Jacques GAMBLIN, François UZAN, Pablo PAULY
sourient pour la photo

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Dans la famille Hamelin il y a Thierry, le père (Jacques Gamblin) nostalgique de la vie d’avant, le nez dans ses photos, devenues son obsession, qu’il a décidé de scanner, oubliant quelque peu sa famille. Puis il y a Karine, la fille (Agnès Hurstel) embrigadée entre sa nouvelle vie d’avocate qu’elle assume mal et son compagnon, Christophe (Ludovik) avec qui elle s’ennuie et qui, lui, essaie de s’immiscer dans cette famille où il est mal perçu. Il y a encore Antoine (Pablo Pauly), éternel adolescent, paresseux, dolettante qui a mille projets qui n’aboutissent jamais. Enfin Claire (Pascale Arbillot) qui vit à côté de deux enfants particuliers et un mari qui est enfermé dans son passé.
Du coup, elle décide de divorcer, ce qui est un coup de tonnerre dans la vie de Thierry qui décide alors de revivre leur plus belles vacances en Grèce en 98 et de refaire le voyage à l’identique en reprenant toutes les photos des lieux où ils sont passés.
Mais voilà, on ne peut jamais revivre la même chose à 25 ans d’intervalle, d’autant que chacun va le suivre contre son gré, pour des raisons diverses.
Et bien sûr tout va foirer dans ces lieux idylliques mais ce sera peut-être un mal pour un bien, chacun se remettant en question.
Ce pourrait être un drame, c’est une comédie écrite et réalisée par François Uzan (scénariste de « Stars 80 », « Le mac ») qui signe là son premier film. Une comédie enlevée, truffée de gag, de répliques accrocheuses, avec des personnages hauts en couleur qui nous font partager leur vie de famille où chacun d’entre nous peut se retrouver. En effet, qui n’a pas connu ces voyages en famille avec toutes leurs péripéties, leurs joies et leurs problèmes ?
C’est à Toulon sous un ciel couvert et un vent glacé, que nous rencontrons le réalisateur, encadré du père et du fils de cette comédie ensoleillée intitulée : « On sourit pour la photo »

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Jacques Gamblin, Pascale Abillot, Agnès Hurstel, Pablo Pauly

François Uzan, qui vous a donné l’idée de cette comédie ?
J’ai toujours été nostalgique de mes souvenirs d’ado en vacances avec mes parents. Souvenirs que j’aime raconter, entre autre à un de mes amis, qui est aussi producteur du film, Anthony Lancret et qui un jour, fatigué de toujours les entendre, m’a dit : « Plutôt que de les rabâcher, pourquoi n’en ferais-tu pas un scénario ? ».
Je m’y suis donc mis, racontant anecdotes et péripéties et en y ajoutant ce rapport photos/souvenirs, ce qui donne un côté nostalgique mais une nostalgie souriante. C’aurait pu être un film triste ou mélancolique mais j’ai préféré «pleurer ces jolies choses » avec optimisme. Jacques a un côté touchant avec ce rapport particulier qu’il a  aux souvenirs, à ce côté obsessionnel avec les photos mais il aime sa famille et va tout faire maladroitement pour la ressouder. Surcout, je voulais qu’on l’aime à travers ces conflits d’énergie, aux côtés d’une femme qui veut sortir de la routine qui l’étouffe et qui n’est plus en phase avec son mari.
Jacques Gamblin, le scénario vous a-t-il tout de suite accroché ?
Oui car c’est très bien écrit, les répliques font mouche, ça tape, ça sonne, c’est plein de sentiments et j’ai bien aimé jouer ce personnage un peu mou, un peu pathétique, qui veut se battre pour le meilleur et surtout reconquérir sa femme en croyant qu’en revenant en arrière tout va s’arranger… Surtout avec toujours cette même obsession de la photo. En fait, il se bat pour l’amour et a envie de déplacer des montagnes pour que tout redevienne comme avant.
Et puis, tourner dans ces lieux idyllique, même si c’était du travail c’était aussi un peu les vacances !

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Jacques Gamblin avec Pascale Arbillot et Ludovik

Et vous, Pablo Pauly ?
J’ai aimé cet espèce d’enfant éternel malgré ses trente ans. C’est un grand bébé qui doit s’émanciper et je le trouve touchant dans sa maladresse, dans ses projets fous qui n’aboutissent pas, qui compte beaucoup sur papa pour s’en sortir. Je suis un peu le mouton noir de la famille. Je l’ai joué au premier degré. J’ai été content de rencontrer François Uzan et surtout de retrouver jacques avec qui j’avais tourné « De toutes nos forces » de Niels Tavernier.
François, avez-vous écrit en pensant à ces comédiens ?
Non, je n’aime pas agir ainsi car ce peut être frustrant si l’on écrit pour quelqu’un qui après, pour diverses raisons, ne jouera pas le rôle. J’ai donc écrit sans pense à personne et une fois écrit je l’ai proposé en sachant qu’après ça j’adapterais des situations à la personnalité, le caractère des comédiens qui joueront le rôle. J’ai donc, une fois que je savais qui allait jouer, réécrit des scènes, j’en ai rajouté, j’ai vraiment adapté le scénario à mes comédiens.
Et ce qui est drôle c’est que je me retrouve dans tous mes personnages, pour des raisons diverses, entre la nostalgie de l’un, l’immaturité de l’autre, les problèmes pour savoir ce que je voudrais faire, mes interrogations, mes hésitations, mes envies… Il y a un peu de moi dans tous et c’est pour ça que je les aime.
C’est votre premier long métrage. Comment l’avez-vous appréhendé ?
Avec un peu de stress car il y a eu quelques problèmes au départ mais une fois que j’ai été sur le tournage tout s’est envolé, d’autant que j’étais avec des comédiens à l’écoute, qui m’ont aidé, soutenu. C’était une vraie famille.
Et vous Jacques ?
Moi, dans la mesure où je donne mon accord pour un tournage, je fais confiance au réalisateur. Il y a eu une entente qui s’est tout de suite installée. Ce qui me permettait quelquefois de proposer  quelque chose sans pour cela jamais imposer quoi que ce soit. Chacun son rôle et j’ai toujours fait ce que François proposait. D’autant qu’il est d’une grande gentillesse, très près de ses acteurs.

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Et vous Pablo ?
Déjà, passer huit semaines dans des lieux pareils, il n’y avait pas de quoi stresser !
J’ai tout de suite été en osmose avec François, je retrouvais Jacques et l’on a très vite formé la famille qu’attendait François, d’autant que nous étions un peu la famille qu’il avait vécue avec la sienne. Beaucoup de souvenirs lui revenaient et c’était quelquefois émouvant.
Alors, les projets de chacun ?
François : Je vais retourner la suite de « Lupin » avec Omar Sy et je prépare un film que j’ai écrit avec Jean-Pascal Zadi intitulé « En place » une série pour Netflix avec Judor et Benoît Poelvoorde
Pablo : Je viens de tourner « Trois nuits par semaines » de Florent  Gouelou
Jacques : Je suis en ce moment au théâtre avec »Harvey » de Marie Chase, je prépare un spectacle avec une chorégraphe, Raphaëlle Delaunay qui s’intitule « Hop », à la fin de l’année sortira « Le tigre et le président » de Jean-Marc Peyrefitte, avec André Dussolier, face à face Deschanel-Clémenceau et j’ai un autre film en projet ».

En attendant, notez la date du 18 mai, jour où sortira « On sourit pour la photo » qui vous apportera un vent de fraîcheur et de soleil.

Jacques Brachet
Photocreations.fr