Un « Ténor » magnifique !

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Raphaël Benoliel co-scénariste et producteur, MB14, Michèle Laroque, Claude Zidi Jr

Je vais vous faire un aveu : il y a très, très, très longtemps que je n’avais pas pleuré au cinéma !
Et ce sont trois artistes qui en sont la cause, le réalisateur Claude Zidi Junior, la comédienne Michèle Laroque et la révélation de « The Voice » de la saison 5 : MB14.
Tous trois réunis sur le film « Ténor » que Claude Jr a écrit et réalisé et ses deux interprètes.
Antoine vit dans une cité parisienne, essayant tant bien que mal de suivre des études comptables sans conviction, alors que le rap est sa passion. Pour payer ses études,aidé de son frère ainé, il travaille chez un traiteur de sushis.
Un jour qu’il doit les livrer à l’Opéra Garnier, il découvre les fastes de ce splendide lieu et surtout, il surprend un cours de chant qui le renverse. Après une algarade avec un élève, il veut montrer qu’il a  de la voix, sous le regard étonné de Mme Loyseau, la professeure du cours, qui lui propose aussitôt d’entrer dans son cours.
Ce sera pour lui le départ d’une aventure où vont se disputer la musique classique et le rap, la cité et l’opéra, les cours de chant et les « battles » de rap. Et surtout la peur d’avouer cette nouvelle passion à son frère, ses copains qui ne comprendraient pas sa nouvelle orientation.
Bien évidemment, il faudra qu’un jour la vérité éclate.
On suit donc le chemin de ce jeune pris en étau mais qui va développer une passion dévorante pour ce nouveau mode d’expression musicale.
Claude Zidi Junior réalise là son premier film en solo et c’est une réussite totale à tous niveaux : le sujet est original, plein d’émotion, de tendresse, sans une once de pathos, où la musique est omniprésente et les personnages attachants : Michèle Laroque, l’une de nos plus grandes comédiennes françaises et d’une justesse, d’une retenue face à l’adversité car on apprend qu’il lui reste peu de temps à vivre, minée par un cancer mais qui, contre l’adversité, reste immuablement belle et sereine grâce à sa passion et cette envie de sortir ce jeune garçon de l’ombre. Elle a rarement été aussi émouvante. MB14 qu’on redécouvre après « The voice » beau, charismatique et avec une voix exceptionnelle, dont le talent de comédien est très prometteur. Il crève l’écran

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Claude Zidi Junior filme le magnifique Palais Garnier comme on ne l’a jamais fait, avec somptuosité et a su mêler deux mondes, celui du rap et celui de l’Opéra, avec une harmonie incroyable.
Cette première scène du film où le frère d’Antoine, boxeur, combat sur fond de musique classique, est un ballet à magnifique. Le duo d’Antoine avec Roberto Alagna sur la scène du Palais Garnier vous laisse les frissons et que dire de la scène finale où Antoine concourt pour entrer dans ce temple de la musique avec, en voix off, la lettre que lui a laissé Mme Loyseau… Et c’est là que toute la salle se met à pleurer !
Il y a fort longtemps que le cinéma français ne nous avait offert un moment aussi fort.
Et l’on est heureux de retrouver nos trois artiste au Pathé la Valette, à peine remis que l’on était et essuyant nos dernières larmes !
D’autant plus heureux que j’avais tourné tourné avec Claude Zidi sénior, que je suis ami avec sa mère, la productrice Marie-Dominique Zidi-Girodet avec qui, entre autre, nous avions passé une folle soirée lors de la sortie de « Pédale douce » qu’elle produisait, avec Patrick Timsit et… Michèle Laroque, que je croise depuis longtemps, dont à Six-Fours où elle était venue tourner « Enfin veuve ».
Quant à MB14, je l’avais suivi et remarqué dans ses pérégrinations de « The voice » où il était arrivé en finale.
A noter aussi que j’ai connu Julien Zidi, frère de Claude Jr qui réalisait la série « Section de recherches » avec mon ami Xavier Deluc, Julien hélas décédé voici quelques mois.
Nous étions donc en pays de connaissances.

