NOTES de MUSIQUES

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EDGÂR – Secret ( Grabuge Records (10 titres)
Antoine Brun et Ronan Mezière, deux garçons qui viennent de la scène amiénoise, forment le groupe Edgär en 2015, groupe qu’on peut référer dans la musique électro-pop. On y sent beaucoup d’influences, les grands groupes anglais, un peu Indochine ; bref, entourés de tous les instruments électroniques d’aujourd’hui ils fabriquent une musique très agréable à entendre, mais qui pourtant n’a pas grande originalité. Les arrangements sont simplistes, reposant sur des nappes de claviers, certes efficaces et porteuses, et des boums boîte à rythme sur le temps qui relie forcément ce disque au disco. Serait-ce une réponse à Juliette Armanet qui chante « Le dernier jour du disco » ?
Les paroles sont souvent intéressantes, les deux chanteurs restent dans le médium et chantent avec conviction ; les morceaux sont des compositions du groupe sauf celui intitulé « Secret » qui n’est autre que « The Sound of Silence » de Paul Simon chanté par Simon and Garfunkel. Ils s’en sortent correctement.
Une tournée est prévue jusqu’en juillet 2022. Alors souhaitons leur bonne chance en attendant le deuxième opus.
Chet BAKER -Sings – La genèse (Jazz Images 83312 (www.jazzimagesrecords.com)
Réédition avec 6 titres en bonus de ce célèbre Chet Baker Sings enregistré entre 1954 et 1956 à Los Angeles. Cette réédition accompagne un livre de 80 pages écrit par Brian Morton qui rapporte brillamment le genèse de ce disque qui fut best seller et eut le plus de succès parmi toutes les productions de Chet Baker (1929-1988). On y trouve aussi un hommage de Ricardo Del Fra, longtemps contrebassiste du trompettiste. Livre illustré de magnifiques photos rares ou inédites, œuvres de grands photographes.
Brian Morton rappelle que « cet album vocal fut instantanément, chose étrange et embarrassante, une œuvre détestée par la critique (et par de nombreux musiciens, y compris certains de ceux qui étaient directement impliqués) mais adorée par le public ». « Chet Baker Sings » a été son album le plus réussi. Il a été réédité plus de cinquante fois, dans presque tous les pays.
Chet Baker était entouré de Jimmy Bond ou Carson Smith ou Joe Mondragon à la contrebasse, Russ Freeman au piano et au célesta,  Peter Littman, ou Lawrence Marable, ou Bob Neel ou encore Shelly Manne à la batterie (Détails dans le livre).
Oui ce disque est un chef d’œuvre ».
Chet Baker fut un trompettiste Bebop de grand cru, à la hauteur des plus grands, puis il eut une deuxième période où le jeu se fit plus doux, plus profond, plus sensuel, voire vaporeux dans la chanson. C’est un murmure à l’oreille qui touche droit au cœur, qui bouleverse. Son phrasé vocal est tout à fait à l’image du phrasé à la trompette, ils sont dans un continuum émotionnel.
20 des plus grands standards du jazz composent ce CD, dont « My Funny Valentine » qui était son morceau phare, sur lequel il y fait sentir tous les mystères de l’amour. Un objet et un cadeau exceptionnels.
Barney WILEN – French Ballads (Elemental Music www.elemental-music.com)
Barrney Wilen, saxophoniste, est né à Nice en 1937 où il étudia le saxophone dès 1946. Après avoir joué dans un orchestre familial il monte à Paris en 1953. Il gagne un concours, joue au Tabou, et ce sera la gloire : il va jouer avec tout le gratin du jazz, dont Miles Davis pour le film de Louis Malle « Ascenseur pour l’échafaud ».
En 1987 Barney Wilen réunit Michel Graillier au piano, Ricardo del Fra à la contrebasse et Sangoma Everett à la batterie pour enregistrer ces French Ballads, c’est à dire des grandes chansons françaises telles que par exemple « Sous le ciel de Paris – l’âme des poètes – Les feuilles mortes – Seule ce soir – La vie en rose – Le moulin de mon cœur – Syracuse … etc », soit 17 plages dont quatre bonus qui n’apparaissaient pas dans l’édition originale.
C’est une réédition somptueuse avec une sensationnelle photo de couverture.
Tout le groupe joue d’un lyrisme beau à pleurer d’émotion et de plaisir. Au charme de la musique s’ajoute la réminiscence des paroles que tout le monde connaît, du moins les plus de 30 ans !
Son phrasé se rapproche du chant. Il cisèle chaque syllabe, chaque note. Il brode des embellissements, avec une belle décontraction. Nous avons affaire à un grand classicisme, c’est dire que cette musique est intemporelle. Elle est aussi suave, aussi prenante en 2022 qu’en 1987. La rythmique colle à la peau du saxophone. Ce disque est un chef-d’œuvre, assurément. Et qui ne peut que plaire à tout amateur de musique.

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Electric Blue Cats – Live Session (Salakhaïli Music (www.salakhaïlimusic.com) 12 titres 
Electric Blue Cats fut d’abord un duo créé par Salah Khaïli à la batterie et aux machines et Christophe Taddéi à la guitare. Avec l’adjonction d’Emmanuel Sunee à la basse le duo se trouve boosté en trio, et là c’est une avance remarquable, grâce aux remarquables lignes de basse ; on s’en est aperçu dès le premier extrait Dark Floor. En gros on a affaire à du rock électrique mâtiné de funk, avec les gros boums sur chaque temps de la grosse caisse. Ça tourne bien, les gars connaissent leur affaire, certes la rythmique est assez lourde, mais c’est la loi du genre. Chose bizarre avec ce titre « Funky Mad Man », c’est le morceau le moins funk du CD. « Dark Floor » se promène agréablement au long de la guitare wawa. « African Rock » qui conclut le disque nous vaut une belle envolée du guitariste dans la tradition des grands guitaristes de rock. Ah ! si tous les morceaux étaient de ce tonneau… A suivre.
enregistré en mars 2021 au studio de la Seine.
LAÏUS – Prémices d’Avant-Midi (Cœur Musique (InOuies Distribution)
Luc Gaignard, alias LAÏUS, nom de scène étrange puisqu’il ne fait pas de laïus, qui, après une premier CD « Avant-Matin », revient avec un deuxième CD « Prémices d’Avant-Midi », preuve qu’il a de la suite dans les idées, et surtout qu’il veut construire une œuvre. Une voix virile et chaude, avec un charme certain et des inflexions, un phrasé, proches de Michel Berger ; d’ailleurs toute sa musique fait penser à ce dernier. Ce qui n’est pas un défaut. Les arrangements assurent un bon soutien à la voix y ajoutant les couleurs nécessaires.
Avec lui on est dans la « chanson française » pur jus, avec des textes bien écrits qui chantent l’espoir, l’amour déçu, le souvenir, soient les thèmes éternels, avec sa touche personnelle, faite de simplicité, d’engagement et de conviction. Un disque des plus agréable.
6 titres – Janvier 2022

Serge BAUDOT