlevés.  On trouve aussi une tonalité Renaud comme avec « Alors valsons ». Le disque se termine par une chanson peu connue du Gainsbourg 1965 « Un violon, un jambon » qu’il interprétait façon western. Nos lascars en font une autre approche très dynamique.
Ils reprennent une tradition très française de chansons gaies et dansantes. Un disque parfait pour les fêtes collectives, les rencontres champêtres.

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CANNONBALL ADDERLY – Live In Paris : 1960 / 1961 – Coffret de 3 CD
Frémeaux & Associés (FA5809).

Frémeaux & Associés ont édité, avec une qualité exceptionnelle, ce qu’on pourrait appeler la bibliothèque sonore du monde. Pour ce qui est du jazz leur catalogue est époustouflant, c’est toute l’histoire de cette musique.
Le saxophoniste alto Cannonball Adderley et son frère Nat le trompettiste-cornettiste ont porté le Hard Bop au sommet, ce mouvement majoritairement l’œuvre des Afro-Américains pour  revitaliser  le jazz qui avait tendance à s’affadir avec la récupération commerciale. La base en est le blues, le gospel, le bebop, et un retour à l’expressionnisme lyrique avec une chauffe et un swing déments. Les frères Adderley en seront l’un des plus prodigieux phares, et ce disque est un sommet.
Michel Brillé, directeur de la collection Live in Paris, a fait un travail remarquable pour nous offrir ce chef d’œuvre d’une qualité sonore irréprochable, l’un des grands moments du jazz.
Les Frères Adderley étaient en compagnie de Victor Feldman au piano, Louis Hayes à la batterie et Sam Jones à la contrebasse pour les CD 1 et 2. Même personnel sur le CD 3 avec en invités Ron Carter (b), ou Sam Jones (b, cello).
Si j’avais un conseil à donner aux élèves qui forment des groupes à la sortie du conservatoire, ce serait d’écouter ce disque jour et nuit, au lieu de se perdre dans des complexités et des mélanges trop souvent ennuyeux.

 

Serge Baudot