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« Claude, comment est venue cette idée de scénario ?
Il y a très longtemps, une dizaine d’années déjà,  que j’avais en tête de réaliser un film autour de la musique, avec un contraste entre deux styles. Comme j’aime toutes les musiques, mon idée s’est arrêtée sur le rap et l’opéra. Ça a été assez long à faire admettre à un producteur que ce pouvait être une bonne idée, sans compter qu’il fallait trouver un jeune artiste qui sache jouer mais aussi chanter à la fois du rap et de l’opéra.
Et alors ?
C’est mon producteur, Raphaël Benoliel, qui a eu l’idée de me faire découvrir l’émission « The voice ». On a écouté nombre de jeunes chanteurs et lorsqu’on est tombé sur MB14, on s’est très vite dit que c’était lui. Encore fallait-il qu’il sache jouer car il était inconnu et devait tenir le rôle principal ! Mais ça a très vite été une évidence.
Et le choix de Michèle Laroque ?
Il nous fallait une comédienne qui ait à la fois cette fantaisie mais aussi cette gravité que comporte le rôle. Etant professeur de musique classique, il fallait aussi de l’élégance, un grain de folie, un certain recul puisqu’elle est malade. Michèle est une actrice populaire mais on ne jamais vue dans un rôle aussi grave. Sans compter que leur rencontre a aussitôt fait mouche.
MB14, d’abord pourquoi de pseudo ?
Les initiales sont celles de mon nom : Mohamed Belkhir. J’ai ajouté le 14 car c’est un chiffre qui m’a toujours porté bonheur. Dans ma vie, il m’est arrivé beaucoup de belles choses un 14.
Comment passe-t-on de chanteur à comédien-chanteur ?
En dehors du fait que mon père désirait que je devienne avocat, je voulais devenir footballeur… Jusqu’à ce que, très jeune, je me rende compte que j’étais nul ! J’étais très attiré par la musique, les mots et j’ai même fait quelques mois de conservatoire. Puis je me suis lancé dans le rap mais j’ai toujours écouté et aimé toutes les musiques. Et j’ai toujours eu envie d’être comédien.
« The voice a été une grande chance pour moi puisque ça m’a permis d’être connu en tant que chanteur. J’ai pu faire des galas et un disque.

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Et le cinéma ?
Ça m’est tombé dessus puisque le producteur de Claude m’a un jour appelé pour me demander si ça m’intéresserait. J’ai dit oui mais… j’ai attendu six ans qu’il me rappelle. Je pensais que le film ne se ferait pas où qu’on avait choisi quelqu’un d’autre. Lorsque l’on m’a rappelé, j’étais fou de joie.
Michèle, comment avez-vous appréhendé ce rôle qui sort un peu de ce qu’on connait de vous ?
C’est ce qui m’a tout de suite plu. Mme Loyseau est une femme passionnée de musique, elle a été une grande cantatrice et elle est tout aussi passionnée de transmettre ses connaissances. Elle est fantasque, aime les jeunes hommes, le bon vin. Elle aime la vie mais elle apprend qu’elle a in cancer et décide de vivre sa vie jusqu’au bout. Et ce jeune garçon qui arrive par hasard dans sa vie, elle décide que ce sera son dernier élève, sa dernière réussite.
Pour elle, la transmission est importante et j’ai été à bonne école car, lorsque je débutais, j’ai tourné « Le mari de la coiffeuse » avec Jean Rochefort qui a été aux petits soins pour moi, qui, à chaque prise, venait s’asseoir auprès de moi pour me donner des conseils. Je lui en suis toujours été reconnaissante et aujourd’hui je le fais à mon tour avec mes master-class. Ce que je retrouve d’ailleurs dans ce film. Et ce que j’ai aussi fait avec MB14 dont c’était le premier rôle et un rôle redoutable car il est l’acteur principal du film, doit jouer et sortir du rap pour attaquer les grands airs d’opéra.
MB14, quelle a été la plus grande difficulté ?
Le premier jour de tournage où je me suis retrouvé sur la scène du Palais Garnier avec Michèle et… Roberto Alagna, l’un des plus grands ténors du monde ! C’était très impressionnant. Mais il a été tellement simple et gentil que très vite il m’a mis à l’aise. Après ça, je pouvais y aller sans crainte… ou presque, car il y avait quand même un peu de stress de savoir que le film se jouait en partie sur moi.

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Claude, tourner dans un lieu aussi prestigieux doit être émouvant ?
Très… D’autant que nous l’avons eu rien qu’à nous durant une semaine. Et nous en avons profité au maximum. Jai pu le filmer comme je le voulais !
– Et j’ai eu la chance – dit Michèle en riant – d’avoir la loge de l’impératrice !
Est-ce facile d’ avoir l’acceptation de Roberto Alagna ?
Il nous fallait un ténor et j’ai tout de suite pensé à lui tout en sachant que ça risquait d’être difficile car ce n’est pas n’importe qui, il joue dans le monde entier. Et tout s’est fait dans la plus grande simplicité. Il a très vite dit oui, il est venu tourner, l’alchimie s’est faite tout de suite, il était très accessible et a joué le jeu, d’autant plus facilement qu’il jouait son propre rôle.
Claude, comment s’est fait l’enregistrement de la musique ?
Tout s’est fait en « live » sauf la dernière scène que MB14 a enregistrée.
Même vous Michèle ? C’est vous qui chantez ?
(Elle rit). Tout s’est fait en « live » comme le dit Claude. Je n’en dirai donc pas plus ! »

Que vous dire d’autre que nous avons vécu une journée de charme et d’émotion grâce à ce film qui est un petit chef d’œuvre et à nos trois complices adorables, passionnés, heureux et émus de l’accueil de leur film qui sortira le 4 mai sur les écrans.

Jacques Brachet
Photocrations.fr